martes, 23 de abril de 2013

UN ETE AU BORD DE L'EAU



UN ÉTÉ AU BORD DE L'EAU
Loisirs et Impressionnisme 
27 avril - 29 septembre 2013



John Singer Sargent, Femme et enfant endormis dans une barque sous un saule, 1887.
Lisbonne, Gulbenkian Museum. @ 2013, The Calouste Gulbenkian.

Parmi les grandes mutations dont le XIXe siècle fut témoin, le prodigieux essor des villégiatures et des loisirs de plein air est un phénomène qui concerne également l’histoire de l’art.Toute une société, qui se déplace volontiers en train, part à la conquête de nouveaux territoires : la côte, la plage, la mer... La Normandie, mais bien d’autres régions également, vont prendre une part essentielle à cet engouement. Pour la première fois, l’atelier du peintre quitte la ville, se transposant dans la nature même, signe marquant et prometteur. Désormais, avec les Impressionnistes, le sujet des tableaux ne se trouve plus dans les livres ou dans l’imaginaire des peintres mais au cœur de la réalité et de la vie, dans ces territoires nouvellement conquis, ces lieux de détente et de loisirs qu’offrent en si grand nombre les bords de l’eau. L’exposition décline son propos en quatre chapitres qui illustrent les différents modes d’exploration de ces thèmes par le peintre, depuis les scènes de plage, les paysages de bord de mer et leurs infinies variations atmosphériques, jusqu’à l’incursion des corps dévêtus dans un paysage marin ; devenus sujets exclusifs d’étude du peintre, ces corps solaires consacrent la métamorphose du nu académique, conjuguant tradition et modernité.


Sur le sable
La plage devient naturellement un espace privilégié pour les premiers vacanciers à la découverte des plaisirs de la mer. Sous le Second Empire, les villages de pêcheurs deviennent en quelques années de mondaines stations balnéaires, voyant apparaître riches villas et luxueux hôtels.
À la recherche de dépaysement et de pittoresque, les vacanciers s’appliquent paradoxalement à reconstituer la société parisienne sur les plages normandes qui deviennent bientôt le « boulevard d’été de Paris ».
Lors de leurs séjours, Manet, Monet, Berthe Morisot, Degas vont réaliser des scènes de plages suggestives, conçues comme des esquisses libres et spontanées. Sous l’influence de Boudin, Monet peint les plages de Trouville et de Sainte-Adresse,
Inaugurant un genre enrichi par les expériences de Manet à Boulogne ou Gauguin en Bretagne... Cette séquence évoquera aussi les peintres réalistes et descriptifs tels Prinet, Blanche, Helleu, qui mènent aux interprétations lumineuses de Maurice Denis, séduisant metteur en scène de sa famille lors de ses séjours réguliers à Perros-Guirec. Gardons-nous aussi d’oublier les importantes contributions des peintres étrangers tels que Krøyer, Liebermann et l’Espagnol Sorolla...


Berthe Morisot, Vu du port de Lorient, 1869, Washington, National Gallery of Art.
Claude Monet, Voiliers en mer, 1868, Lausanne, Musée cantonal des Beaux-Arts (Photo : J.-C. Ducret).

Sous l’effet du tourisme, la côte se transforme et les plages se couvrent de cabines de bain, abri indispensable pour se préparer à affronter les vagues. On se baigne et on se promène vêtu, avec une ombrelle, par décence mais aussi parce que le teint clair demeure la fier té des classes aisées. Les peintres plantent leur chevalet le long des promenades ou directement sur la plage,
à l’affut de sensations nouvelles. On a retrouvé du sable dans la pâte des tableaux de Manet !
Le genre qu’est devenue la marine se régénère avec la présence de promeneurs en quête de panoramas dégagés. La promenade en mer offre des points de vue inédits, certains peintres comme Monet ou Bonnard, représentent des scènes depuis les embarcations elles-mêmes.
Barques et voiles
Simples barques, voiliers, yachts vont captiver les peintres, pour eux- mêmes mais sur tout pour les activités qu’ils permettent ; courses, régates, promenades. L’installation de Monet en 1871 à Argenteuil, au bord de la Seine, est décisive ; les nombreux artistes qui le rejoignent vont offrir à l’impressionnisme l’un de ses chapitres les plus créatifs.
Au bain…

Edgar Degas, Petites paysannes se baignant à la mer vers le soir,
 1875-1876, collection particulière (Photo : B. Rutledge).

Cette dernière section, point d’orgue de l’exposition, rassemblera de grandes illustrations du thème, aux compositions souvent ambitieuses. Cette séquence nous éloigner a des rivages normands, rappelant que l’Impressionnisme possède un volet méditerranéen.
En cherchant la confrontation avec le grand genre et sa tradition séculaire, les peintres s’approprient le traitement académique du nu pour le transcender et peindre les corps en pleine lumière, sous le soleil, au sein d’une nature triomphante. On retrouve là Bazille, Degas avec ses étranges Petites paysannes se baignant à la mer vers le soir, baigneuses nues privées de toute inhibition, Seurat (remarquable série d’ébauches pour son chef-d’œuvre, Baignade à Asnières), Cross, un inattendu Kupka, et bien sûr Renoir, Cézanne, les plus assidus dans ce genre.Tous deux s’efforcent de placer la figure au centre de leur pensée et de leur esthétique : plénitude solaire et voluptueuse chez Renoir, recherches de structures et de rythmes chez Cézanne. Souvenons-nous qu’avec ses séries des Baigneurs, ce dernier allait marquer un jalon essentiel dans l’aventure de la modernité, passant magistralement le relais à
Matisse, Picasso...

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