« Historiquement, la cour était à
Versailles un lieu d’observation constante – de soi-même et des autres – les
strictes normes sociales de l’époque étaient maintenues au moyen d’un réseau de
regards. L’architecture baroque du Château servait à accroître la visibilité,
devenant l’admirable instrument d’un pouvoir exercé exclusivement par le Roi.
Aujourd’hui, nous portons sur Versailles un regard différent, et quand je le
visite, je me demande comment vous, visiteur, voyez ce site emblématique. Quel
effet provoque-t-il sur vous ? Sommes-nous tous devenus des rois ? Le
Versailles dont j’ai rêvé est un lieu qui responsabilise chacun. Il invite les
visiteurs à prendre le contrôle de leur expérience au lieu de simplement
consommer et être éblouis par la grandeur.
Il leur demande d’ouvrir leurs sens,
de saisir l’inattendu, de flâner à travers les jardins, et de sentir le paysage
prendre forme à travers leur mouvement. Pour mon exposition cet été, je réalise
dans le château une série de subtiles interventions spatiales en déployant des
miroirs et des lumières ; dans le jardin, j’utilise le brouillard et l’eau pour
amplifier le sentiment d’impermanence et de transformation. Les oeuvres diluent
l’agencement formel des jardins tout en faisant revivre une idée originale, jamais
réalisée, du paysagiste André Le Nôtre : l’installation d’une cascade dans
l’axe du Grand Canal. Cette cascade qui ravive l’ingéniosité de l’ingénierie du
passé est aussi construite que l’était la cour ; j’ai laissé ses éléments de
construction à la vue de tous, apparemment étrangers ils étendent la portée de
l’imagination humaine.»
http://www.chateauversailles.fr/a-la-une/evenements/evenements/expositions/olafur-eliasson
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