Du 19 juin au 30 septembre 2012, le
château de Versailles présente l'exposition Joana Vasconcelos Versailles dans les Grands Appartements et les
jardins
Le château de Versailles est le lieu
de l’art par excellence, un lieu dans lequel les artistes se sont toujours
sentis chez eux, l’investissant non comme un lieu d’exposition, mais bien comme
un lieu habité par l’art. C’est un espace plein, complet, riche, où rien en
apparence ne semble pouvoir être ajouté. C’est le décor idéal pour célébrer
l’audace, l’expérimentation et la liberté ; le génie créatif apprécié comme
nulle part ailleurs.
Si mon travail
se développe autour de l’idée que le monde est un opéra, Versailles incarne
l’idéal opératique et esthétique qui m’anime. Les œuvres que je propose
existent pour ce lieu, je les vois liées à Versailles, de manière intemporelle.
Quand je parcours les salons du Château et ses jardins, je sens l’énergie d’un
espace qui gravite entre la réalité et le rêve, le quotidien et la magie, le
festif et le tragique. J’entends encore l’écho des pas de Marie-Antoinette, la
musique et l’ambiance festive des salons. Comment serait la vie à Versailles si
cet univers exubérant et grandiose était transféré à notre époque ?
Interpréter la
dense mythologie de Versailles, la transporter dans la contemporanéité, évoquer
la présence d’importantes figures féminines qui l’ont habité, en s’appuyant sur
mon identité et mon expérience de femme, portugaise, née en France, sera
certainement le défi le plus fascinant de ma carrière
Mary Poppins, 2010
Escalier Gabriel
Les visiteurs sont accueillis dans l’escalier Gabriel par Mary Poppins, vaste corps tentaculaire
né d’un mélange inédit de tissus et d’objets préexistants, d’un assemblage de
textures industrielles et d’étoffes cousues main.
L’œuvre appartient à la série des Valkyries, que le visiteur retrouvera
dans la galerie de Batailles où cinq œuvres textiles sont en suspension. Enorme
et colorée, Mary Poppins lance dans l’espace six bras
protecteurs à partir d’un corps central. A l’image des autres œuvres de la
série, Mary Poppinsaffiche
une joyeuse exubérance dans m’utilisation des ornements et des étoffes de
différentes natures. Suspendue au plafond, cette étrange créature-lustre aux
formes organiques improbables se détache du néo-classicisme épuré de
l’architecture environnante.
Mary Poppins – ange de la
culture populaire des temps modernes – renvoie enfin au génie du lieu,
l’architecte Ange-Jacques Gabriel, qui a dessiné le Grand Degré. Entre profane
et sacré, les visiteurs du Palais commencent ici leur parcours sous l’insolite
protection de Saint Gabriel et de Mary Poppins.
Coração Independente
Vermelho [Cœur Indépendant Rouge], 2005
Coração Independente Preto
[Cœur Indépendant Noir], 2006
Salon de la Paix et salon de la Guerre
Les Cœurs Indépendants Rouge et Noir se présentent suspendus de part et d’autre de la galerie des Glaces; le premier, dans le salon de la Paix ; le deuxième, dans le salon de Guerre.
Les œuvres
reproduisent le cœur de Viana - pièce iconique de la joaillerie portugaise - et
en offrent deux versions monumentales : l’une noire, l’autre rouge, couleurs
qui renvoient à la mort et à la passion, à la guerre et à la paix. Suspendus à
partir de leurs axes respectifs, les cœurs exécutent un mouvement de rotation
qui évoque les cycles de la vie et de l’éternel retour. A mesure qu’il
s’approche de ces Cœurs étincelants, le visiteur découvre avec surprise qu’ils
sont intégralement composés de couverts en plastique dans un trompe-l’oeil
vertigineux qui rappelle la virtuosité des maîtres du Grand Siècle.
Les œuvres ont
trouvé leur titre – Cœur
Indépendant – dans
l’un des vers du Fado « Étrange Forme de Vie », dont les paroles soulignent le
conflit entre l’émotion et la raison. La forte présence des référents musicaux
dans l’installation via la voix d’Amalia Rodrigues, diva de la musique
portugaise offre une réminiscence des concerts donnés autrefois par Marie
Leszczinska dans le salon de la Paix et rappelle le rôle important qu’elle
jouait dans la vie musicale de Versailles.
Emouvante installation cinétique et
sonore, Cœur
Indépendant se
présente comme un puissant diptyque dédié à la passion et à la mort, thèmes
récurrents dans les paroles du fado, qui dialoguent ici avec les thématiques de
la paix et de la guerre, présentes dans les peintures éloquentes de Charles Le
Brun et François Lemoyne.
Marilyn, 2011
Galerie des Glaces
La galerie des Glaces, théâtre de somptueuses cérémonies et d’importants événements de l’histoire de l’humanité, reçoit Marilyn, une élégante paire d’escarpins, dont l’échelle amplifiée procède de l’utilisation répétée de casseroles et de couvercles en acier inoxydable.
Confinant au
gigantisme, cette accumulation génère un véritable effetGulliver qui voit l’œuvre se dresser dans la
vaste galerie telle une ode aux conquêtes de la femme dans les domaines public
et privé. L’inox de Marilyn–
aussi résistant que les armures et les boucliers des guerriers représentés dans
les tableaux et médaillons des plafonds de Charles Le Brun – associe son éclat
à celui des miroirs qui ornent l’arcade, provoquant ainsi un jeu de reflets
déconcertant qui démultiplie l’espace à l’infini.
Située à
l’extrémité sud de la galerie des Glaces, la monumentale paire d’escarpins
renvoie le visiteur à l’immensité des succès remportés par la figure féminine
absente, aussi grandioses que les victoires célébrées par Louis XIV dans les
peintures de Le Brun, aujourd’hui reflétées sur la froide surface métallique de Marilyn.
Golden Valkyrie Galerie des Batailles
Survolant la vaste galerie des Batailles, où Louis-Philippe a voulu mettre en scène « un grandiose résumé » de l’histoire militaire française allant de Tolbiac (496) à Wagram (1809), les majestueuses Valkyries de Joana Vasconcelos semblent rechercher dans les trente-cinq grandes peintures qui ornent les murs de la galerie les plus valeureux guerriers morts au combat. Elles pourront ainsi leur redonner la vie, à l’instar des divinités guerrières de la mythologie scandinave à laquelle elles doivent leur nom.
Suspendus à partir du plafond en voûte, les énormes et insolites corps
textiles de Royal Valkyrie, Golden Valkyrie et Valquíria
Enxovalressuscitent des techniques artisanales de travail
traditionnellement féminin en les associant à des matériaux produits en série.
Figures imposantes gravitant dans l’espace, ces trois œuvres charrient des
imaginaires divers.
Royal Valkyrie revisite et réinterprète le style du château de Versailles, en reprenant le luxe et l’exubérance des brocarts aux motifs floraux. Jouant sur le registre de la richesse et de la fausse apparence, Golden Valkyrierenvoie à l’or, le plus précieux des métaux, faisant se côtoyer le chatoiement de nobles tissus dorés avec de banals tissus industriels. Valquíria Enxoval renvoie à une esthétique du milieu rural, affichant couleurs, motifs et techniques traditionnelles de Nisa, petit village de l’intérieur du Portugal, connu pour la richesse de son artisanat.
Royal Valkyrie revisite et réinterprète le style du château de Versailles, en reprenant le luxe et l’exubérance des brocarts aux motifs floraux. Jouant sur le registre de la richesse et de la fausse apparence, Golden Valkyrierenvoie à l’or, le plus précieux des métaux, faisant se côtoyer le chatoiement de nobles tissus dorés avec de banals tissus industriels. Valquíria Enxoval renvoie à une esthétique du milieu rural, affichant couleurs, motifs et techniques traditionnelles de Nisa, petit village de l’intérieur du Portugal, connu pour la richesse de son artisanat.
Les trois exubérantes et
volumineuses Valkyries opposent à la thématique militaire et
à l’organisation apollinienne, rationnelle et symétrique de la galerie des
Batailles, le paradigme dionysiaque, l’indiscipline des textures et l’étrangeté
de l’informe, imposant dans l’espace le pouvoir de l’hédonisme et de la
sensualité.
Site consacré à l'exposition : www.vasconcelos-versailles.com
Site consacré à l'exposition : www.vasconcelos-versailles.com
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