LE POUVOIR DE LA PERCEPTION. CAMILLE OKHIO. CHRISTIES

À l’approche du « premier lundi de mai » et de l’ouverture de l’exposition Superfine : Tailoring Black Style du Costume Institute, l’écrivaine Camille Okhio s’intéresse à deux photographes noirs qui avaient « une longueur d’avance sur la finesse »

Le pouvoir des faits passe par les images autant que par les mots. Frederick Douglass le savait lorsqu’il a publié sa première autobiographie accompagnée d’un portrait de lui-même - un portrait qui figure dans Superfine : Tailoring Black Style, l’exposition estivale de cette année au Costume Institute. Certaines personnes ont besoin de voir pour croire quand il s’agit de la souffrance et de l’action des Noirs. Avec l’autodétermination à l’esprit, deux photographes se sont emparés de la nouvelle technologie de l’appareil photo et l’ont utilisée : James Van Der Zee d’un côté de l’Atlantique et Malick Sidibé de l’autre.

Van Der Zee a joué un rôle central dans la documentation du style noir pendant la Renaissance de Harlem. Plusieurs œuvres de ses vastes archives de plus de 50 000 estampes, négatifs et documents éphémères au Met ont été incluses dans l’exposition de l’année dernière en collaboration avec le Studio Museum de Harlem, The Harlem Renaissance and Transatlantic Modernism.

James Van Der Zee est né en 1886, 21 ans après l’abolition de l’esclavage aux États-Unis. Van Der Zee était un gars de mouches. Un charmeur, mais pas un râteau. Un père de famille, avec des sentiments, de l’affection et une profonde passion pour ceux qu’il aimait, mais aussi un pragmatique. Dans un autoportrait de 1918, le bel artiste porte un pantalon blanc qui semble être dans un lin non froissé. Sa chemise rayée est retroussée pour montrer des bras capables ; Une cravate en tricot est épinglée autour du troisième bouton. Sa tête et son chapeau sont penchés nonchalamment sur le côté, alors qu’il pointe du doigt un titre de journal d’Indianapolis qui commence par Colored Troops Capture.

C’est un homme fier dont la fierté n’est pas une performance. Il s’assoit avec la nonchalance du vraiment cool, un descripteur nécessitant un manque d’intérêt pour les éloges extérieurs. Il est intéressant de noter que pour quelqu’un qui privilégie la photographie en tant que médium, Van Der Zee ne semble s’intéresser à la perception que dans la mesure où elle offre un pouvoir, en particulier un pouvoir sur soi-même.

Avec l’autodétermination à l’esprit, deux photographes ont pris une nouvelle technologie de l’appareil photo et l’ont utilisée : James Van Der Zee d’un côté de l’Atlantique et Malick Sidibé de l’autre.

— Camille Okhio

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