Coincées entre les grands
groupes de luxe et les marques grand public, ces gloires passées de la mode
française affrontent une concurrence accrue.
Par Caroline Rousseau
Les fastes de la fashion
week parisienne, qui s’est achevée mardi 7 mars, ou la santé insolente des
Chanel, Dior, Vuitton, Saint Laurent ou Hermès ne peuvent occulter les
difficultés rencontrées par d’autres noms illustres de la mode française.
Lanvin a ainsi du mal à sortir d’une crise structurelle et existentielle qui
semble lui briser les ailes. En janvier, l’agence Reuters révélait des
résultats inquiétants pour la plus ancienne maison de couture parisienne encore
en activité : les ventes auraient chuté de 20 % en 2016 pour passer sous la
barre des 170 millions d’euros et les pertes atteindraient 10 millions…
La marque, qui appartient
depuis 2001 à la femme d’affaires taïwanaise Shaw-Lan Wang (25 % du capital est
aussi détenu par l’entrepreneur suisse Ralph Bartel), a refusé de commenter ces
informations. Sa direction se fait plutôt discrète depuis le retentissant
départ de son directeur artistique star, Alber Elbaz, en 2015.
A l’époque, l’affaire avait
fait coulé beaucoup d’encre, tant les conditions de la séparation avaient été
brutales. Artisan du succès international de la maison, Alber Elbaz a œuvré
pendant quatorze ans à faire de Lanvin l’un des plus beaux noms de la scène
mode mondiale, identifiable entre tous grâce à ses volants, ses couleurs, ses gros
bijoux (créés par Elie Top), ses ballerines, ses bords francs effilochés, ses
robes du soir de guerrières urbaines ou son vestiaire masculin infusé de
streetwear (dessiné par Lucas Ossendrijver). Ses créations ont permis à la
maison de renouer avec l’équilibre en 2007, puis de connaître une période faste
jusqu’à son apogée en 2012. Cette année-là, la marque fêtait somptueusement
dans une ambiance bon enfant les dix ans d’Alber Elbaz à la tête de la
création. Le chiffre d’affaires atteignait 235 millions d’euros et la griffe
surfait sur la grande vague du glamour cool.
Trahison
Mais le charme qui opérait
entre le créateur adulé et la femme d’affaires s’est rompu. Conscient du
ralentissement de l’activité, Alber Elbaz a alors tenté d’alerter Mme Wang et
sa directrice générale déléguée, Michèle Huiban. Sans réponse, il aurait décidé
de chercher lui-même de nouveaux investisseurs. Initiative vécue comme une
trahison par la propriétaire qui mit, en octobre 2015, un terme au contrat qui
les unissait, poussant quelque 300 salariés dans la rue du
Faubourg-Saint-Honoré et incitant même l’ancien ministre de la culture Jack
Lang à écrire une lettre de soutien au directeur...
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