Par Pauline Sommelet
Découvrez l'éditorial de Pauline Sommelet, chef de service magazine de Point de Vue, en date du 16 août 2023.
Un peu moins de 300 km les séparent, ainsi que la frontière entre l’Autriche et l’Allemagne. Berceaux de deux festivals lyriques mondialement connus, les deux villes sont aussi indissociables de deux géants du classique, Wagner pour l’une et Mozart pour l’autre.
Aux paysages bavarois et vallonnés de
Franconie répondent les contreforts des Alpes et le charme indéfinissable d’une
ville haute, cernée de falaises et couronnée d’une forteresse aux allures de
bastion imprenable. Pourtant, de la Colline sacrée à cette "montagne
magique" de la musique, d’un Festspielhaus à l’autre, il n’y a qu’un pas
que les mélomanes les plus fervents n’hésitent pas à franchir chaque été. Et pourquoi faudrait-il choisir ?
Il est permis, et Gloria de Tour et Taxis, habituée des deux manifestations (il faut dire que son Schloss de Ratisbonne se situe presque à mi-chemin entre les deux villes), l’a bien compris, d’aimer à la fois le Ring et Les Noces de Figaro.
De pratiquer tour à tour les gradins inconfortables du théâtre en bois édifié par Wagner, grâce à la générosité de Louis II de Bavière, et les sièges rembourrés du vaste auditorium très sixties, construit dans la ville natale de Mozart.
De goûter à la fois aux saucisses à la moutarde
arrosées de bière, indispensable encas pour tenir le choc des représentations
wagnériennes, et aux petits fours assortis de champagne, plus dans le ton des
robes longues et autres tenues de soirées qui règnent à Salzbourg. Cette année, le roi Carl XVI Gustaf et la reine Silvia sont venus de Suède
pour applaudir Cecilia Bartoli dans Orfeo ed Euridice de Gluck, donné pour la
soirée d’ouverture.
À Bayreuth, c’est la Française Nathalie Stutzmann, contralto devenue cheffe d’orchestre, qui brille dans Tannhäuser, deuxième femme seulement après l’Ukrainienne Oksana Lyniv à tenir la baguette dans ce Walhalla des maestros. À la tête du festival, une femme également, Katharina Wagner, arrière-petite-fille du compositeur il est vrai, mais pas pour autant exemptée de critiques.
En cause : ses mises en scène parfois jugées iconoclastes – mais après tout, le Landerneau lyrique en a vu d’autres –, mais surtout une atteinte à une autre tradition bayreuthienne. Pour pouvoir jouir de ce saint Graal musical, il était d’usage de patienter pendant de longues années, sur liste d’attente, avant d’avoir une chance d’obtenir des billets.
Et voilà qu’en 2023,
on pouvait trouver les fameux sésames quelques mois à l’avance, sur Internet,
comme pour n’importe quel concert de pop star. Un scandale !
https://www.pointdevue.fr/society/edito-point-de-vue/bayreuth-ou-salzbourg-leditorial-de-pauline-sommelet
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