Charles Ratton, l’invention des Arts "Primitifs"
du mardi 25 juin au dimanche 22 septembre 2013
À propos de l'exposition
Cette
exposition est l’occasion de mettre en valeur le regard de Charles Ratton
(1895-1986), expert, marchand et collectionneur qui a marqué l’histoire de la
réception des arts "primitifs", en faisant la promotion d’objets
dérogeant au goût pour l’art "nègre" qui prévalait jusqu’aux années
1930.
Sa
proximité avec les milieux des musées, ainsi que sa curiosité scientifique,
dont témoigne la richesse de ses archives, ont contribué à nourrir son
expertise.
Par ses activités de marchand et les expositions qu’il a
organisées, il a participé au glissement de statut des œuvres d’Afrique,
d’Amérique et d’Océanie : d’objets d’étude anthropologique à objets
d’art dans les années 1930, puis chefs-d’œuvre dans les
années 1960, en France mais également aux États-Unis. L’évocation de ses
liens avec les artistes (les Surréalistes, Jean Dubuffet) et la photographie
(photographie "documentaire" et artistique : Man Ray) participe à la
mise en valeur de ce glissement vers l’art et l’histoire.
Parcours de l'exposition
Portrait
de Charles Ratton, Studio Harcourt, Paris, années 1930. Archives Charles
Ratton. Guy Ladrière, Paris © musée du quai Branly, photo Claude Germain.
L’exposition
rassemble plus de 200 œuvres (sculptures, objets en trois dimensions et
documents tels que cartons d’invitations, affiches, catalogues).
L'univers de Charles Ratton, entre curiosité et érudition
L'exposition
s'ouvre sur la reconstitution du bureau de Charles Ratton. Traité comme un
cabinet de curiosités, ce premier espace donne à voir les œuvres
d’art qui entouraient Charles Ratton au quotidien, dans le décor de son bureau.
Cette section rassemble aussi ses notes et croquis qui témoignent de
sa méthode de travail extrêmement précise.
Des
objets de diverses provenances géographiques (Extrême-Orient, Afrique,
Océanie,...) et temporelles (Antiquité, Moyen-Âge) soulignent la
diversité de ses achats, ainsi que ses liens avec les Surréalistes, parmi
lesquels Tristan Tzara, Roland Tual ou encore Paul Éluard.
Le marchand des surréalistes et l'activité vers les États-Unis
Dès les
années 1920, Charles Ratton s’impose comme le connaisseur de cultures
méprisées et mal connues en créant la figure du marchand érudit. Il
développe un réseau d’acheteurs et de prêteurs dans lequel les grands
amateurs fortunés côtoient artistes d’avant-garde et poètes surréalistes
désargentés.
Très
vite, Charles Ratton comprend qu’il ne suffit pas d’être le premier à Paris,
mais qu’il faut être international et prendre pied aux États-Unis.
Enfin, il s’appuie sur tous les moyens de communication modernes :
presse, photographie et cinéma.
Dans
cette section, le visiteur découvre Charles Ratton, à travers les expositions
et ventes auxquelles il est associé, en France et aux États-Unis.
Charles Ratton et l’art brut
De leur
rencontre en 1944 jusqu'à la fin des années 1950, Ratton et Jean
Dubuffet se voient souvent et correspondent. Ratton présente
Dubuffet à Pierre Matisse, qui l’introduit aux États-Unis. Il l’initie à
la sculpture africaine et lui montre des travaux de "fous". Son rôle
est décisif dans l’invention de la notion d’ "art brut" et la
création de la Compagnie de l’Art Brut qu'il cofonde en
1948 avec André Breton et Henri-Pierre Roché. Il y fait
adhérer Georges Henri Rivière et l’un de ses grands
collectionneurs, le baron Eduard von der Heydt.
Une
partie de la correspondance entre Charles Ratton et Jean Dubuffet est exposée
dans cette section.
Après
la guerre, Charles Ratton, qui est demeuré à Paris durant l’Occupation, renoue
avec les Surréalistes de retour de leur exil américain et poursuit son
activité de marchand international. Il apparaît alors comme la référence
suprême en matière d’Afrique et d’Océanie et sa galerie de la rue de
Marignan est visitée par tous ceux qui comptent dans le monde des amateurs et
des savants.
Jusqu’à
la fin des années 1970, malgré l’âge et l’apparition d’une nouvelle génération
de marchands voyageurs, il se maintient au premier rang, participant au
triomphe, mais aussi au renchérissement régulier d’objets qui sont de
plus en plus considérés comme des chefs d’œuvres du patrimoine mondial.
Le mystère, malgré tout
Dans
les années 1980, Charles Ratton souhaite offrir le meilleur de sa collection au
musée du Louvre. L’institution n’ouvrira pourtant ses portes aux arts
extra-occidentaux que 20 ans plus tard, après avoir refusé à plusieurs
reprises les propositions de dons du marchand.
Si
Charles Ratton contribue à faire connaître certains aspects de la création
artistique extra occidentale et en particulier les arts de cour, la nature
des rapports qu'il entretient avec les objets reste mystérieuse. Soucieux
d'en conserver la mémoire mais aussi d'en contrôler l'image, il photographie
chaque objet passé entre ses mains. Il en est un dont il ne se sépare jamais et
qui pourrait offrir quelques clés d'interprétation des liens entretenus par le
collectionneur à l'art : cette œuvre représente un homme assis, frappé
d'immobilité tandis que sa tête est happée par la gueule d'un serpent cornu.
Œuvre
rare, sans doute réalisée à l'attention des Européens, et qui incarne la
discrétion et le secret d'un homme qui ne voulut jamais rien révéler ni de son
parcours, ni de son activité. Étrange et contradictoire, expression de la
prédation et de la dévoration, elle peut être interprétée comme un reflet
déformé du rapport entretenu par Charles Ratton à l'art et au marché :
passionnel, parfois aveuglant mais toujours maîtrisé et chargé d'émotions.
http://www.quaibranly.fr/es/programmation/exposiciones/actualmente/charles-ratton-la-invencion-de-las-artes-primitivas.html
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