Le bâtiment, situé non loin
de la Fondation Louis Vuitton, dans le bois de Boulogne, était fermé depuis
douze ans.
Par Jean-Jacques
Larrochelle et Nicole Vulser
L’annonce a été officielle
mercredi 8 mars en début d’après-midi. L’ancien Musée des arts et traditions
populaires (ATP), situé en lisière du bois de Boulogne à Paris, fermé au public
depuis douze ans, va être transformé par Bernard Arnault, PDG de LVMH, en un
centre culturel autour des métiers d’artisanat d’art. Baptisé « Maison LVMH -
Arts -Talents Patrimoine », celui-ci devrait ouvrir en 2020.
Pour célébrer le renouveau
de ce musée, François Hollande était accompagné de la maire de Paris, Anne
Hidalgo, du PDG du principal groupe de luxe mondial, de la ministre de la
culture et de la communication Audrey Azoulay, de la ministre de
l’environnement Ségolène Royal mais aussi de l’architecte Frank Gehry, chargé
de la rénovation de ce bâtiment. Thomas Dubuisson, petit-fils de l’architecte
Jean Dubuisson (1914-2011), qui avait initialement dessiné ce musée – en
collaboration avec Michel Jausserand et Olivier Vaudou –, faisait également
partie des invités d’honneur.
Le Musée des ATP, conçu par
l’un des inventeurs du concept de musée ethnographique, Georges-Henri Rivière,
se situe à quelques centaines de mètres de la Fondation Louis Vuitton. Une
manière pour Bernard Arnault d’étendre géographiquement son empire.
Aujourd’hui, le plus
important des deux bâtiments de ce musée construit en 1972, un monolithe aux
lignes épurées et radicales de huit étages – l’antithèse même de l’architecture
de Gehry pour la Fondation Louis Vuitton –, est en partie caché par des
palissades. Pour mieux le contraindre à l’oubli, sans doute, depuis que toutes
ses collections (plus de 250 000 objets) ont été envoyées au MuCEM de
Marseille. Les 200 000 visiteurs que comptaient les ATP dans les années 1970
avaient progressivement fondu, pour atteindre 20 000 la dernière année
d’ouverture au public – d’où sa fermeture, au printemps 2005.
Site classé
Les collections de ce musée
d’ethnologie, qui donnaient à voir la société française rurale et artisanale du
XIXe siècle jusqu’en 1960, n’attiraient plus les foules. La forge du Queyras,
la ferme de Basse-Bretagne et tous les ensembles d’objets présentés dans des
vitrines, comme des « unités écologiques » captées dans leur contexte,
semblèrent rapidement datés. Faute de crédits ou de volonté, les ATP n’ont pas
su se renouveler. La Cour des comptes a eu beau jeu de critiquer le ministère
de la culture, qui a conservé une centaine d’employés « dont les activités
étaient des plus réduites » après la fermeture, et ce jusqu’en 2011.
Sans lui donner de
perspectives, l’Etat a tout simplement abandonné ce musée. Le Centre national
du cinéma n’a pas souhaité y aller. Le bâtiment, l’un des plus représentatifs
des « trente glorieuses », tombe aujourd’hui en ruine. La Ville de Paris en
avait concédé l’usage à l’Etat par une convention signée pour trente ans en
1954, renouvelée une fois jusqu’en 2014. Pendant des années, le montant des
travaux nécessaires pour que le ministère restitue les lieux à la Ville « en
bon état d’entretien » a suscité de violentes frictions.
La Ville estimait la
facture à 15 millions d’euros, le ministère se contentait de 3,8 millions. La
poire a finalement été coupée en deux, et la Rue de Valois a accepté de
débourser 10 millions d’euros pour les travaux de première urgence, dont un
nécessaire désamiantage, avant de rendre le musée à la Ville de Paris……
En savoir plus sur
http://www.lemonde.fr/architecture/article/2017/03/08/lvmh-va-transformer-le-musee-des-arts-et-traditions-populaires_5091031_1809550.html#Sy7PoliQa9DJ0Gcu.99
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