domingo, 10 de marzo de 2019

TRUCS ET ASTUCES DE L’IMPOSSIBLE. PETITE HISTOIRE DES EFFETS SPÉCIAUX AU THÉÂTRE ET À L’OPÉRA DE L’ÉGYPTE ANTIQUE À FRANKENSTEIN


Une exploration historique des effets spéciaux à l’opéra dans le cadre de notre production de Frankenstein.
Des premiers spectacles en Égypte antique aux projections 3D en passant par le monde gréco-romain, l’époque médiévale, la Renaissance, le Baroque, le Classicisme, le Romantisme et la Modernité.
Des exemples issus de l’histoire de la Monnaie.
Un petit avant-goût des effets spéciaux de Frankenstein.

Évoquant l’hypocrisie des rapports humains, Blaise Pascal écrivait dans ses Pensées : « la vie humaine n’est qu’une illusion perpétuelle ». L’ambiguïté de notre nature où se côtoient les dichotomies les plus extrêmes touche de près notre relation avec l’art et la technologie. Dans leur interprétation moderne de Frankenstein, le roman de science-fiction de Mary Shelley, le compositeur Mark Grey et le metteur en scène Àlex Ollé s’attardent sur le fossé grandissant entre notre capacité en tant qu’espèce à innover et notre incapacité à comprendre. Mais plus qu’une simple thématique, la technologie est un outil majeur de cette production qui bénéficie de nombreux effets spéciaux.
Si, en termes de technologies scéniques, de nouvelles inventions apparaissent continuellement, un examen plus approfondi de ces innovations révèle qu’il s’agit le plus souvent de techniques préexistantes améliorées ou adaptées. Ainsi, pour mieux appréhender les effets spéciaux contemporains en général et ceux de Frankenstein en particulier, un petit retour en arrière s’impose…

L’ŒIL D’HORUS
Le peu d’informations à nous être parvenu sur les origines du théâtre et de son fonctionnement technique provient de décorations, de peintures murales, d’artéfacts et de hiéroglyphes remontant à l’Égypte ancienne.

La pratique du spectacle est un héritage de la tradition orale et des légendes, couplées aux rituels religieux. Peu à peu, ces derniers n’étaient plus seulement exécutés pour rendre hommage aux divinités de circonstance mais pour divertir les participants. On peut retracer certaines performances dès 2500 av. J.-C. aux festivals d’Abydos, le principal lieu de culte du dieu Osiris, où plusieurs clans se livraient à une sorte de compétition théâtrale honorifique dont un seul spectacle devait sortir vainqueur.

La transition entre cette forme rituelle hybride impliquant une participation massive et une véritable dramatisation n’est pas entièrement comprise. Néanmoins, progressivement, la caste presbytérale, les artistes de spectacle vivant et le public se sont différenciés pour donner naissance au théâtre.


DES GRECS AUX ROMAINS
En Europe, l’histoire de la technologie scénique remonte aux théâtres grecs du cinquième siècle av. J.-C. où les règles d’acoustique et de perspective étaient déjà appliquées avec beaucoup d’adresse. Plusieurs machines participaient à la création d’effets scénographiques essentiels aux tragédies de l’époque comme des décorations amovibles sur peaux tendues teintées ou sur des canevas en bois remplacés en fonction des besoins de la pièce pendant les intermissions. Durant cette période, les grecs ont inventé un système de changement de décors appelé périactes, des prismes triangulaires pivotants dont chaque face représentait un lieu différent et qui étaient placés sur les côtés de la scène. La façade arrière cachait également d’autres mécanismes tels que la mèchanè, une grue déjà employée de manière conventionnelle à l’époque d’Eschyle et d’Euripide pour faire apparaître un dieu (joué par un comédien ou représenté par une statue) afin de résoudre les complications de l’intrigue. Ce genre de manifestation divine programmée a finalement pris le nom de « deus ex machina ». Mentionnons encore l’ekkyklêma ou eccyclème, une plateforme roulante et pivotante située dans l’axe de la porte scénique centrale pour illustrer les combats aériens de héros ou quelque bataille navale.
La scène surélevée par rapport au niveau du sol constitue l’une des différences cruciales entre le théâtre romain et le théâtre grec, favorisant l’utilisation de trappes pour faire apparaître et disparaître des objets ou des personnages. Le fond de scène romain était constitué de décorations architecturales très ornementées et la plupart de effets scénographiques impliquaient de véritables lances, des torches, des chariots et même de vrais chevaux. Dans son ouvrage De architectura libri decem, Vitruve mentionne également des décors interchangeables sans en préciser le mode de fonctionnement.

THE MASTER OF SECRETS…
Au cours de l’époque médiévale européenne, une forme particulière de drames religieux détaillant certains passages du Nouveau Testament a permis à l’Église d’enseigner sa doctrine de façon dynamique à une population majoritairement analphabète. Ces spectacles, d’abord représentés à l’intérieur des églises, puis dans la rue, se déroulaient sur les « mansions », de petites structures scéniques où étaient dépeints les épisodes importants de la Bible. Situées aux deux extrémités de l’espace de jeu, les mansions du Paradis et de l’Enfer faisaient l’objet d’effets spéciaux très élaborés. Par exemple, le Paradis contenait souvent des sphères tournantes qui émettaient une lumière dorée grâce à des torches habilement dissimulées. L’entrée de l’Enfer, aussi appelée la gueule de l’Enfer, prenait le plus souvent la forme d’une tête monstrueuse par laquelle s’échappaient des jets de flammes, de la fumée ainsi que les cris des damnés.

Lors de processions plus tardives qui se sont ensuite cristallisées sous la forme des « mystères » du XVème siècle, des structures en formes d’arche remplies d’animaux étaient placées sur un lit d’eau afin de raconter l’histoire de Noé. Pour la légende de Jonas, il existait d’ingénieuses maquettes simulant une baleine qui pouvaient contenir le corps d’un acteur. Les saints, les monstres, les anges et les démons volaient au moyen d’un système de treuils et de poulies dont les mécanismes sont devenus incroyablement complexes au fil des siècles, nécessitant parfois les manœuvres d’une petite vingtaine de personnes. Enfin, pour accentuer l’horreur des scènes de bûcher, les mannequins figurant la victime étaient rembourrés avec des os et des entrailles afin d’émettre une odeur réaliste de corps en train de brûler. Pendant toute cette période, la personne  responsable des nombreuses machines et effets spéciaux utilisés pour les spectacles religieux se faisait généralement appeler le maitre des secrets……………………




LA FURA DELS BAUS À LA MONNAIE
Explorer les effets spéciaux au théâtre et à l’opéra ainsi que leur histoire nous fait prendre conscience de la dépendance technologique de l’art. La science nourrit la scène lyrique et permet aux artistes d’offrir leur vision lors d’expériences audiovisuelles toujours plus spectaculaires. Cependant l’opéra conserve une faculté unique, celle de pouvoir transcender l’ensemble de ces outils par l’émotion. Si nous rêvons toujours de monstres légendaires, de magie, de lunes et de poussière d’étoiles, la musique reste le plus sublime détour sur le chemin tortueux de notre imagination.




https://www.lamonnaie.be/fr/mmm-online/1269-trucs-et-astuces-de-l-impossible

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