Les
initiations représentent des étapes déterminantes dans la vie des êtres
humains. Elles scandent l'existence sans possibilité de retour en arrière :
elles impliquent une transformation définitive. En Afrique, elles sont souvent
orchestrées par les sociétés qui en font des passages obligés pour accéder à
une position particulière.
Les plus connues concernent la transition vers le
monde des adultes, mais les rituels qui accompagnent la naissance, la mort ou
d'autres changements de statut en font également partie. Elles étaient
autrefois habituelles en Afrique centrale. Aujourd'hui, elles disparaissent
progressivement ou perdent leur implacable rigueur. Elles résistent mal aux
exigences de la vie contemporaine, aux rythmes scolaires, aux religions
importées, à l'exploitation économique, à l'instabilité politique et aux
pressions normatives de la mondialisation.
L'exposition
réunit des oeuvres de collections privées et publiques – musée Dapper,
Wereldmuseum de Rotterdam, Museum aan de Stroom d'Anvers... –, mais surtout,
fait exceptionnel, un nombre conséquent de pièces majeures du musée royal de
l'Afrique centrale de Tervuren (Belgique). En effet, la fermeture de ce dernier
pour rénovation permet d'en présenter au public du musée Dapper d'importantes
séries d'objets et de les mettre en valeur.
Masques de Romuald Hazoumè
Les masques sont
des agents incontournables dans presque toutes les initiations : ils
inquiètent, ils enseignent, ils protègent, ils infligent des épreuves, ils
dévoilent leurs secrets et participent activement à la quête identitaire.
Ceux de Romuald Hazoumè
s'inscrivent admirablement bien dans le bouillonnement créateur des grandes
transformations, générant surprises et interrogations. Ses oeuvres sont aussi
le résultat d'un processus initiatique, celui qui a mené cet artiste béninois,
aujourd'hui célèbre, à interroger son rôle et à explorer de nouvelles pistes de
réflexion sur la société de consommation : le gaspillage révoltant de
l'Occident et les enjeux de la récupération en Afrique. Lui-même a évolué dans
un milieu où le christianisme se frottait aux rites du vaudou béninois, s'en
imprégnait, s'y mêlait.
Il observe avec humour, mais sans aucune condescendance,
le choc de cultures dont il éprouve les limites par le biais de sa démarche
artistique. Ses masques, bien évidemment, rappellent ceux des initiations
africaines, mais ils évoquent aussi ceux pour lesquels l'Occident conçoit un
engouement suspect et, parce qu'ils sont bidons au sens propre et figuré, ils
nous renvoient nos contradictions, nos questionnements sur l'authenticité,
notre dévotion pour l'Art et ses manifestations.
http://www.dapper.fr/exposition-prochaine.php
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