miércoles, 16 de noviembre de 2022

GAD ELMALEH, LA FOI DU CHANSONNIER : L'ÉDITORIAL DE PAULINE SOMMELET

Par Pauline Sommelet


Gad Elmaleh au 31e Festival du film de Sarlat, le 8 novembre 2022 à Sarlat-la-Caneda.© Dominique Charriau/WireImage

Découvrez l'éditorial de Pauline Sommelet, chef de service magazine de Point de Vue, en date du 16 novembre 2022.

On l’a d’abord connu comique et comédien, irrésistible dans des sketches dont certains sont devenus culte, incontournable dans La Vérité si je mens ! 2, touchant dans Hors de prix, inattendu dans La Rafle. On l’a retrouvé ensuite en prince charmant plus vrai que nature au bras de Charlotte Casiraghi, premier rôle d’un coup de foudre monégasque qui fit de lui, à 42 ans, le père d’un arrière-petit-fils de Grace Kelly. Le voici aujourd’hui auteur, acteur et réalisateur d’un long-métrage singulier, récit audacieux et émouvant de son chemin de conversion au catholicisme. Son film s’appelle Reste un peu, cette phrase que ses parents lui répétaient toujours, avec une insistante douceur, quand il voulait partir de chez eux, mais qui résonne comme un écho à l’Évangile des Pèlerins d’Emmaüs ("Reste avec nous, Seigneur, car il se fait tard").

Lui, le petit juif séfarade qui n’avait pas le droit d’entrer dans les églises de Casablanca, y raconte sans fard son coup de foudre pour la Vierge Marie, ses questionnements permanents et profonds qui affleuraient déjà dans la plupart de ses spectacles, tant l’humour est souvent, chez ceux qui en font leur métier, une façon de colmater les failles les plus béantes de la vie. Il y met en scène, avec une pudeur et une sensibilité rares, des parents — qui jouent dans le film leur propre rôle — totalement démunis par ce qu’ils perçoivent comme un abandon, voire un reniement, alors qu’ils accueillent leur fils chez eux après un voyage aux États-Unis et découvrent par hasard une statuette de la vierge de Lourdes cachée dans sa valise.

En évoquant avec drôlerie une dimension aussi intime de son existence, Gad Elmaleh se dévoile, sans filtre et sans filet, comme rarement une personnalité du cinéma français a osé le faire. Il livre du même coup une bouleversante déclaration d’amour à sa famille, une exploration pleine de reconnaissance de ses racines juives et un plaidoyer pour la liberté de croire bien plus courageux qu’il n’y paraît. Quand le retour du fils prodigue se transforme en crise de foi(s), le rire et les larmes ne sont jamais loin.

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