Sonia Rykiel, maison de prêt-à-porter française, célèbre pour sa
maille et ses rayures colorées, a été liquidée jeudi faute de repreneurs, trois
ans après la disparition de sa créatrice à la flamboyante chevelure rousse
En plein Mai 68, Sonia Rykiel ouvre sa
première boutique, dans le Quartier latin
PIERRE GUILLAUD/AFP
Sonia Rykiel, maison de prêt-à-porter française, célèbre pour sa
maille et ses rayures colorées, a été liquidée jeudi faute de repreneurs, trois
ans après la disparition de sa créatrice à la flamboyante chevelure rousse.
Après avoir repoussé à trois reprises la date de clôture pour le
dépôt des offres, les juges du tribunal de commerce de Paris, réunis en
audience, se sont prononcés pour la liquidation judiciaire immédiate. La griffe
parisienne de prêt-à-porter, en difficulté depuis le décès de sa créatrice
emblématique en 2016, à l'âge de 86 ans, avait demandé en avril son placement
en redressement judiciaire.
Au cours des derniers mois, une petite dizaine de repreneurs
avaient manifesté leur intérêt pour la marque. Trois offres - sur une partie
des activités seulement - sortaient du lot: un dossier emmené par Emmanuel
Diemoz, ancien dirigeant de Balmain, une proposition émanant d'un groupe
chinois et une autre formulée par des entrepreneurs du secteur immobilier. Mais
tous ont finalement jeté l'éponge, et les juges n'ont donc eu aucune offre à
examiner jeudi, selon plusieurs sources concordantes.
"Cela implique le licenciement des 131 salariés", a
commenté auprès de l'AFP l'avocat des représentants des salariés, Thomas
Hollande, à l'issue de l'audience, alors que plusieurs employés, qui avaient
fait le déplacement jusqu'au tribunal, fondaient en larmes à l'annonce de la
liquidation.
30 millions de perte
en 2018
"A présent, la tâche des représentants des salariés va être de
négocier les meilleures conditions de départ possibles", a souligné Me
Hollande (fils de l'ancien président français). "La liquidation va aussi
donner lieu à la vente des actifs, dont le principal est la marque, mais aussi
le stock et les fonds de commerce. Nous avons demandé à ce qu'une partie de cet
argent puisse servir aux salariés", a-t-il ajouté.
En 2018, la griffe de Saint-Germain-des-Prés fondées à la fin des
années 1960, a enregistré 35 millions d'euros de ventes, pour une perte nette
de 30 millions d'euros. Elle compte actuellement un réseau de six boutiques
qu'elle possède en propre, ainsi que quatre "outlets" (magasins de
déstockage), et réalise un peu plus de 50% de ses ventes en France.
En 2012, alors qu'elle était à la tête d'une des dernières maisons
de mode encore indépendantes en France, la créatrice Sonia Rykiel avait décidé
de céder 80% du capital de la société au fonds d'investissement chinois Fung
Brands (devenu depuis First Heritage Brands), holding de la famille Fung de
Hong Kong, dirigé par le Français Jean-Marc Loubier.
"Erreur de
positionnement"
Ce fonds - qui possède aussi la marque belge de maroquinerie de
luxe Delvaux et le chausseur Clergerie - était monté à 100% du capital début
2016. En sept ans, quelque 200 millions d'euros ont été investis dans la marque
Sonia Rykiel par ses actionnaires.
"Pour les salariés, c'est tellement triste de finir comme ça.
Surtout que ceux qui sont encore là ont voulu rester malgré le premier PSE
(plan social, ndlr) en 2016. On est attachés à cette maison, surtout qu'au
début c'était une société familiale", a réagi une employée comptant 29 ans
d'ancienneté dans la maison. Assise avec deux autres collègues - comptant 18 et
19 ans de maison - sur un banc devant la salle d'audience, elles avaient tenu à
être présentes pour le jugement.
"Le décès de Sonia Rykiel a précipité les choses, même si la
société n'allait déjà pas bien", confie l'une d'entre elles, sous couvert
d'anonymat, rappelant qu'à l'apogée de son succès, la marque comptait plus de
400 salariés et 30 boutiques.
"Le problème c'est qu'ensuite, les nouveaux propriétaires
n'ont pas gardé les codes et les bases de la maison, comme la maille et les
rayures, ils ont dilué ce qui faisait l'identité de la marque et se sont lancés
dans une course au luxe alors qu'on faisait du prêt-à-porter, il y a eu une
erreur de positionnement, le produit n'a pas suivi", ajoute sa collègue.
Fondée à la fin des années 1960, le "style" Sonia Rykiel - elle-même
fine silhouette vêtue de noir à la chevelure rousse flamboyante - s'inscrivait
dans le mouvement de libération du corps féminin, mélangeant petits pulls
moulants, rayures colorées et liberté audacieuse.
(Source : AFP)
https://www.challenges.fr/luxe/trois-ans-apres-la-mort-de-sonia-rykiel-sa-maison-de-pret-a-porter-liquidee_666201#xtor=EPR-2-[ChaActu18h]-20190725
No hay comentarios:
Publicar un comentario