Par Paola Dicelli
Le président américain John Kennedy et Jackie reçoivent le ministre Français de la culture André Malraux et son épouse Madeleine à la Maison Blanche le 11 mai 1962.© Apic / Getty Images
Pendant deux ans, au début des années 1960, Jackie Kennedy, alors première dame des États-Unis, a arboré régulièrement une broche sertie de diamants savamment épinglée dans ses chignons. Un diadème improvisé dont l'élégance a impressionné politiques comme royaux du monde entier.
Jacqueline Kennedy est une icône de mode. En tailleurs Chanel à la
Maison Blanche ou les cheveux retenus par des foulards en soie à Capri, le
style de la première dame des États-Unis marque les années 1960 et 1970, et
bien des générations suivantes. Aux côtés de John Fitzgerald Kennedy puis de
son second mari, le milliardaire Aristote Onassis, "Jackie" fait de
sa garde-robe un outil pour exprimer sa personnalité : classique, élégante et
inventive. En témoigne cette broche "Sunburst"
ou "Soleil", qui fait partie des bijoux phares de sa collection
personnelle, et dont l’histoire est toute aussi marquante que celle de sa
propriétaire.
Londres, 1961. John Fitzgerald Kennedy est
invité par Élisabeth II et le prince Philip pour une visite d’État. Élu président depuis
quelques mois, le démocrate de 43 ans est honoré d’être reçu par la reine sur
le continent européen. Son épouse, Jacqueline Kennedy, et sa
belle-sœur Caroline Lee Bouvier l’accompagnent dans ce voyage. Si le président des
États-Unis enchaîne les visites protocolaires, les deux sœurs sillonnent la
ville où elles font les boutiques. Chez Warski dans le très tendance West End
londonien, Jackie tombe alors sur une broche vintage en forme de soleil sertie
de diamants.
Le seul problème est sans doute son coût exorbitant : l’équivalent
de 100.000 dollars. Dotée d'un sens des affaires plus important que son compte
en banque, la première dame parvient à échanger l'objet convoité contre les
broches en feuilles de diamants offertes en cadeau de mariage par ses
beaux-parents, Joe et Rose Kennedy. Pour ne pas les vexer, elle prend soin d'en
commander des répliques exactes avant de rentrer à Washington. À son retour aux
États-Unis, Jackie Kennedy range sa trouvaille et ne la ressort qu’un an plus
tard, pour une occasion très particulière.
Le
"diadème" de la première dame
Ce soir d’avril 1962, le couple présidentiel reçoit le Shah d’Iran
et l’impératrice Farah lors d’une réception. Jackie connaît l’immensité des
trésors de la shabanou et souhaite impressionner son invitée. Mais comment
rivaliser avec la tiare Harry Winston aux sept émeraudes de l'impératrice
d'Iran quand elle ne possède que quelques colliers de perles et de discrètes
boucles d’oreilles ? Jackie se souvient alors de la broche soleil et a l’idée
de la fixer dans sa chevelure, clin d’œil au diadème de l’impératrice.
Sous les ors de l’ambassade iranienne à Washington, la première
dame est ravissante. Sa robe rose poudrée signée Christian Dior mais surtout
son bijou qui scintille au haut de son chignon font sensation. Un tel
engouement qu’elle porte exactement la même tenue assortie à sa broche un mois
plus tard, le 11 mai 1962, lors d’un dîner en l’honneur du ministre français de
la culture André Malraux.
Jacqueline Kennedy ne sort désormais plus sans
sa broche "Soleil". Elle lui rend cependant sa fonction première un
mois plus tard, en l'épinglant sur le corsage de sa robe bustier bleue en soie
conçue par Oleg Cassini lors d'un dîner d’État à Mexico. Comme un signe du
destin, l’une des dernières apparitions du bijou a lieu en avril 1963, sept mois
avant l’assassinat de John Fitzgerald Kennedy. La première dame l'arbore à
nouveau dans les cheveux pour un gala en l'honneur de la grande-duchesse
Charlotte de Luxembourg.
À partir de novembre 1963, veuve du président des États-Unis,
Jackie n'arbore plus que sporadiquement sa broche (exceptée dans les années
1980, dans un restaurant parisien). Comme si depuis cet événement tragique, son
soleil avait disparu. Des années plus tard, c’est sur sa fille Caroline
Kennedy, que la "Sunburnt" fait un retour remarqué, en 2009 puis
2012, lors de l'Annual Kennedy Center Honours. Quand un journaliste reconnaît le bijou et pose la question à sa fille,
cette dernière se fend d’un simple "ma mère me l’a donnée". Répliquée par divers
bijoutiers et malgré plusieurs ventes aux enchères des effets personnels de
Jackie Kennedy, la broche originale est finalement restée dans la famille, tel
un précieux héritage.
https://www.pointdevue.fr/lifestyle/joaillerie/lhistoire-secrete-de-la-broche-diademe-de-jackie-kennedy
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