Grâce à cet ouvrage exceptionnel, qui réunit plus de 350 lettres inédites couvrant trois décennies (1946-1977) et ses mémoires inachevés, le vœu de Maria Callas devient enfin réalité.
Chaque été, durant les mois de juillet et d’août, des milliers d’adeptes de Richard Wagner viennent célébrer son culte sur la "colline sacrée" de Bayreuth et communier autour de ses œuvres éternelles.
Il y a presque un siècle et demi, en 1876, Richard Wagner, chassé
de Munich par le roi Louis II, créait son propre "royaume" dans la
capitale de la Haute-Franconie. Son ancien mécène, malgré ses réticences, a
accepté de lui accorder une subvention de 100.000 thalers pour la construction
d’un nouveau théâtre, conçu par l’architecte Gottfried Semper. Dans l’esprit du
compositeur, il s’agissait d’un bâtiment provisoire, en briques et bois, qui
serait remplacé ultérieurement par un édifice plus ambitieux. Il n’en a rien
été et, depuis lors, le Bayreuther Festspielhaus – le Palais des Festivals de
Bayreuth –, avec ses gradins à l’antique, sa fosse d’orchestre invisible et
l'"abîme mystique" entre la salle et la scène, est resté le temple
incontesté de la liturgie wagnérienne.
Bayreuth, le
"royaume" de Richard Wagner
L’inauguration a lieu du 13 au 17 août 1876, par une exécution complète de la tétralogie de l’Anneau du Nibelung, les deux derniers opéras – Siegfried et Le Crépuscule des dieux – en création internationale. L’événement connaît un retentissement exceptionnel.
Des souverains ont tenu à y assister,
comme l’empereur allemand Guillaume II et l’empereur du Brésil Pierre II. Quant au roi de Bavière, il a préféré assister incognito à une
représentation privée, dans la salle vide. Il y a là également d’autres musiciens célèbres, tels Anton Bruckner,
Edvard Grieg, Franz Liszt…
Piotr Tchaïkovski écrit : "Il s’est passé quelque chose à Bayreuth dont nos petits-enfants et leurs enfants se souviendront". Succès artistique, le festival connaît néanmoins des difficultés financières et il faudra attendre plusieurs années pour équilibrer les comptes et pérenniser l’expérience. La création de Parsifal, lors de la deuxième saison du Festspiel, en 1882, complète le répertoire "canonique" de Bayreuth.
Le compositeur
allemand Richard Wagner dont les œuvres romantiques ont révolutionné l'opéra. ©
Hulton Archive/Getty Images
Après la mort de Wagner, l’année suivante, c’est sa seconde épouse Cosima, fille de Liszt et de Marie d’Agoult qui maintiendra le flambeau durant près d’un demi-siècle, en établissant le rythme annuel.
Elle fera du festival une
institution rentable, et impérissable. Avec les représentations à Bayreuth de
Tristan et Isolde en 1886, des Maîtres-chanteurs de Nuremberg en 1888, de
Tannhäuser en 1891, la nouvelle production de la Tétralogie en 1896 et pour
finir le Vaisseau fantôme en 1901, la "reine veuve de Bayreuth" fixe
le répertoire tel que Wagner lui-même l’avait souhaité.
Jusque dans les années 1920, les représentations respectent scrupuleusement les traditions établies sous le patronage de Louis II. Aucune note n’est retranchée, au risque d’épuiser un public pourtant endurant.
Après
la naissance du IIIe Reich, Winifred, la belle-fille de Wagner, utilisera son
amitié personnelle avec Adolf Hitler pour conserver au festival une relative
indépendance, non sans introduire des innovations dans la mise en scène et
l’interprétation, au grand dam des puristes.
Le plus ancien
festival de musique classique au monde
À la fin de la Seconde Guerre mondiale, les deux-tiers de Bayreuth ont été détruits par les bombardements alliés, mais le théâtre est resté intact. Winifred, condamnée pour sa proximité avec le nazisme, doit céder la main à ses deux fils Wolfgang et Wieland. Le festival rouvre en 1951. Sous la direction de Wieland, qui meurt en 1966, Bayreuth connaît une véritable révolution. Les décors naturalistes de l’époque romantique sont remplacés par une scénographie minimaliste et "post-moderne".
Les éléments nationalistes et les racines allemandes tendent à être effacés. Certains conservateurs, outrés par de tels "sacrilèges", en arrivent à siffler et à huer à la tombée du rideau !
À partir de 1973, face à de vives critiques et en raison de
querelles familiales, le festival est confié, avec ses actifs à une
"Fondation Richard Wagner" de droit public, dont le conseil
d’administration comprend des héritiers de l’artiste et des mandataires de
l’État allemand. Wolfgang, le petit-fils survivant de Wagner, en assurera la
direction jusqu’en 2008, date à laquelle il cédera ce poste à ses deux filles –
Katharina Wagner et Eva Wagner-Pasquier – qui l’exerceront conjointement.
Aujourd’hui, Bayreuth demeure le plus ancien festival de musique
classique au monde, et sans doute le plus mythique. Chaque année, 500.000
mélomanes passionnés convoitent l’achat d’un billet afin d’assister à cette
"œuvre d’art totale", selon l’expression de Wagner. Moins de 10%
d’entre eux voient leur rêve exaucé…
https://www.pointdevue.fr/culture/arts/le-festival-de-bayreuth-le-sanctuaire-de-la-musique-wagnerienne
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