domingo, 3 de noviembre de 2019

STÉPHANE BERN AU THÉÂTRE MONTPARNASSE: "C’ÉTAIT UN RÊVE DE REMONTER SUR SCÈNE"


Dans Vous n’aurez pas le dernier mot au Théâtre Montparnasse, Stéphane Bern revient sur les planches pour son premier seul-en-scène. Une pièce historique au ton décalé où il devient le porte-voix d’hommes et de femmes célèbres, au moment où ces illustres tirent leur révérence. Autant de passages vers l’au-delà profonds et drolatiques, au risque du mot de trop…

Depuis Numéro complémentaire en 2004-2005, vous n’êtes pas remonté sur scène. Qu’est-ce qui vous a séduit dans cette nouvelle pièce?

C’était un rêve de remonter sur scène, mais ce n’était pas une intention. J’avais reçu des dizaines de comédies, et Diane Ducret a su me toucher par son texte. Sans doute parce que j’aime les mots d’esprit, j’en ai d’ailleurs fait deux livres! Ces illustres personnages ont laissé des testaments remplis de grandes idées, mais leurs dernières paroles montrent toute leur humanité, leur vanité parfois. Il y a une vérité ultime, et souvent un panache à la française. C’est profond et touchant, généralement très drôle et jamais mortifère. J’ai, pour ma part, conscience d’être mortel. Cela ne me fait pas peur de parler de la fin. C’est dans l’ordre des choses, et cela rend plus humble de le savoir. On est aussi dans l’urgence de profiter de la vie! "Donne-toi du bon temps", écrit André Gide à François Mauriac au moment de mourir…


Stéphane Bern reprend la direction des planches au Théâtre Montparnasse. © Julio Piatti
Les derniers mots sont souvent cocasses!

Oscar Wilde, qui s’éteint dans une chambre d’hôtel miteuse, aurait dit: "Ou c’est ce papier peint qui disparaît, ou c’est moi!" Maria Callas s’exclame "Je ne me sens pas bien" et meurt l’instant d’après… La fin de Coco Chanel est aussi très étonnante! Maquillée, coiffée, habillée, elle s’allonge sur son lit, une douleur dans la poitrine. Puis elle dit à sa femme de chambre: "C’est comme cela que l’on meurt", avant d’entrer dans l’autre monde. Du style, jusqu’au dernier souffle! J’aime aussi beaucoup la répartie de Voltaire: "Je m’arrêterais de mourir s’il me venait un bon mot ou une bonne idée." Ou encore celle de Sacha Guitry qui demande à avoir des draps de lin, mais "de lin seul!" précise-t-il. Quel brillant trait d’esprit!

Est-ce une pièce à rebours d’une époque obsédée de jeunesse?
Nous sommes dans une société de l’immédiateté où l’on veut tout, tout de suite. Où un tweet de Trump devient un événement. Prenons le temps, au contraire. "Le vrai chef-d’œuvre, c’est de durer", résumait Metternich. J’aime les gens qui s’inscrivent dans la durée, qui creusent leur sillon. Il y a plus d’épaisseur. J’ai désormais trente ans de carrière, j’ai l’âge que j’ai et je l’assume très bien… Ce qui est intéressant en vieillissant, c’est de s’entourer de gens qui vous bousculent un peu. C’est le cas de Jérémie Lippmann, le metteur en scène, qui a collaboré avec JoeyStarr, M ou Olivia Ruiz. Et j’en suis ravi! J’avais l’impression de "m’institutionnaliser" avec la Mission Patrimoine, de devenir un monument. J’ai toujours aimé, en revanche, raconter l’Histoire avec un pas de côté, la rendre grand public et attractive. Il ne faut pas la "vulgariser" pour autant, mais être généreux, la faire vivre par des anecdotes, des passions humaines… Le savoir doit être comme une gourmandise que l’on partage


Sa plus belle rencontre? La plus impressionnante, c’est avec la reine Élisabeth! La première fois, c’était à Windsor pour prendre le thé au tout début des années 1990. En 1992, je l’ai rencontrée à Paris pour un entretien sur proposition du président François Mitterrand. Puis, en plus de la retrouver à des dîners d’État, j’ai eu la chance d’être décoré par Élisabeth II en personne. Un moment unique ! Elle est un mythe vivant. De surcroît, j’ai découvert que Sa Majesté a un humour ravageur, très pince-sans-rire. © Claire Morris Photography
Vous aimez toujours échapper aux cases!
Ne jamais être là où l’on vous attend: c’est une obsession chez moi. J’éprouve toujours la même tendresse pour les têtes couronnées. Je conserve mes fondamentaux, mais pourquoi se cantonner? C’est formidable ce que la vie vous apporte! Et cette variété vous donne, dans le même temps, une épaisseur. Une famille royale est plus amusée d’avoir affaire à quelqu’un qui a du répondant et fait mille choses, plutôt qu’à quelqu’un s’exprimant avec un sujet, un verbe, un "compliment". Je poursuis les Secrets d’Histoire sur France 3. J'ai aussi présenté, le 26 octobre dernier, une émission sur Les 130 ans de la tour Eiffel, et je commenterai l’Eurovision junior en novembre 2019. J’anime À la bonne heure sur RTL, je fais des master class en région, et je m’occupe de la Mission Patrimoine dont j’ai publié une sorte de bilan, mi-septembre, intitulé Sauvons notre patrimoine. À ce jour, nous avons déjà sauvegardé 140 monuments. Il y en aura 120 de plus l’année prochaine. Je travaille aussi sur des propositions concrètes pour transmettre, notamment, l’amour de notre patrimoine aux jeunes. Et en juillet prochain, je tournerai une nouvelle fiction pour France 3. Cela ressemble à une course perpétuelle, mais ça correspond à mon rythme. Chaque activité est une récréation de l’autre. Tout cela, en définitive, c’est encore une affaire de gourmandise!
Vous n’aurez pas le dernier mot, de Diane Ducret, avec Stéphane Bern, au Théâtre Montparnasse, depuis le 14 octobre 2019. 31, rue de la Gaîté, 75014 Paris.
www.theatremontparnasse.com/
Culture  Stéphane Bern  Théâtre

Par Marie-Émilie Fourneaux,
https://www.pointdevue.fr/personnalites/stephane-bern-au-theatre-montparnasse-cetait-un_12440.html?xtor=EPR-1-[]-[20191101]&utm_source=nlpdv&utm_medium=email&utm_campaign=20191101

No hay comentarios:

Publicar un comentario