miércoles, 27 de junio de 2018

FRANCE-ARGENTINE À LA COUPE DU MONDE: POURQUOI IL NE FAUT SURTOUT PAS PRENDRE L'ALBICELESTE À LA LÉGÈRE


Si les Argentins ont certes vécu une entrée en matière difficile dans le Mondial russe, ils n'en restent pas moins un véritable danger pour les Bleus.
Par Paul Guyonnet


AGUSTIN MARCARIAN / REUTERS
France-Argentine à la Coupe du monde: Pourquoi il ne faut surtout pas prendre l'Albiceleste à la légère.

FOOTBALL - Cette fois, les Bleus vont se retrouver dans le grand bain. Après un premier tour relativement paisible et conclu -sans la manière- avec un nul insipide contre le Danemark et deux victoires laborieuses face au Pérou et à l'Australie, l'équipe de France de football se prépare désormais à affronter l'Argentine, samedi 30 juin à Kazan, en huitième de finale de la Coupe du monde 2018.

Une confrontation à risque pour les hommes de Didier Deschamps, face à une équipe qui s'est extirpée miraculeusement de la phase de poule. En effet, sans un but aussi splendide qu'inattendu à la 86e minute de son troisième et dernier match du groupe D, l'Albiceleste aurait pris la porte de la compétition dès le premier tour, après notamment une déroute mémorable face à la Croatie (0-3).

Et pourtant, les Bleus seraient bien mal avisés de prendre de haut l'Argentine, sa riche histoire, son passé victorieux et son effectif plein de ressources. La preuve...

Historiquement, l'Argentine prévaut

Cela faisait quarante ans et le Mundial 1978 qu'il n'y avait plus eu de France-Argentine en Coupe du monde. À l'époque, les Argentins qui évoluaient à domicile avaient écarté les Bleus (2-1) avant de poursuivre leur campagne jusqu'au titre suprême, le premier de leur histoire. À la suite de cette opposition, les Français avaient, eux, pris la porte du tournoi dès leur second match de la phase de poules.

La seule autre rencontre entre les deux pays dans la plus prestigieuse des compétitions de football, lors de la toute première édition de la Coupe du monde, en 1930, ne laisse guère de meilleurs souvenirs à l'équipe de France. Pour le premier match de l'histoire des Bleus dans un Mondial, les Argentins s'étaient imposés (1-0), éliminant les Français pour filer quelques matches plus tard jusqu'en finale. Et oui, après chaque France-Argentine en Coupe du monde, les Français ont été sortis et l'Albiceleste a terminé en finale du Mondial, rien que ça.

Plus récemment que ces antiques confrontations en compétition officielle, les derniers affrontements amicaux entre Français et Argentins donnent une bonne idée du péril encouru par les hommes de Didier Deschamps. En 2007, tout d'abord, sur la pelouse du Stade de France, les tricolores avaient été vaincus (0-1) par un adversaire peu spectaculaire mais capable de confisquer le ballon jusqu'à ce qu'un éclair ne déchire la nuit. En l'occurrence, c'est l'ancien Monégasque Javier Saviola qui avait profité de l'une des très rares offensives du match pour scorer dans le premier quart d'heure, avant que les siens ne préservent le score.

En 2009, dernier match en date entre les deux nations, la leçon avait été encore plus magistrale. Sur la pelouse du Stade Vélodrome, à Marseille, les Argentins alors entraînés par un certain Diego Maradona avaient fait la démonstration de ce qu'est le réalisme en football. Dans un match terne et encore une fois contrôlé défensivement par les Sud-Américains, deux temps forts avaient suffi à l'Argentine pour l'emporter, sur une frappe de Jonás Gutiérrez puis une percée fulgurante de Lionel Messi. En clair, si l'on se réfère au passé plus ou moins récent, les Français devront être sur leurs gardes et déjouer l'Histoire.

Une équipe toujours au rendez-vous

Et il n'y a pas que la grande Histoire qui doit faire peur aux Bleus, car sur les dernières années aussi, les Argentins accomplissent des prouesses. Alors certes, ils n'ont plus remporté de trophée mondial ou continental depuis 1993, mais ce n'est pas pour autant que le football argentin est sur le déclin. En effet, l'Albiceleste reste sur trois finales au cours des trois dernières compétitions majeures qu'elle a disputées.

Elle était notamment de la dernière finale de Coupe du monde, en 2014 au Brésil, un match perdu en prolongations face à une redoutable équipe d'Allemagne. Après un premier tour maîtrisé, les Argentins avaient réussi à se hisser jusqu'au dernier match de la compétition à la hargne, en remportant des victoires étriquées. 1-0 en prolongations contre la Suisse en huitième, le même score en quart face à une Belgique pourtant extrêmement bien pourvue, un succès aux tirs-au-but contre les Pays-Bas en demi-finale après un match nul et vierge. Bref, un parcours de bagarreurs, de costauds, mus par une défense infranchissable.

Une habitude de la victoire cultivée également sur la scène continentale, où la sélection au maillot bleu et blanc fait figure de poids lourd incontournable. Sur les cinq dernières éditions de la Copa América, l'équivalent sud-américain de l'Euro, l'Argentine s'est retrouvée quatre fois en finale, en particulier lors des deux dernières éditions, en 2015 et en 2016. Les deux fois, au bout, une défaite rageante aux tirs-au-but après un nul sans but contre le Chili. Pas de trophée donc, mais une présence régulière au plus haut niveau, qui confirme que le 30 juin à Kazan, les Bleus feront face à un adversaire parfois dans le doute, mais à la régularité remarquable.

Un potentiel offensif inégalé

Mais trêve de regards en arrière. Car ce ne sont pas les sélections du passé que les Bleus retrouveront sur la pelouse russe, mais bien le onze que composera Jorge Sampaoli... et même un peu plus que ça. Car oui, la sélection argentine a connu un début de Mondial difficile, mais elle dispose toutefois d'un réservoir de talents impressionnant, dont certains sur le banc de touche et qui ne demandent qu'à pouvoir s'exprimer.

Avec une ligne d'attaque potentiellement composée de l'un des meilleurs joueurs de tous les temps, Lionel Messi, et de trois des attaquants les plus létaux du football mondial (Paulo Dybala, Gonzalo Higuain et Sergio 'Kun' Agüreo), le potentiel offensif de l'Albiceleste est peut-être le plus terrifiant de la compétition. Et il y a fort à parier que de tels joueurs se transcendent lors du match à élimination direct qui se profile contre les Bleus, certains probablement en entrant en jeu pour donner un second souffle à leur équipe.

Privé de temps de jeu depuis le début de la compétition, Paulo Dybala est un tireur de coups-francs absolument génial à qui une occasion infime pourrait permettre de faire la différence. Gonzalo Higuain, né en France et qui aurait pu porter la tunique frappé du coq s'il l'avait souhaité, a lui maintes fois fait montre de sa capacité à faire la différence dans les instants clés avec son club de la Juventus Turin. Quant à Agüero et Messi, leurs statistiques au plus haut niveau sont éloquentes. Et on peut même parier qu'un possible quart de finale face au Portugal de son rival éternel Cristiano Ronaldo motivera encore un peu plus "la Pulga". Les Bleus sont prévenus: il ne faudra pas laisser le moindre espace aux Argentins.

Un premier tour autrement relevé

C'est une rengaine qui ne cesse de revenir depuis que la perspective d'une opposition entre les deux pays a commencé à se dessiner: l'Argentine a subi une lourde défaite contre la Croatie quand les Bleus commençaient par deux victoires, la tendre défense sud-américaine semble à la portée des flèches tricolores, et les Bleus, sur la lancée de leur premier tour, seraient favoris de la confrontation.

Mais attention aux raccourcis tout de même. Car si la France est sortie invaincue du groupe C, les Argentins faisaient, eux, face à une poule D bien plus relevée. Quand la France jouait un Pérou absent de la Coupe du monde depuis 36 ans, une Australie sans aucun fait d'armes sur la scène mondiale et un Danemark bien heureux d'assurer une place en huitièmes de finale, l'Albiceleste se coltinait des poids lourds.

Lors de leur défaite, les Argentins n'ont effectivement pu que constater que la Croatie est désormais une place forte du football mondial, avec des éléments habitués des joutes d'exception en club: Madzukic avec la Juventus, Modric qui a gagné quatre Ligues des Champions au Real, Rakitic qui est un cadre au Barça, Lovren tout juste finaliste de la C1 avec Liverpool, et les virevoltants Perisic, Rebic ou Kovacic devant, pour ne citer qu'eux.

Et les deux autres participants étaient loin d'être des hommes de paille, avec une Islande qui restait sur un quart de finale surprenant à l'Euro 2016 après avoir fait chuter l'Angleterre au tour précédent, et un Nigeria toujours aussi solide et parfaitement organisé sous la direction de son sélectionneur Gernot Rohr, bien connu de la Ligue 1. Alors oui, l'Argentine a concédé une défaite quand la France s'imposait lors de la seconde journée de la phase de poules, mais l'adversité à laquelle elle a dû faire face était autrement plus redoutable.

Reste maintenant à savoir si les nombreux observateurs qui assurent que les Bleus l'emporteront face aux Argentins auront raison. Quoi qu'il en soit, ce France-Argentine sera l'un des très beaux rendez-vous de ce début de Mondial, et l'équipe qui sortira victorieuse du duel pourra se targuer d'avoir accompli un exploit considérable.

https://www.huffingtonpost.fr/2018/06/26/france-argentine-a-la-coupe-du-monde-pourquoi-il-ne-faut-surtout-pas-prendre-lalbiceleste-a-la-legere_a_23468790/?utm_hp_ref=fr-homepage

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