Par Gérald Cordonier
«Le Manoir a changé, mais
l’esprit Chaplin est resté. C’est ce que je trouve formidable avec ce projet.»
Eugène, huitième des onze enfants de Charlie Chaplin (1889-1977), était face à
la presse à Corsier-sur-Vevey, samedi matin, pour le lever de rideau de
Chaplin’s World, l’unique musée dédié à son père, génial clown et réalisateur
qui a marqué l’histoire du cinéma. Et aurait eu 127 ans le 16 avril.
A ses côtés sur le devant
de la scène, son aîné Michael, sa petite sœur Annie, discrète au milieu des
invités, et, bien entendu, les concepteurs du nouveau site touristique: le
muséographe Yves Durand, l’architecte Philippe Meylan ou encore les dirigeants
de la Compagnie des Alpes et de Grévin International, exploitants du lieu. Le
conseiller fédéral annoncé, Guy Parmelin, n’a pas honoré de sa présence
l’inauguration, mais les conseillers d’états vaudois Philippe Leuba et Anne-Catherine
Lyon étaient, par contre, de la partie.
Des people pour une party
«glamour»
«C’est en mouvement et
c’est très beau», a remarqué quant à lui Michael Chaplin, relevant «son très
grand plaisir de voir ce projet long à se réaliser» et qui s’est retrouvé
«plusieurs fois au bord de la falaise». «Notre famille est honorée d’avoir
participé à l’évolution d’un projet muséal d’une dimension qu’aucun d’entre
nous n’aurait osé imaginer.» Pour marquer le coup et participer à la party
«glamour» organisée samedi soir, une vingtaine de descendants du réalisateur
(des petits-enfants, surtout, et quelques people – le transformiste Arturo
Brachetti, la comédienne Claire Bloom, le parolier Luc Plamondon, le chanteur
Bastian Baker) ont rallié le Manoir de Ban.
Plus tôt, l’ouverture des
portes – qui s’est réalisée dans une ambiance un peu chaotique avec une agence
événementielle surtout soucieuse du confort de ses invités officiels, dont de
nombreux élus politiques locaux – a attiré près de 140 médias du monde entier. Des
journalistes venus découvrir, en primeur, le réaménagement du Manoir, où
Charlie Chaplin passa les 25 dernières années de sa vie, ainsi que l’exposition
imaginée. Yves Durand et Philippe Meylan, les deux initiateurs, n’ont pas
manqué de rappeler le chemin de croix que fut la réalisation du site: «Entre
mises à l’enquête et recherches de fonds, seize années ont été nécessaires pour
faire aboutir ce rêve. Chaplin faisait rire tous les publics, les personnes
simples comme les intellectuels. On le dit sans prétention, on s’adresse à la
planète.» A terme, Chaplin’s World – qui a coûté plus de 60 millions de francs
– vise une fréquentation de 300 000 visiteurs par
année. Hier, ils étaient, d’ailleurs, déjà 1500, dont un tiers
venus de l’étranger, à fouler pour la première fois les pas de Chaplin à Corsier.
La vie et l’œuvre
Chaplin’s World présente la
vie et l’œuvre du créateur de Charlot. Sa vie au Manoir de Ban, l’étape
clairement la plus émouvante. Son œuvre dans le Studio, un nouveau bâtiment qui
propose une véritable plongée divertissante dans les films du vagabond à la
canne et au chapeau melon.
Dans son ensemble, le musée
se veut résolument grand public, sans trahir l’homme et l’artiste. Extraits de
films iconiques, tendres images de familles ou documents d’archives égrènent le
parcours, entre humour, intimité et surprises. Le visiteur se retrouve
littéralement plongé dans les décors ainsi que les ambiances des films et de la
vie du célèbre acteur et réalisateur. Plusieurs plateaux se suivent: une rue
pauvre de Londres, où Charles Spencer Chaplin est né, le monde du cirque, qui
l’a beaucoup inspiré, ou encore le salon du barbier juif du Dictateur. La jeune
fleuriste des Lumières de la ville apparaît au détour d’une rue, en statue de
cire, comme d’autres personnages de ses films ou célébrités. Pour donner un
supplément d’âme aux espaces présentés, 36 figures sont en effet disséminées
sur les 1850 m2.
La visite propose également
quelques animations. Il est ainsi possible de faire se balancer la cabane de la
Ruée vers l’or ou de sonoriser un extrait de film muet à l’aide d’un
photoplayer, invention du début du XXe siècle. «La dimension immersive et
interactive du musée fonctionne bien. Il y a beaucoup de petits mystères, de
choses à résoudre, a constaté Frédéric Maire, le directeur de la Cinémathèque
suisse présent samedi. Celui qui ne connaît pas Charlie Chaplin va apprendre et
découvrir énormément de choses. Il est aussi possible de voir les costumes
originaux, la vraie canne et le vrai chapeau de Charlot, son oscar, ses prix:
c’est assez émouvant.» (24 heures)
https://youtu.be/FUO2HOyYMaI
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