La série documentaire de France 5 fait étape chez cette figure légendaire de la musique, aux Maisonnettes, sa maison de campagne de Gargenville (Yvelines).
Par Renaud Machart
Photo non datée de Nadia Boulanger. ARCHIVES
DU CENTRE INTERNATIONAL NADIA ET LILI BOULANGER
FRANCE 5 – DIMANCHE 7 AOÛT À 22 H 40 – SÉRIE
DOCUMENTAIRE
Ce numéro de la série « Une maison, un artiste » a eu la bonne idée
de s’intéresser à la figure légendaire de Nadia Boulanger (1887-1979), « celle
qui dicte l’enthousiasme et la rigueur », selon son ami Paul Valéry
(1871-1945), et qui eut pour élèves de nombreux compositeurs aux esthétiques
les plus diverses : Aaron Copland − son préféré −, Michel Legrand, Philip
Glass, Quincy Jones, Astor Piazzolla… A la fin de sa vie, la pédagogue, qui fut
aussi pianiste, organiste et l’une des premières cheffes d’orchestre à la
carrière internationale, prend en charge (et en affection) le jeune Emile
Naoumoff, pianiste bulgare de 8 ans à la prodigieuse maturité. Il est l’un de
ses élèves qui témoignent au cours du documentaire.
Nadia Boulanger avait une aura extraordinaire, enseignait les
strictes règles académiques mais ne jurait que par Stravinsky. Elle remettait
sur les rails des compositeurs égarés, ouvrait des univers formateurs aux
musiciens de culture populaire. Tous ses élèves n’étaient pas aussi doués à ses
yeux, mais, ainsi que le rapporte Emile Naoumoff, « elle valorisait l’effort,
le caractère, pas le talent ». Pieuse, austère (mais habillée par Jeanne
Lanvin), proche de la haute société − on la surnommera « la petite sœur des
riches » −, la musicienne était généreuse et attentive, faisant payer les
élèves en fonction de leurs moyens, les logeant parfois à titre gracieux, les
invitant le week-end aux Maisonnettes, la propriété familiale de Gargenville
(Yvelines). C’est à cette demeure que s’intéresse ce
numéro d’« Une maison, un artiste ».
Documents inédits
Evidemment, l’essentiel de la vie
professionnelle quotidienne de Nadia Boulanger, là où elle donnait ses leçons,
dont les fameuses du mercredi à 15 heures, là où se trouvait son orgue
Cavaillé-Coll et là où elle habita, se tenait dans l’appartement au quatrième
étage du 36, rue Ballu, dans le 9e arrondissement (actuellement 3, place
Lili-et-Nadia-Boulanger). Malheureusement, le film de Laurence Lowenthal ne
montre rien de ce lieu-clé, légué à l’Institut de France après la mort de Nadia
Boulanger. Si le portrait de la musicienne et pédagogue est, dans l’ensemble,
bien traité, on note, ici et là, un manque de rigueur documentaire et
historique.
Ainsi, le compositeur et chef d’orchestre
Leonard Bernstein (1918-1990), qui la connaissait depuis 1947, ne fut jamais
son élève. Erreur encore, Nadia Boulanger n’a pas arrêté de composer en 1918 à
la mort de sa sœur, la jeune compositrice superbement douée Lili Boulanger, et
la pièce pour piano Vers la vie nouvelle, achevée dès 1915 (et non 1918 comme
il est indiqué), n’est pas sa « toute dernière œuvre » : elle écrira six
mélodies pour chant et piano en 1920........
https://www.lemonde.fr/culture/article/2022/08/07/une-maison-un-artiste-sur-france-5-quand-nadia-boulanger-ouvrait-sa-porte-et-son-c-ur_6137437_3246.html
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