Les effets du
réchauffement climatique et notre manque d'action en faveur du climat nous
poussent à faire le deuil du monde tel que nous le connaissons.
Par Sandra Lorenzo
Que vous viviez de
près ou de loin le réchauffement climatique, vous pouvez ressentir de
l'éco-anxiété.
PSYCHOLOGIE - Depuis
ce lundi 29 juillet, nous sommes dans le rouge. Nous avons épuisé toutes les
ressources renouvelables de la planète, cinq mois avant la fin de l’année.
“Nous avons pêché plus de poissons, abattu plus d’arbres et cultivé plus de
terres que ce que la nature peut nous offrir au cours d’une année. Quant à nos
émissions de gaz à effet de serre, elles ont été plus importantes que ce que
nos océans et nos forêts peuvent absorber”, résume WWF.
Cette date arrive toujours plus tôt dans le
calendrier. Elle est devenue un véritable rendez-vous médiatique, un énième
rappel de l’urgence écologique et une nouvelle occasion de sentir nos
entrailles se contracter face à notre manque d’action et à la fin de notre
planète telle que nous la connaissons.
Au début de son
engagement, Greta Thunberg a fait une dépression pendant plusieurs mois après
avoir regardé des documentaires sur les ours polaires et la fonte des glaces.
“Cela m’a beaucoup atteinte, confiait-elle au New York Times. J’ai commencé à
penser à ça tout le temps et je suis devenue très triste. Ces images sont
restées bloquées dans ma tête.” Et elle n’est pas la seule. En France comme
ailleurs, cette inquiétude gagne du terrain.
Parmi les victimes
de l’éco-anxiété, on retrouve aussi les scientifiques eux-mêmes. Sur le site
“Is This How You Feel”, des spécialistes du climat partagent dans des lettres
manuscrites leurs ressentis, leurs espoirs mais aussi leur crainte et leur
colère face à l’ampleur de ce qu’ils veulent accomplir et au peu de réactions
que cela engendre.
“Cette angoisse a
toujours existé dans le militantisme écologique, mais elle s’est récemment
aggravée sous l’effet d’une réduction des horizons temporels. Le dérèglement
climatique ne va plus affecter les générations futures mais celles
d’aujourd’hui, analyse Luc Semal, maître de conférences en sciences politiques
au Muséum national d’histoire naturelle, interrogé par Le Monde. Ce sujet est
tellement écrasant, d’un point de vue émotionnel, qu’il peut phagocyter la vie
personnelle”.
Éco-anxiété, éco-paralysie ou solastalgie?
Plusieurs termes
existent pour définir cette angoisse. L’éco-anxiété désigne ce que les gens
ressentent lorsqu’ils se sentent constamment rappelés aux problèmes associés au
changement climatique. L’éco-paralysie renvoie au sentiment lié au fait de ne
pas être capable de faire des choses concrètes pour atténuer les risques liés
au changement climatique. La solastalgie est définie comme “l’état d’impuissance
et de détresse profonde causé par le bouleversement d’un écosystème”, selon les
termes de Glenn Albretch, philosophe de l’environnement et professeur au
Département d’études environnementales de l’Université de Murdoch, en
Australie, qui a inventé ce mot.
Les premières
victimes de l’éco-anxiété sont celles qui subissent les conséquences immédiates
du changement climatique. Dans un rapport publié en mars 2017, l’association de
psychologie américaine montre que, parmi les personnes qui ont subi,
directement ou non, une catastrophe climatique, jusqu’à 40% d’entre elles
contractent une psychopathologie, en majorité de l’anxiété mais aussi des
pensées suicidaires ou du stress post-traumatique.
Les effets de cette
anxiété ont pu être observés par exemple sur les victimes de l’ouragan Katrina
qui a touché La Nouvelle-Orléans, mais aussi auprès de la communauté inuite.
Celle-ci vit dans une des parties du monde où le réchauffement climatique progresse
le plus rapidement. Dans cinq communautés du nord du Canada, depuis le début
des observations, les problèmes de drogue et d’alcoolisme ont augmenté pour
“remplir le vide” laissé par cet environnement qu’ils ne reconnaissent plus.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/angoisse-climatique-souffrez-vous-de-solastalgie_fr_5d3eb1c0e4b0db8affaaea4c
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