Cette exposition est organisée par la Réunion
des musées nationaux-Grand Palais, The Metropolitan Museum of Art et le Musée
des Beaux-Arts du Canada. L’exposition sera présentée à New York du 8 février
au 15 mai 2016 et à Ottawa du 10 juin au 12 septembre 2016. 23 septembre 2015 - 11 janvier 2016 Grand Palais
Galeries Nationales entrée Clemenceau
Cette
exposition est organisée par la Réunion des musées nationaux-Grand Palais, The
Metropolitan Museum of Art et le Musée des Beaux-Arts du Canada. L’exposition
sera présentée à New York du 8 février au 15 mai 2016 et à Ottawa du 10 juin au
12 septembre 2016.
Cette première rétrospective
consacrée à l’ensemble de l’œuvre d’Élisabeth Louise Vigée Le Brun montre une
artiste dont la vie s’étend du règne de Louis XV à celui de Louis-Philippe
(l’une des périodes les plus mouvementées et orageuses de l’histoire européenne
et surtout française des temps modernes).
Les
autoportraits de Vigée Le Brun abondent : peintures, pastels et dessins
associent élégamment grâce et fierté féminines. Alors que l’Ancien Régime et
son institution des beaux-arts touchent à leur fin, elle supplante la plupart
de ses concurrents portraitistes.
Vigée Le Brun utilise l’autoportrait
pour affirmer son statut, diffuser son image et rappeler la mère qu’elle est
parvenue à devenir malgré les servitudes d’une carrière. Son plus grand coup de
force à cet égard est de présenter au Salon de 1787 deux peintures qu’on ne
peut dissocier. D’un côté, le portrait de Marie-Antoinette entourée de ses
enfants, en reine soucieuse de redresser son image de libertine dispendieuse ;
de l’autre, le portrait d’une femme artiste serrant contre sa poitrine, avec
une effusion raphaélesque, sa fille Julie. Ce dernier tableau, l’un des plus
beaux et des plus populaires parmi les nombreuses œuvres du peintre que possède
le Louvre, est resté l’emblème de la « tendresse maternelle » depuis sa
première apparition publique. La culture des Lumières, rousseauisme oblige,
impose à l’artiste d’endosser ce rôle ; ce qu’elle fait de gaieté de cœur et
avec un succès retentissant. En contrepoint elle peint le portrait d’Hubert
Robert. Ces tableaux, véritables icônes du bonheur de vivre et du génie
créateur, se parlent, se répondent et se complètent.
Plus notable encore est sa volonté
de triompher des obstacles qui entravent ses ambitions professionnelles. Née à
Paris en 1755 dans un milieu relativement modeste, sa mère est coiffeuse et son
père portraitiste de talent. Il meurt alors qu’elle est à peine adolescente.
S’inspirant de son exemple, à dix-neuf ans la jeune virtuose est reçue maître
peintre au sein de l’Académie de Saint-Luc. Son mariage en 1776 avec le marchand
d’art le plus important de sa génération, Jean-Baptiste Pierre Le Brun
(1748-1813), l’empêche d’être admise à l’Académie royale de peinture et de
sculpture, dont le règlement interdit formellement tout contact avec les
professions mercantiles. Toutefois cette union a des effets bénéfiques sur
sa carrière. Alors que le prix des
tableaux flamands flambe, elle apprend à maîtriser la magie des couleurs et la
belle facture d’un Rubens et d’un Van Dyck. Dès 1777 la clientèle
essentiellement bourgeoise s’élargit à la grande aristocratie, aux princes de
sang et enfin à la reine Marie-Antoinette. Il faut cependant l’intervention de
Louis XVI en 1783 pour que la portraitiste de sa royale épouse puisse rejoindre
l’Académie royale de peinture à l’issue d’une polémique. Depuis la fondation de
l’Académie royale en 1648, sous la Régence d’Anne d’Autriche, les femmes
artistes ne sont reçues qu’en nombre très restreint. Non autorisées à dessiner
d’après des modèles nus masculins, elles sont écartées du grand genre, la peinture
d’histoire, qui nécessite une parfaite compréhension de l’anatomie et
l’assimilation des codes gestuels. Vigée Le Brun se limite donc aux portraits,
malgré quelques très belles incursions
dans la peinture d’histoire et les scènes de genre. Sa volonté d’outrepasser
les contraintes imposées aux femmes artistes lui permet de développer une
technique et des critères esthétiques très personnels. Elle maîtrise la science
des couleurs et invente toute une gamme de poses et de costumes qui lui
permettent d’apporter une grande variété à ses portraits et à ses
improvisations.
Cette exposition révèle l’ambition
de l’artiste, loin de la condescendance de ses premiers biographes et de
certains historiens qui ont pu nuire à la compréhension des différents enjeux
de ce prodigieux destin et de cette carrière longue et nomade. Pendant la Révolution,
l’Émigration, le Consulat et l’Empire, elle vit et travaille en Italie, en
Autriche, en Russie, en Angleterre et en Suisse. Elle y ouvre un dialogue très
particulier avec les maîtres anciens et entre en compétition avec ses
contemporains, souvent à son avantage. Genre mineur aux yeux de l’Académie, le
portrait sera le genre majeur d’une nouvelle France en ébullition où le « moi
social » prend souvent le dessus sur le « moi profond ».
On ne peut réduire l’art de Vigée Le
Brun à ses séductions les plus apparentes ni aux vertus du « beau sexe » : ses
portraits d’hommes ont une très grande force de caractère, tel le portrait
d’Hubert Robert. À rebours de l’histoire de l’art d’obédience féministe, qui
préfère diagnostiquer en Vigée Le Brun une double victime de sa condition de
femme et d’épouse, cette exposition met en relief les raisons d’un succès
durable à travers une sucession de salles thématiques : le coup de force
académique ; la formation artisanale mais solide ; le défi versaillais ; la
stratégie du Salon au cours des années 1780 en les mettant en contexte ; les
étapes de son long exil ; ses cercles de sociabilité ; et son retour en France.
Approche nécessairement chronologique et thématique, le parcours se permet
quelques entorses et ose des séquences transversales : la famille et les
amitiés ; les portraits d’artistes et de la scène théâtrale ; la symbolisation
du pouvoir politique; la déclinaison des schèmes empruntés à Raphaël, Titien,
Dominiquin, Rubens, Van Dyck et même à son contemporain Greuze ; sa pratique de
l’allégorie mythologique ou encore du portrait travesti. Femme exceptionnelle,
sans doute, cheminement opiniâtre, plus encore, Vigée Le Brun a su faire de ses
pinceaux une arme autant qu’un charme. Ce premier hommage de la France à Vigée
Le Brun réunit plus de 150 œuvres, techniques et supports confondus, dont
certaines sont exposées pour la première fois. Elles proviennent de prestigieux
établissements –dont la Galerie des Offices à Florence, le musée du Louvre, le
château de Versailles, le Musée de l’Ermitage à Saint-Petersbourg, le
Metropolitan Museum of Art de New York ou encore le Kunsthistorisches Museum de
Vienne– et de nombreuses collections particulières.
commissaires : Joseph Baillio,
historien de l’art, Xavier Salmon, conservateur général du patrimoine,
directeur du département des Arts graphiques du musée du Louvre scénographie :
Loretta Gaïtis
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