Une
relecture inédite de l’oeuvre du pape du pop art à travers ses liens avec la
scène new-yorkaise underground : musique, danse, cinéma…
L’exposition Warhol
Underground mettra en lumière l’influence de la scène musicale et de
l’avant-garde chorégraphique new-yorkaises dans l’oeuvre d’Andy Warhol
(1928-1987). Elle sera l’occasion de célébrer les cinquante ans de la rencontre
de Warhol avec le groupe de rock new-yorkais The Velvet Underground, dont il
devint le producteur.
« Je n’ai
jamais voulu être peintre, j’ai toujours voulu être danseur de claquettes »,
déclarait Warhol, alors même que l’œuvre du pape du pop art est souvent réduite
à sa dimension picturale. « Je ne peins plus. J’ai abandonné la peinture il y a
à peu près un an et maintenant je ne fais plus que des films. La peinture était
seulement une phase que j’ai traversée », ajoutait-il. Nombre de déclarations
de l’artiste montrent combien son œuvre, extrêmement protéiforme, a dépassé la
peinture, ainsi qu’il aimait lui-même à le penser.
Revenant
sur la rencontre de Warhol avec le Velvet Underground cinquante ans auparavant,
l’exposition montrera comment cette collaboration, souvent réduite à un vernis
mondain, marque une véritable rupture esthétique dans l’œuvre de l’artiste.
Largement ignoré en son temps, le Velvet Underground (1965-1970) est pourtant
devenu l’un des groupes les plus influents de l’histoire du rock à partir de
1970 et ce, principalement grâce à son légendaire premier album paru en 1967, The
Velvet Underground & Nico, produit par Warhol. Ce dernier avait offert
au groupe à la fois un studio et une scène : la Silver Factory, ce célèbre
atelier dont Warhol avait recouvert les murs de peinture argentée, le
transformant ainsi en un miroir géant.
L’exposition
évoquera également le microcosme de la « Fabrique », qui constitue alors pour
les artistes un lieu de résidence ouvert à tous, à une époque où Warhol
découvre avec une curiosité toujours renouvelée la scène musicale underground et
s’essaie à produire des « Superstars ». La Silver Factory apparaît alors comme
l’archétype du spectacle multimédia que Warhol met en scène pour le Velvet
Underground dès 1965. Ces séances de « cinéma élargi », comme les qualifiait
Jonas Mekas, mélange de performance artistique et de boîte de nuit où « le
cinéaste devenait chef d’orchestre tenant sous sa baguette les divers éléments
créatifs (dispositifs sonores, groupe rock, projecteurs de diapositives,
projecteurs de cinéma, éclairage et autres) » constituaient des spectacles
fascinants. Le goût certain de Warhol en matière de musique lui permet
d’ailleurs d’incarner plastiquement les avatars les plus variés : pochettes de
disques, portraits, mises en scène de spectacles, films, interviews et
performances, dans une recherche d’œuvre d’art totale.
La danse,
et plus particulièrement la programmation du Judson Dance Theater, joue
également un rôle essentiel dans le modèle que Warhol transpose à la Factory. Dès 1958, la rencontre avec l’agent
d’artistes Emile De Antonio, ami de John Cage et Merce Cunningham, Jasper Johns
et Robert Rauschenberg, avait déjà propulsé Warhol dans les enjeux de la danse
contemporaine. La série d’œuvres Dance Diagrams(1962), qu’il
présente à même le sol, était accompagnée d’une affichette invitant les
spectateurs à enlever leurs chaussures et à inscrire leurs pas dans ceux de
tango ou de fox trot redessinés par Warhol sur la toile. Warhol
s’approprie ainsi l’esthétique collective du Judson Dance Theater qu’il
transpose dans le champ pictural. Au-delà de leur inscription dans les
stratégies du Pop Art, ces danses ready made dévoilent les
affinités que l’œuvre de Warhol entretient dès 1963 avec les recherches de lapostmodern
dance, plaçant au coeur de sa dialectique les notions de mouvement et
d’immobilité, d’improvisation et de sérialité. Un des points d’orgue du
parcours sera l’évocation de Rain Forest, 1968, chorégraphie de
Merce Cunningham au cours de laquelle les danseurs se déploient dans les Silver
Clouds de Warhol, nuages argentés comme les murs de la Factory.
L’exposition Warhol
Underground est réalisée en partenariat avec le Musée Andy Warhol,
l’un des quatre Carnegie Museums de Pittsburgh et la Tate Liverpool.
Commissaire :
Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou-Metz
Emma Lavigne, directrice du Centre Pompidou-Metz
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