du 10
février au 19 juillet 2015
L’exposition Déboutonner la
mode est l’occasion de dévoiler une collection unique au monde de plus de 3000
boutons avec une sélection de plus de 100 vêtements et accessoires de mode
féminine et masculine choisis parmi les couturiers les plus emblématiques tels
que Paul Poiret, Elsa Schiaparelli, Christian Dior, Jean Paul Gaultier ou
encore Patrick Kelly… Acquise en 2012, cette collection a reçu le statut
d’œuvre d’intérêt patrimonial majeur par la Commission consultative des Trésors
Nationaux.
Datées du XVIIIe au XXe
siècle, ces pièces, petites par leur taille, sont de véritables objets d’art
par la préciosité des matériaux et techniques qui entrent dans leur
fabrication. Réalisées par des artisans issus de disciplines diverses :
passementiers, brodeurs, orfèvres, verriers, céramistes ou paruriers, elles
cristallisent à elles seules la mémoire et l’évolution des savoir-faire. Elles
ont aussi suscité l’intérêt de nombreux artistes : peintres, sculpteurs ou
célèbres créateurs de bijoux qui ont créé des modèles uniques destinés aux
maisons de couture signant leurs créations telles des œuvres miniatures à part
entière.
Cette collection,
réunie par Loïc Allio, est exemplaire par sa variété, sa richesse et son
éclectisme. Parmi les pièces exceptionnelles, citons un portrait de femme dans
le goût de
Fragonard, un trio de
boutons inspirés des fables de La Fontaine de l’orfèvre Lucien Falize, un jeu
de huit oiseaux peints sur porcelaine par Camille Naudot et enfin une série de
792 pièces du sculpteur Henri Hamm. Les paruriers, Jean Clément et François
Hugo, et les artistes Jean Arp et Alberto Giacometti, ont œuvré pour la célèbre
créatrice de mode Elsa Schiaparelli, tout comme Maurice de Vlaminck avec le
couturier Paul Poiret. Les maisons de Haute Couture : Dior, Balenciaga, Mme Grès,
Givenchy, Balmain et Yves Saint Laurent ont, quant à elles, privilégié le
travail des bijoutiers Francis Winter et Roger Jean-Pierre. On découvre
également des créations de Sonia Delaunay et de Line Vautrin.
Exposition
"Déboutonner la mode" au musée des Arts décoratifs du 10/02 au
19/07/2015 - YouTube
Dans un parcours
chronologique, l’exposition dévoile ainsi l’histoire incroyable de cet objet à
travers cette extraordinaire collection. Le visiteur découvre qu’il est le
parfait reflet de la créativité et de l’humeur d’une époque. Tableaux,
gravures, dessins et photographies de mode soulignent l’importance de sa place
sur le vêtement et montrent combien il est déterminant dans l’équilibre d’une
silhouette.
Attribué
à Fragonard, fin du XVIIIe siècle
Miniature sur ivoire et cadre en verre églomisé
© Les Arts Décoratifs, Paris / photo : Jean
Tholance
Depuis son apparition au XIIIe
siècle, le bouton a, au fil du temps, conservé une place de choix sur nos
vêtements. Sa production et son utilisation se développent progressivement mais
doivent attendre la fin du XVIIIe siècle pour voir naître l’âge d’or
du bouton en France. Il devient alors un produit de luxe, dont la valeur
dépasse souvent l’habit lui-même. Plus qu’un ornement, il est aussi le moyen
d’afficher ses penchants et même ses opinions se faisant porteur de messages
humoristiques, intimes ou politiques : portraits de la famille royale,
rébus ou scènes de la prise de la Bastille. Ce n’est que vers 1780, à la faveur
de l’anglomanie, que le bouton apparaît dans la mode féminine prenant place sur
des robes et corsages aux coupes inspirées des vêtements masculins.
Au XIXe siècle,
dans la garde-robe masculine, l’art du bouton laisse place à l’art du boutonnage.
Plus petit et discret, il définit cependant le niveau de raffinement du
vêtement ou la distinction de celui qui le porte. L’attention portée à sa
position sur le costume masculin ressort de manière significative notamment sur
les gilets, pièce essentielle de la garde-robe de l’homme élégant.
Durant la seconde moitié du XIXe
siècle, avec la révolution industrielle, la fabrication des boutons se
développe jusqu’à devenir une véritable industrie déclinant à l’infini tailles
et couleurs adaptées à chaque pièce du vêtement ou des accessoires.
Pour les femmes, la taille des
boutons reste aussi plus que modeste alors que leur nombre augmente. Ils
apparaissent alors sur les bottines, les gants et sur la lingerie fine lorsque
vers 1850 les sous-vêtements se font plus nombreux. Leur compte fait l’objet de
notations précises dans les journaux de mode tandis que leur description dans
la littérature de l’époque les place comme une coquetterie raffinée voire un
objet de séduction.
Parallèlement, orfèvres et
joailliers réalisent des boutons précieux qu’ils présentent parfois dans un
écrin comme des bijoux. Ils sont le reflet des courants artistiques qui
marquent l’époque et notamment celui de l’Art nouveau.
Le premier niveau de
l’exposition s’achève avec les années 1910 et le retour de la ligne dite « Empire »
sous l’influence du couturier avant-gardiste Paul Poiret pour qui l’importance
d’un détail, parfois d’un bouton et le point précis où le placer, répond à « une
géométrie secrète qui est la clef de l’esthétisme ».
François
Hugo pour Elsa Schiaparelli, vers 1940
Céramique émaillée
© Les Arts Décoratifs, Paris / photo : Jean
Tholance
Le parcours se poursuit avec
la mode des Années 20 avec ses boutons Art déco et l’apparition des paruriers.
Créateurs d’accessoires, de bijoux et de boutons, étroitement liés à la haute
couture, sont identifiables par un style qui leur est propre mais aussi par les
matériaux qu’ils emploient. Leurs collaborations avec les grands couturiers
sont notamment illustrées par une vitrine consacrée à Elsa Schiaparelli, Jean
Clément et Jean Schlumberger. François Hugo, a créé pour la célèbre couturière
de boutons, de simples cailloux sertis d’or ou de métal plié et compressé. Il a
fait aussi appel à la créativité d’artistes tels Pablo Picasso ou Jean Arp pour
la réalisation de modèles inédits et originaux.
Le déclin du bouton s’amorce
cependant en 1980, alors que les couturiers reviennent vers des créations plus
minimalistes qui rendent au bouton sa fonction originelle.
Au-delà de ces expressions d’auteurs,
l’exposition souligne la manière dont certains couturiers ont, de façon
différente, placé et interprété le bouton dans leurs créations de Gabrielle
Chanel à Christian Dior en passant par Cristobal Balenciaga, jusqu’aux boutons
bijoux d’Yves Saint Laurent. Des modèles des années 2000, avec notamment Jean
Paul Gaultier et son tailleur pantalon, entièrement recouvert de petits boutons
en nacre, ou les manteaux de la maison Céline revisitant de façon subtile et
essentielle le classique double boutonnage, viennent ponctuer le parcours.
Malgré l’apparition et l’utilisation très fréquente de nouveaux systèmes de
fermeture que sont la glissière, le bouton pression et le velcro, le bouton est
toujours présent dans les garde-robes et a encore de beaux jours devant lui.
François
Hugo, boutons, années 1940
Métal
© Les Arts Décoratifs, Paris / photo : Patrick
Gries
http://www.lesartsdecoratifs.fr/francais/musees/musee-des-arts-decoratifs/actualites/expositions-en-cours/mode-et-textile/deboutonner-la-mode/
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