viernes, 18 de julio de 2025

ARLES 2025, 57 ÉDITION: IMAGES DISSOBEDIENT, FESTIVAL INTERNATIONAL. LA PIERRE DE ROSETTE ET CHAMPOLLION

« Nos identités (...) ne sont pas enracinées dans un seul territoire. Ils s’étendent, se croisent, se déplacent et se recréent constamment.

Dans l’esprit de la pensée d’Édouard Glissant, qui prône l’entrelacement des cultures et la richesse des rencontres, cette nouvelle édition du festival propose l’exploration de l’image sous forme polyphonique. 

Ici, la photographie ne se limite pas à un regard exotisant : elle inscrit l’ailleurs dans une dynamique d’échange et de « traduction culturelle », prolongeant la réflexion de l’anthropologue Alban Bensa. La photographie est ainsi envisagée comme un instrument de résistance, de témoignage et de transformation sociale face aux crises contemporaines.

L’engagement est au rendez-vous de toute la programmation de cette 56e édition. De l’Australie au Brésil, en passant par l’Amérique du Nord et les Caraïbes, alors que le monde est secoué par la montée des nationalismes, du nihilisme et des crises environnementales, les perspectives photographiques présentées offrent un contrepoint crucial au discours dominant, célébrant la diversité des cultures, des sexes et des origines.

À travers un dialogue entre art contemporain et art émergent, photographie vernaculaire et modernisme, les expositions présentées dans le cadre de la Saison Brésil-France 2025 célèbrent la vigueur artistique de ce pays d’Amérique latine. 

Ancestral Futures propose une réflexion sur la mémoire et l’identité : à travers une réinterprétation d’archives visuelles, les artistes interrogent l’héritage colonial et les luttes des communautés afro-brésiliennes, autochtones et LGBTQIA+. 

À travers un regard critique, ils redéfinissent les représentations, ouvrent de nouvelles perspectives sur l’histoire et l’avenir, tandis que les débats sur la restitution du patrimoine et la réécriture des récits fondateurs s’intensifient. À Retratistas do Morro, la vie quotidienne de la communauté de la Serra à Belo Horizonte, la plus grande et la plus ancienne favela du Brésil, est révélée à travers une collection de 250 000 négatifs des photographes João Mendes et Afonso Pimenta. 

Cette dynamique est explorée plus en détail dans l’exposition consacrée à Claudia Andujar, dont l’activisme s’enracine dans les luttes des années 1960 et 1970, avant qu’elle ne consacre son travail au peuple autochtone Yanomami. De son côté, le Foto Cine Clube Bandeirante (FCCB), fondé à São Paulo en 1939, illustre une période charnière de la photographie moderniste brésilienne, influencée par l’art néo-concret, le cinéma novo et la bossa nova.

Un autre continent dévoile un panorama fascinant de sa création photographique, des œuvres d’artistes autochtones à sa scène artistique contemporaine. On Country : Photography from Australia explore la relation profonde et spirituelle que les peuples autochtones entretiennent avec leur terre, qui s’étend bien au-delà de la simple relation géographique. 

En transcendant l’histoire coloniale et la modernité, ce lien s’exprime à travers des œuvres dans lesquelles la photographie devient un outil de transmission et de résilience face aux perturbations climatiques et politiques qui menacent cet héritage culturel.

La question des territoires et de leurs transformations s’étend à d’autres zones géographiques. U.S. Route 1 revisite le projet inachevé de Berenice Abbott : Anna Fox et Karen Knorr explorent la route mythique entre le Maine et la Floride, exposant les fractures économiques, les crises migratoires et les tensions identitaires exacerbées par les récents troubles politiques.

Avec Raphaëlle Peria, lauréate du programme BMW Art Makers, la traversée d’une étenduese de territoire est évoquée à travers des souvenirs d’enfance, nous menant sur les rives du Canal du Midi.

L’exposition consacrée à l’œuvre fondatrice de Louis Stettner relie les continents américain et européen, explorant son rôle de pont entre la photographie de rue américaine et la vision humaniste française. À travers 150 images et des documents inédits, son engagement social et politique et la diversité de ses expérimentations artistiques se dévoilent sous un angle nouveau. Ses images transmettent une profonde sensibilité aux réalités sociales, une approche que l’on retrouve également dans le travail de Letizia Battaglia. 

L’artiste italien a capturé la violence de la mafia sicilienne avec une intensité inégalée, tout en magnifiant la beauté et la vitalité de Palerme. Son travail résonne face aux menaces croissantes qui pèsent sur le journalisme d’investigation et la liberté de la presse, une question délicate également abordée par Carine Krecké, lauréate du Prix luxembourgeois de la photographie, qui s’interroge sur la façon dont nous comprenons l’information et nous souvenons des conflits.

 Parmi les participantes exceptionnelles de cette édition, Nan Goldin, lauréate du Kering Women in Motion Award 2025 et figure emblématique du festival, revient avec une nouvelle proposition qui reflète son style visuel unique et sans compromis, en se concentrant spécifiquement sur les liens de famille et d’amitié. 

Ce qui relie les individus repose sur des relations complexes. Diana Markosian, Keisha Scarville, Camille Lévêque et Erica Lennard explorent ces liens divers, forgés par des dynamiques sociales, culturelles et politiques. Les œuvres de Carmen Winant, Carol Newhouse et Lila Neutre redessinent les contours de la notion de parenté. En intégrant des héritages identitaires et affectifs, ils remettent en question les frontières entre famille biologique et famille élue.

Le travail d’Agnès Geoffray sur les maisons de correction pour filles mineures en France interroge notre rapport à l’histoire dans un registre mémoriel marqué par des actes de rébellion et des aspirations émancipatrices. À travers des recompositions photographiques et textuelles, elle donne voix et présence à ceux qui étaient étiquetés « inéducables ». En interrogeant les normes sociales de son époque, elle met en lumière des couches ignorées du passé.

Dans le sillage de ces récits oubliés, la richesse des images anonymes se manifeste à travers la Collection Marion et Philippe Jacquier. Composé de près de 10 000 tirages anonymes et amateurs, il offre un vaste corpus de récits visuels qui mêlent l’intime, le documentaire et l’insolite. Cette exploration de la photographie vernaculaire révèle des fragments de vies antérieures et des instantanés du quotidien.

L’exposition Yves Saint Laurent et la photographie, réalisée en collaboration avec le Musée Yves Saint Laurent Paris et à partir de ses collections, incarne l’entrelacement de la photographie et d’autres disciplines. Il propose une immersion dans l’univers du couturier, explorant sa relation avec les photographes de son temps, et ses inspirations intérieures. Entre rigueur et audace graphique, sa mode trouve une nouvelle dimension dans la photographie, oscillant entre pensée et sentiment.

Enfin, le Festival maintient son engagement à mettre en valeur les talents émergents. L’exposition du Prix Découverte 2025 de la Fondation Louis Roederer, organisée par César González-Aguirre, poursuit son exploration des enjeux contemporains de la photographie et revient à l’Espace Monoprix.

<B130>Avec Aurélie de Lanlay et toute l’équipe du Festival, nous nous réjouissons de vous accueillir à Arles à partir du 7 juillet pour découvrir une édition vigoureuse et engagée. Plus que jamais, l’image s’affirme comme un espace de prise de conscience et de réinvention.

https://www.rencontres-arles.com/en/images-indociles



FONDATION NAPOLÉON


La Pierre de Rosette est un bloc de granodiorite noir, une roche magmatique proche du granite, sur lequel est gravé, en trois écritures différentes, un décret sacerdotal commémorant l’accession au trône du pharaon Ptolémée V, descendant d’un général d’Alexandre le Grand.

La première partie est rédigée en hiéroglyphe égyptien, la deuxième en égyptien démotique et la dernière en grec ancien.

Cette triple traduction d’un même texte permet au jeune Champollion de déchiffrer en 1822 les hiéroglyphes, dont la signification avait été perdue avec la disparition de la civilisation Égyptienne antique, au IVe siècle avant notre ère. 

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