du 21 octobre 2021 au 20 février 2022
présente « Cartier et les arts de
l’Islam. Aux sources de la modernité », coproduite par le Musée des Arts
Décoratifs, Paris et le Dallas Museum of Art, avec la collaboration
exceptionnelle du musée du Louvre et le soutien de la Maison Cartier.
Cette exposition montre les influences des arts de l’Islam sur la
production de bijoux et d’objets précieux de la Maison de haute joaillerie, du
début du XXe siècle à nos jours. Plus de 500 pièces – bijoux et objets de la
Maison Cartier, chefs-d’œuvre de l’Art islamique, dessins, livres,
photographies et documents d’archives – retracent ainsi l’origine de cet intérêt
pour les motifs orientaux.
Elle revient notamment sur le contexte parisien de l’époque et les
figures de Louis et Jacques Cartier, petits-fils du fondateur, qui ont joué un
rôle significatif dans la naissance d’une esthétique nouvelle empreinte de
modernité.
Créée en 1847 par Louis-François Cartier, la Maison est
initialement spécialisée en vente de bijoux et d’objets d’art. Son fils Alfred
reprend la direction de l’activité en 1874 et y associe son fils aîné Louis en
1898. Cartier conçoit alors ses propres bijoux tout en poursuivant une activité
de revente de pièces anciennes. Au début du XXe siècle, Louis Cartier est à la
recherche de nouvelles sources d’inspiration. Paris est alors le haut lieu du
commerce de l’art islamique et c’est certainement au travers des grandes
expositions organisées à Paris, au Musée des Arts Décoratifs en 1903 puis à
Munich en 1910, que Louis découvre avec passion ces formes nouvelles qui
imprègnent progressivement la société française.
À travers un parcours thématique et chronologique décliné en deux volets, l’exposition retrace, dans une première partie, l’origine de cet intérêt pour les arts et l’architecture de l’Islam à travers le contexte culturel parisien du début du XXe et explore le climat de création autour des dessinateurs et des ateliers, à la recherche de leurs sources d’inspiration. La seconde partie illustre le répertoire de formes inspiré par les arts de l’Islam depuis le début du XXe siècle jusqu’à nos jours.
Dès l’introduction, le visiteur est plongé au cœur des formes et
des motifs : trois créations emblématiques de la Maison Cartier sont mises en
regard de chefs-d’œuvre des arts de l’Islam. Tout au long de la galerie nord,
l’enfilade de salles invite à explorer le processus de création, à la recherche
des premières sources d’inspiration des bijoux. Les ouvrages conservés dans la
bibliothèque de Louis Cartier et la collection d’art islamique qu’il a réunie
sont autant de ressources rendues accessibles aux dessinateurs. La collection
personnelle de Louis, reconstituée grâce aux archives de la Maison, est ici
présentée au travers de plusieurs chefs-d’œuvre réunis pour la première fois
depuis la dispersion de la collection. Parmi les dessinateurs, figure au
premier rang Charles Jacqueau, dont le fonds de dessin est ici présenté grâce
au prêt exceptionnel du Petit Palais, musée des Beaux-arts de la Ville de
Paris.
L’exposition se poursuit avec les voyages que Jacques Cartier
entreprend notamment en Inde, en 1911, pour rencontrer les princes de la
péninsule. Le commerce des pierres précieuses et des perles ouvre à Jacques
Cartier la voie vers ce pays. Ils lui permettent de développer la clientèle des
maharadjahs et de collecter des bijoux anciens et contemporains, pour les
revendre en l’état, s’en inspirer ou les recomposer au sein de créations
nouvelles.
Ces différentes sources d’inspiration et les bijoux orientaux qui enrichissent les stocks de la Maison contribuent au renouvellement des formes mais aussi des techniques de fabrication. Les aigrettes, les pompons, les bazubands (bracelet allongé fixé sur le haut du bras) sont déclinés à l’envi et adaptés dans leurs formes, leurs couleurs et leurs matières au goût du jour. La flexibilité des bijoux indiens donne naissance à des innovations techniques, de nouvelles montures et assemblages. L’intégration de parties de bijoux, de fragments d’objets islamiques, désignés comme « apprêts », et l’utilisation de textiles orientaux pour créer des sacs et accessoires constituent également l’une des marques de création de la Maison en ce début de XXe siècle.
La seconde partie de l’exposition est entièrement consacrée, dans
la galerie sud, au répertoire des formes inspirées par les arts de l’Islam, à
travers, notamment, des œuvres du Musée des Arts Décoratifs et du musée du
Louvre. La plupart de ces œuvres ont été présentées lors des premières
expositions consacrées aux arts de l’Islam, alors certainement vues par les
dessinateurs de la Maison ou connues par eux au travers des publications
conservées dans la bibliothèque de Louis Cartier.
Célèbre pour sa production de bijoux de style guirlande, la Maison
Cartier développe, dès 1904, des pièces dont les lignes s’inspirent des
compositions géométriques issues des arts de l’Islam découvertes au travers des
livres d’ornements et d’architecture. Décors de briques émaillées originaires
d’Asie centrale, merlons à degrés… constituent les bases d’un répertoire
précurseur qualifié plus tard d’« art déco » – en référence à l’Exposition
internationale des arts décoratifs et industriels modernes de Paris en 1925 –
et qui très tôt a fait entrer la Maison dans la modernité.
La production de la Maison sous la direction artistique de Louis
Cartier est notamment marquée par une inspiration issue du monde iranien et des
arts du livre. Les motifs qui ornent les reliures – médaillon central cerné de
fleurons et d’écoinçons – sont repris parfois en l’état, mais ils sont plus
souvent décomposés et recomposés de manière à créer un motif dont la source
devient illisible à tout oeil non exercé. C’est le cas des mandorles,
palmettes, fleurons, rinceaux, sequins, ondulations, écailles… Louis innove par
de nouvelles associations de couleurs et de matières, mariant le lapis lazuli
et la turquoise, associant le vert du jade ou de l’émeraude au bleu du lapis
lazuli ou du saphir pour créer son célèbre « décor de paon ».
Sous la direction artistique de Jeanne Toussaint, le style de la
Maison laisse place, dans les années 1930, à de nouvelles formes et
associations de couleurs inspirées essentiellement du monde indien. Tutti
Frutti, sautoirs, bijoux en volume caractérisent le style hautement
reconnaissable de la Maison et ses nouvelles productions qui émaillent la
seconde moitié du XXe siècle.
L’espace central de la nef complète ce parcours avec des dispositifs digitaux élaborés avec les équipes d’Elizabeth Diller, du studio DS+R, destinés à apporter une autre dimension aux bijoux.
Parfois aisément identifiables, d’autres fois décomposés et
recomposés jusqu’à rendre leur source intraçable, les motifs et les formes
issus des arts et de l’architecture de l’Islam intègrent le langage stylistique
des dessinateurs jusqu’à constituer encore à ce jour une partie du répertoire
de la Maison, qu’illustrent des pièces de joaillerie contemporaine qui achèvent
ce parcours.
Pour la première fois, le processus de création d’une grande Maison
de joaillerie est mis en lumière. La grande richesse des archives, les nombreux
dessins et le fonds photographique ont permis de retrouver la source originelle
de nombreuses créations de Cartier et de comprendre l’important impact de la
découverte des arts de l’Islam sur la Maison au début du XXe siècle. Le Musée
des Arts Décoratifs a ouvert la voie à ces recherches spécifiques lors de
l’exposition « Purs décors ? Arts de l’islam, regards du XIXe siècle » en 2007,
au moment même où ses collections rejoignaient celles du musée du Louvre, pour
former, grâce à un dépôt de grande ampleur, le département des Arts de l’Islam,
inauguré en 2012. Ces recherches sont aujourd’hui approfondies dans le domaine
de la bijouterie et joaillerie à travers l’histoire créative de la Maison
Cartier.
https://madparis.fr/Cartier-et-les-arts-de-l-Islam-Aux-sources-de-la-modernite-2028
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