sábado, 5 de septiembre de 2015

ELISABETH LOUISE VIGÉE LE BRUN 1755-1842


 Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, The Metropolitan Museum of Art et le Musée des Beaux-Arts du Canada. L’exposition sera présentée à New York du 8 février au 15 mai 2016 et à Ottawa du 10 juin au 12 septembre 2016. 23 septembre 2015 - 11 janvier 2016 Grand Palais Galeries Nationales entrée Clemenceau

Cette exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, The Metropolitan Museum of Art et le Musée des Beaux-Arts du Canada. L’exposition sera présentée à New York du 8 février au 15 mai 2016 et à Ottawa du 10 juin au 12 septembre 2016.
Cette première rétrospective consacrée à l’ensemble de l’œuvre d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun montre une artiste dont la vie s’étend du règne de Louis XV à celui de Louis-Philippe (l’une des périodes les plus mouvementées et orageuses de l’histoire européenne et surtout française des temps modernes).

Les autoportraits de Vigée Le Brun abondent : peintures, pastels et dessins associent élégamment grâce et fierté féminines. Alors que l’Ancien Régime et son institution des beaux-arts touchent à leur fin, elle supplante la plupart de ses concurrents portraitistes.
Vigée Le Brun utilise l’autoportrait pour affirmer son statut, diffuser son image et rappeler la mère qu’elle est parvenue à devenir malgré les servitudes d’une carrière. Son plus grand coup de force à cet égard est de présenter au Salon de 1787 deux peintures qu’on ne peut dissocier. D’un côté, le portrait de Marie-Antoinette entourée de ses enfants, en reine soucieuse de redresser son image de libertine dispendieuse ; de l’autre, le portrait d’une femme artiste serrant contre sa poitrine, avec une effusion raphaélesque, sa fille Julie. Ce dernier tableau, l’un des plus beaux et des plus populaires parmi les nombreuses œuvres du peintre que possède le Louvre, est resté l’emblème de la « tendresse maternelle » depuis sa première apparition publique. La culture des Lumières, rousseauisme oblige, impose à l’artiste d’endosser ce rôle ; ce qu’elle fait de gaieté de cœur et avec un succès retentissant. En contrepoint elle peint le portrait d’Hubert Robert. Ces tableaux, véritables icônes du bonheur de vivre et du génie créateur, se parlent, se répondent et se complètent.


Plus notable encore est sa volonté de triompher des obstacles qui entravent ses ambitions professionnelles. Née à Paris en 1755 dans un milieu relativement modeste, sa mère est coiffeuse et son père portraitiste de talent. Il meurt alors qu’elle est à peine adolescente. S’inspirant de son exemple, à dix-neuf ans la jeune virtuose est reçue maître peintre au sein de l’Académie de Saint-Luc. Son mariage en 1776 avec le marchand d’art le plus important de sa génération, Jean-Baptiste Pierre Le Brun (1748-1813), l’empêche d’être admise à l’Académie royale de peinture et de sculpture, dont le règlement interdit formellement tout contact avec les professions mercantiles. Toutefois cette union a des effets bénéfiques sur sa carrière. Alors que le prix des tableaux flamands flambe, elle apprend à maîtriser la magie des couleurs et la belle facture d’un Rubens et d’un Van Dyck. Dès 1777 la clientèle essentiellement bourgeoise s’élargit à la grande aristocratie, aux princes de sang et enfin à la reine Marie-Antoinette. Il faut cependant l’intervention de Louis XVI en 1783 pour que la portraitiste de sa royale épouse puisse rejoindre l’Académie royale de peinture à l’issue d’une polémique. Depuis la fondation de l’Académie royale en 1648, sous la Régence d’Anne d’Autriche, les femmes artistes ne sont reçues qu’en nombre très restreint. Non autorisées à dessiner d’après des modèles nus masculins, elles sont écartées du grand genre, la peinture d’histoire, qui nécessite une parfaite compréhension de l’anatomie et l’assimilation des codes gestuels. Vigée Le Brun se limite donc aux portraits, malgré quelques  très belles incursions dans la peinture d’histoire et les scènes de genre. Sa volonté d’outrepasser les contraintes imposées aux femmes artistes lui permet de développer une technique et des critères esthétiques très personnels. Elle maîtrise la science des couleurs et invente toute une gamme de poses et de costumes qui lui permettent d’apporter une grande variété à ses portraits et à ses improvisations.


Cette exposition révèle l’ambition de l’artiste, loin de la condescendance de ses premiers biographes et de certains historiens qui ont pu nuire à la compréhension des différents enjeux de ce prodigieux destin et de cette carrière longue et nomade. Pendant la Révolution, l’Émigration, le Consulat et l’Empire, elle vit et travaille en Italie, en Autriche, en Russie, en Angleterre et en Suisse. Elle y ouvre un dialogue très particulier avec les maîtres anciens et entre en compétition avec ses contemporains, souvent à son avantage. Genre mineur aux yeux de l’Académie, le portrait sera le genre majeur d’une nouvelle France en ébullition où le « moi social » prend souvent le dessus sur le « moi profond ».
On ne peut réduire l’art de Vigée Le Brun à ses séductions les plus apparentes ni aux vertus du « beau sexe » : ses portraits d’hommes ont une très grande force de caractère, tel le portrait d’Hubert Robert. À rebours de l’histoire de l’art d’obédience féministe, qui préfère diagnostiquer en Vigée Le Brun une double victime de sa condition de femme et d’épouse, cette exposition met en relief les raisons d’un succès durable à travers une sucession de salles thématiques : le coup de force académique ; la formation artisanale mais solide ; le défi versaillais ; la stratégie du Salon au cours des années 1780 en les mettant en contexte ; les étapes de son long exil ; ses cercles de sociabilité ; et son retour en France. Approche nécessairement chronologique et thématique, le parcours se permet quelques entorses et ose des séquences transversales : la famille et les amitiés ; les portraits d’artistes et de la scène théâtrale ; la symbolisation du pouvoir politique; la déclinaison des schèmes empruntés à Raphaël, Titien, Dominiquin, Rubens, Van Dyck et même à son contemporain Greuze ; sa pratique de l’allégorie mythologique ou encore du portrait travesti. Femme exceptionnelle, sans doute, cheminement opiniâtre, plus encore, Vigée Le Brun a su faire de ses pinceaux une arme autant qu’un charme. Ce premier hommage de la France à Vigée Le Brun réunit plus de 150 œuvres, techniques et supports confondus, dont certaines sont exposées pour la première fois. Elles proviennent de prestigieux établissements –dont la Galerie des Offices à Florence, le musée du Louvre, le château de Versailles, le Musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg, le Metropolitan Museum of Art de New York ou encore le Kunsthistorisches Museum de Vienne– et de nombreuses collections particulières.


commissaires : Joseph Baillio, historien de l’art, Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine, directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre scénographie : Loretta Gaïtis

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