Quand
l’Empire du Milieu inspirait Marco Polo, Matteo Ricci ou Pierre Loti, par
Bertrand Galimard Flavigny
Le premier manuscrit d’un voyage en
Chine date de 1245 et les manuscrits vers l’Empire céleste ne sont pas rares,
de Marco Polo aux jésuites Matteo Ricci et Joseph Amiot et jusqu’à Pierre Loti.
Bertrand Galimard Flavigny relate l’histoire de ces récits de voyage qui
suscitèrent l’intérêt et la curiosité.
Balzac, dans La Peau de Chagrin, évoque
« les causeries du soir, en hiver, où l’on part de son foyer pour aller en
Chine ». L’auteur de la « Comédie humaine » ne franchit jamais
les mers pour rejoindre la Chine ; pour lui, elle était si mystérieuse et
si lointaine qu’elle évoquait un ailleurs inaccessible et indescriptible. Les
récits de voyageurs qui visitèrent le « Céleste Empire » ne sont
finalement pas si rares.
Le premier à nous être parvenu est celui de Jean
du Plan Carpin datant
de 1245. Dans sa préface à l’anthologie des voyageurs occidentaux du Moyen Age
à la chute de l’empire chinois, Le
voyage en Chine, Ninette Boothroyd indique que « ce qui ressort le
plus des récits de tous ces voyageurs, ce n’est pas seulement l’émerveillement
que ceux-ci éprouvent, à divers degrés évidemment, devant la découverte d’un
monde autre, mais aussi et surtout la considération qu’ils lui montrent, la
valeur qu’ils lui reconnaissent, lors même qu’ils le récusent en tant que monde
païen » (1).
Autre caractéristique,
ces ouvrages, notamment ceux parus au XVIe siècle, ont apporté au public lettré
« une connaissance dénuée de toute falsification et remarquablement
objective, de « l’extraordinaire » de la Chine ».
Tout est parti, en
fait, de Marco Polo. Le Vénitien
fut à ce point émerveillé par tout ce qui s’offrait à ses yeux qu’il ne trouva
rien à critiquer dans cette immense contrée. On sait que Marco Polo, âgé de
dix-sept ans, accompagna ses oncles dans l’empire Mongol, où il demeura
dix-huit ans. A l’époque, Pékin se nommait Cambaluc. Le Grand Can y demeurait
trois mois dans l’année. Les oncles et leur neveu regagnèrent Venise en 1295.
Deux ans plus tard, victime d’un conflit entre la Sérénissime et Gênes, Marco
fut fait prisonnier. C’est là qu’il raconta ses souvenirs de voyage. Le
manuscrit orignal rédigé en français a été perdu. On le désignait sous le nom
d’il Milione, sobriquet donné à Polo qui n’énumérait que par millions les
populations des pays visités par lui. L’édition la plus ancienne que l’on
connaisse de l’abrégé de ses voyages a été imprimé à Venise en 1496 (in-8°). Il
en existe une de Brescia datée de 1500 et une seconde de Venise datée de 1508
(in-12°). L’originale de la première traduction française, réalisée par
François Gruget, conseiller du roi et référendaire à la Chancellerie de France
(né à Loches en 1511) a été imprimée par Sertenas en 1556.
Parmi les grands témoins de la fin
de l’empire du Milieu, nous ne pouvons écarter Pierre Loti qui
parvint à Pékin, après le fameux siège du quartier des légations par les
boxers. Nous étions à l’automne 1900, le sac de la capitale avait déjà
commencé. Loti réussit à être logé dans le Cité interdite qui, elle, fut
épargnée du vandalisme. Loti, même de passage, avait cette faculté de capter
images et impressions et de les restituer avec plus de force qu’un résident de
longue date. Les derniers jours de Pékin, publié chez Calmann-Lévy, pourraient être
considérés comme le chant du cygne de l’Empire du Milieu.
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