- À l'occasion de sa mystérieuse installation baptisée Inbox à la
Biennale de Venise, l'artiste visionnaire dévoile un peu plus son nouveau
projet pour Le Figaro. Le voile sera levé à partir du 8 mai.
Enki Bilal, artiste
contemporain? L'auteur de la fameuse Trilogie Nikopol poursuit sa mue.
Le réalisateur du film Immortel (ad vitam) présente pour la première
fois une œuvre à l'occasion de l'exposition internationale d'art contemporain
de Venise. Libre de toute attache, Bilal a créé Inbox. Un titre
énigmatique pour une œuvre qui l'est tout autant. L'installation étant encore
inachevée, toutes les suppositions sont possibles.
Avec son coup de crayon virtuose, l'auteur de bande dessinée bascule
totalement du côté des artistes contemporains. Ce que l'on sait pour le moment?
Une boite tapissée de noir sera visible au cœur d'un ancien couvent vénitien.
L'obscurité totale va être rompue par un diptyque de couleur afin de
déstabiliser les sens du visiteur. Une expérience nouvelle qui s'ajoute à la
longue liste de paris réussis pour l'artiste.
LE FIGARO. - Pourquoi la Biennale de Venise?
ENKI BILAL. - Je n'ai pas choisi
de participer à cet événement. C'est une opportunité qui s'est présentée grâce
à Artcurial [ndlr:
la maison de ventes parisienne] qui m'a proposé ce cadeau. La Biennale de Venise est
extrêmement prestigieuse. On retrouve une belle tradition novatrice dans cette
exposition internationale. Venise est aussi une ville où la magie n'est plus à
faire. Lorsqu'on me propose une installation, je ne peux pas refuser. J'avais
carte blanche et le concept est vite né dans ma tête.
Et puis, je ne voulais pas tout casser dans ma façon de
peindre à l'intérieur de mon atelier. La Biennale, avec un espace donné,
constituait une belle occasion. C'est encore une manière de rompre dans
l'exposition en tant que telle.
Quelle est la symbolique de Venise, pour vous qui êtes plutôt
influencé par le froid? En quoi cette ville pleine de chaleur peut-elle
contraster avec votre œuvre?
Je pense que le diptyque sera en rapport avec les teintes
chaleureuses et dorées de cette ville. Je vais très souvent à Venise. Mais je
sais qu'il peut aussi faire très froid à Venise. On peut vite se
retrouvé gelé car le vent s'engouffre dans la ville aux canaux. Bien sûr, les
températures restent clémentes à la période de l'exposition, en mai-juillet.
Comme je travaille les corps en peinture, je les peins très peu en fourrure.( Rires).
Au niveau des couleurs, même s'il y en a peu, il y aura une permanence.
Cette œuvre Inbox ne s'éloigne-telle pas de votre
touche personnelle?
Je ne pense pas avoir opéré de rupture. Je reste dans une
évolution de la peinture qui est la mienne. On retrouve là deux toiles qui
jouent avec le spectateur. Inbox se place davantage dans l'idée de la
présentation. Le rapport du spectateur avec ce diptyque est au cœur de l'œuvre.
Attention, il n'est pas forcément confortable! C'est une manière de faire
s'interroger celui qui regarde.
Il n'y a qu'un seul croquis que vous pouvez voir pour
l'instant. Il présente simplement cette boite de 8 mètres de long, 4 mètres de
large et 10 mètres de haut. Je fais de mon œuvre un véritable secret. Elle se
trouvera dans la chapelle d'un ancien couvent, cela ajoute à son charme.
Inbox laissera une trace importante dans la mémoire du visiteur. Je
l'espère. Je l'ai conçue comme une expérience sensorielle.
Après Inbox, quels seront vos prochains grands projets?
Je reviens à la bande dessinée. Ce sera un album unique, au
traitement plus classique. J'ai également un film en préparation. Je travaille actuellement
sur le scénario. C'est quelque chose d'assez ambitieux et atypique. J'adapte de
manière très libre le livre Homo disparitus d'Alan Weisman. L'état de la
planète Terre y est décrit après que la nature ait repris ses droits. Ah oui,
j'ai aussi en projet une exposition de peinture et une rétrospective au Japon
en 2016.
Je ne vais pas chercher des rencontres, comparé à d'autres
artistes. Pour la collaboration avec le Louvre [ndlr: les fantômes du Louvre,
exposition et livre] et après celle du musée des arts et métiers [ndlr:
exposition mécanhumanimal], je n'ai jamais rien forcé. Même pour le Japon, la
proposition ne venait pas de moi. J'aime les rencontres fortuites. C'est ma
façon d'avancer.
http://www.lefigaro.fr/arts-expositions/2015/04/06/03015-20150406ARTFIG00034-enki-bilal-je-fais-de-mon-oeuvre-un-veritable-secret.php
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