jueves, 6 de julio de 2017

L'HOMMAGE D'ANNE SINCLAIR À SIMONE VEIL AVANT LA CÉRÉMONIE D'OBSÈQUES OFFICIELLES

La France vit en ce moment à deux vitesses. Avec un présent, envahissant, comme en accéléré. Un bouleversement de la vie publique qui n'en finit pas de rebondir.Et puis, ce mercredi, la France fera une pause dans cette effervescence politique, pour communier autour d'une image fédératrice, celle d'une grande dame, devenue icône nationale tout en n'ayant jamais eu conscience de l'être ou la prétention de le devenir.


FP
Simone Veil, photographiée ici le 26 octobre 2007, est décédée le 30 juin 2017 à l'âge de 89 ans.

La France vit en ce moment à deux vitesses. Avec un présent, envahissant, comme en accéléré. Un bouleversement de la vie publique qui n'en finit pas de rebondir.
Et puis, ce mercredi, la France fera une pause dans cette effervescence politique, pour communier autour d'une image fédératrice, celle d'une grande dame, devenue icône nationale tout en n'ayant jamais eu conscience de l'être ou la prétention de le devenir.
Simone Veil, honorée par les plus hautes autorités dans la Cour des Invalides. Simone Veil, pleurée depuis vendredi dernier par les Français qui l'ont aimée.
Un pays a besoin de symboles, ce que le président de la République a compris. Il a besoin de héros, et Simone Veil en était.
Ceux qui ne l'aimaient pas n'ont même pas osé le dire, tant ils auraient été à contre-courant de l'émotion collective.
Nous n'en avons plus tant. Elle était sans doute une des dernières. Ceux qui ne l'aimaient pas n'ont même pas osé le dire, tant ils auraient été à contre-courant de l'émotion collective. L'unanimité nationale qui se forge parfois -de plus en plus rarement- dans les épreuves, a pris cette fois le visage d'une femme magnifique qui aura marqué la France du XXème siècle.
La cérémonie de ce 5 juillet aux Invalides, dans cette cour réservée aux deuils nationaux, sera écrasée de soleil sous le dôme majestueux qui la domine. On va y entendre la sonnerie aux morts, qui donne le frisson aux vivants, la Marseillaise qui salue les grandes pages de l'histoire, peut-être la marche funèbre, ce troisième mouvement de la sonate n°2 de Chopin pour honorer la mélomane, ou l'hymne européen, pour saluer la messagère inlassable de la concorde et de la paix sur un continent dont elle connut les ravages et les tragédies.
Simone Veil, cette fausse et incandescente modérée, qui ne fut pas de gauche, qui n'aima pas toute la droite, qui leur tint tête tour à tour.
Mais depuis vendredi, je cherche ce qui, à travers les mille vies de Simone Veil, restera pour les enfants du XXIème siècle.
Sa vie de douleur, la plus atroce qui puisse être infligée à un être humain, éprouvée à l'âge du bac et des amours, dans la nuit totale d'Auschwitz?
Sa vie de bonheur à fonder avec Antoine son mari, un clan, une famille soudée tout en bataillant pour l'autonomie des femmes par l'exercice d'un métier qui les rende plus fortes?
Sa vie de conquête pour offrir à ses sœurs les femmes, la maîtrise de leur corps et de leur maternité?
Sa vie de soldat, non pas pour défendre une union de l'Europe économique et somme toute secondaire, mais pour fortifier le bien le plus précieux légué par les pionniers comme elle de la réconciliation franco-allemande?
Sa vie de mémoire, pour que nul n'oublie ni la Shoah, ni les massacres, ni les génocides de la planète qui perdurent, pour qu'on ne se réfugie pas dans l'ignorance confortable de ceux qui ne font rien?
Sa vie enfin de cohérence, mais non pas de mesure pour cette fausse et incandescente modérée, qui ne fut pas de gauche, qui n'aima pas toute la droite, qui leur tint tête tour à tour, et qui convient si bien à un président qui fait du dépassement des clivages sa philosophie du pouvoir?
L'énergie, la vivacité, l'ardeur enthousiaste et combative de son tempérament, la gaieté de son caractère.
Toutes les vies de Simone Veil méritent d'être applaudies, et l'hommage que lui rendra aujourd'hui le président couvrira bien entendu tous ces chapitres. Il en est un autre que ses amis, ses proches, malheureux de la voir s'en aller, mais fiers de l'avoir côtoyée et pleins de son souvenir, auront en tête dans cette cour solennelle: l'énergie, la vivacité, l'ardeur enthousiaste et combative de son tempérament, la gaieté de son caractère. Une façon bien à elle de célébrer tout simplement la vie elle-même. Merci Simone.


http://www.huffingtonpost.fr/anne-sinclair/toutes-les-vies-de-simone-veil-entrent-dans-histoire_a_23015871/?utm_hp_ref=fr-homepage

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