Par Raphaël Morata
L'exposition
"Ramsès le Grand et l'Or des Pharaons" à la Grande Halle de la Villette
à Paris est ouverte du 7 avril au 6 septembre 2023. Quelque 180 œuvres
exceptionnelles seront présentées, dont le célèbre Trésor de Tanis et le
collier en or de Psusenes Ier, ou encore le sarcophage du pharaon Ramsès II. ©
Jerome Domine/ABACAPRESS.COM
Découvrez l'éditorial de Raphaël Morata, rédacteur en chef magazine de Point de Vue, en date du 12 avril 2023.
C’était l’année de la sécheresse, du Concorde qui s’envolait pour Rio, de Roger Gicquel lançant son célèbre "La France a peur" et des Verts frappés par la malédiction des poteaux carrés lors du match les opposants au Bayern Munich… Mais pour Dominique Farout, alors âgé de 16 ans, 1976 restera à jamais comme l’arrivée en France de Ramsès II le Grand. "Je me souviens qu’il avait été accueilli par la garde républicaine à l’aéroport du Bourget.
Comme si c’était Anouar el-Sadate ! On disait même alors, mais c’est une légende, qu’on lui avait fait un passeport diplomatique."
En marge de cette opération de sauvetage de sa momie colonisée par des champignons, l’archéologue Desroches Noblecourt, énergique initiatrice de ce bain de jouvence, avait monté une exposition consacrée au 3e pharaon de la XIXe dynastie, père de plus de 110 enfants, mort à l’âge canonique de 91 ans et dont le règne fut le plus long de l’histoire de l’Égypte, soit soixante-six ans. Quatre de moins qu’Élisabeth II tout de même !
Plus de 300.000 personnes, un record à l’époque, viendront
admirer les vestiges de ce pharaon, aussi bâtisseur de temples et palais que
pourfendeur de Hittites. Longtemps, sur le mur de sa chambre, l’affiche de
cette exposition restera punaisée.
Huit fois, Dominique Farout se rendra au Grand Palais ! Deux ans plus tard, ce dernier entre à l’École du Louvre et commence une formidable carrière d’égyptologue. Aujourd’hui, il enseigne les hiéroglyphes assis dans le fauteuil… de Christiane Desroches Noblecourt. Bien protégées dans les salles ultramodernes du Musée national de la civilisation égyptienne, au Caire, les momies royales ne voyagent plus désormais.
Qu’à cela ne tienne, l’égyptologue français, commissaire de Ramsès & l’or des pharaons, exposition prévue jusqu’au 6 septembre à la Grande Halle de La Villette, a tout de même réussi à faire revenir à Paris son sublime cercueil en bois de cèdre. Le roi y est figuré comme un Osiris, la coiffe Némès ornée du cobra dressé, les bras croisés sur la poitrine tenant les deux sceptres, le crochet heqa et le fouet nekhakha.
"Lors de cette tournée mondiale, il ne sera présenté qu’à Paris. Les Antiquités égyptiennes ont ainsi voulu rendre hommage à la France qui a sauvé le corps du pharaon, il y a quarante-sept ans." Ce n’est donc pas Le Retour de la momie, film cher au néo-oscarisé Brendan Fraser. Mais pour Dominique Farout, plutôt le "retour de son adolescence". Celle d’une époque où, comme beaucoup d’écoliers parisiens dont je fais partie, il découvrait émerveillé le destin singulier de celui que l’on nomme aussi Ozymandias…
https://www.pointdevue.fr/society/actus/ramses-le-grand-retour-leditorial-de-raphael-morata
No hay comentarios:
Publicar un comentario