viernes, 1 de septiembre de 2017

EXPOSITION À LA FONDATION CARTIER : «AUTOPHOTO», MON AMOUR

Olivier Corsan


Jacques Henri Lartigue, Une Delage au Grand Prix de l’Automobile Club de France, circuit de Dieppe, 26 juin 1912.MINISTÈRE DE LA CULTURE – FRANCE/AAJHL

La Fondation Cartier expose, tout l'été à Paris, 500 clichés de voitures signés des plus grands photographes. L'histoire d'un siècle à quatre roues...

Un bolide du siècle dernier, une Delage plus précisément, sort du cadre de la photo à toute allure sur le circuit de Dieppe, le 26 juin 1912. Au Grand Prix de l'Automobile Club de France, sa roue arrière droite est déformée par la vitesse. Comment peut-on rouler aussi vite avec une roue ovale ?

Quand la magie de l'accident photographique se produit, tout est possible. L'image de Jacques Henri Lartigue est devenue iconique. Elle ouvre l'exposition «Autophoto» à la Fondation Cartier, à Paris (XIVe). 500 autres oeuvres l'accompagnent, puisées dans une base de données de plus de 9 000 images constituée avec patience et passion par deux amoureux de l'auto et de la photo, le journaliste Philippe Séclier et l'éditeur Xavier Barral. Robert Doisneau, Raymond Depardon, Martin Parr, Stephen Shore, Walker Evans, Eve Arnold, Larry Clark, William Eggleston... 102 grands noms de la photographie sont à l'affiche.


 - PHOTO/ ANDREW BUSH, COURTESY M+B GALLERY, LOS ANGELES

Objet de désir et d'ego
Dès la première salle, les images des pionniers de la photo imposent au public l'évidence de ce rapprochement entre ces deux inventions. Auto et photo se tutoient depuis leurs premiers jours. Elles ont, chacune, compressé notre espace-temps. Pendant que l'automobile a raccourci les distances, la photographie a permis au passé d'être présent aujourd'hui. «Ce sont les voitures qui datent les photos», résume l'Américain Stephen Shore. Avec son pare-brise qui projette l'homme en mouvement vers l'avant et ses rétroviseurs qui lui rappellent ce qu'il vient de quitter, l'automobile est bien l'une des plus belles métaphores de la photographie.


PHOTO/ LEE FRIEDLANDER, COURTESY FRAENKEL GALLERY, SAN FRANCISCO
Obsédé par Jack Kerouac, l'écrivain voyageur, le Japonais Daido Moriyama, qui n'a pas de permis, a pris la route et transformé son véhicule avec chauffeur en boîte photographique ambulante, s'appuyant sur les vitres baissées ouvertes sur le monde pour mieux le cadrer. Pas de voitures sans routes. Pas de routes sans paysages. Pas de paysages sans photos. Les paysages ne sont pas sortis indemnes du siècle de l'auto. Colonisés comme sur les photos américaines d'Alex MacLean, transfigurés comme ceux de l'Italie, près de Naples, captés par Sue Barr.


  PHOTO/DR. Portraits réalisés en studio, Chine, vers 1950, collectés par Thomas Sauvin.
Objet de désir et d'ego, l'automobile, comme la photo, est faite pour la mise en scène. Les portraits des studios chinois prouvent qu'en 1950 le peuple de Mao s'est rendu à bicyclette poser fièrement au volant de voitures en carton. Dans les albums des Trente Glorieuses posent des couples fiers de leur nouvelle auto bien plus que de leurs rutilantes machines à laver qui n'ont pas droit à tant d'honneur dans le panthéon familial, comme le rappelle la série d'images d'anonymes collectées par Patrick Tourneboeuf. Aux Emirats arabes unis, la jeunesse dorée s'affiche avec ostentation au côté de luxueuses voitures de sport dans un pays de routes de sable qui ne supportent que les 4 x 4.

Au sous-sol de la Fondation, le public est plongé dans l'intimité des entrailles de l'automobile. Chez Valérie Belin, les moteurs deviennent des coeurs. Ailleurs, ils sont des viscères. Ainsi immortalisées, les voitures ont un corps et bien souvent une âme pour leurs propriétaires, qui, comme le documente Martin Parr, cherchent souvent tout autour du monde une place, leur place... de stationnement. En marche ou en voiture ? Le temps d'une exposition, la photographie a ici pris son parti.
Pratique
Exposition «Autophoto», jusqu’au 24 septembre à la Fondation Cartier (Paris XIVe), tous les jours sauf lundi, de 11 heures à 20 heures (mardi 22 heures). De 7 à 12 €, gratuit pour les moins de 13 ans et le mercredi pour les moins de 18 ans.


http://www.leparisien.fr/culture-loisirs/exposition-a-la-fondation-cartier-autophoto-mon-amour-10-07-2017-7122348.php

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