Au Pavillon des Lauriers, d’après le
nom du bâtiment hospitalier psychiatrique où il résidait parfois : «Je veux
rester fou», y clame-t-il, et «je veille / Sur un grain de toute beauté». Dès
l’entrée, le visiteur se trouve plongé dans le fracas du chaos mental orchestré
par Willem Boel. En émergent les schémas métaphysiques d’Arthur Lambert. Dans
une perspective démesurée, inspirée des tunnels décrits par les témoins de mort
clinique, il aborde les visages familiers scrutés au pinceau par Marion
Bataillard et François Malingrëy, puis les corps entiers pris dans les vastes
compositions des mêmes.
«Référence à la folie ou non,
veiller sur un grain de toute beauté m’est apparu comme une définition possible
de cette insaisissable activité que demeure «faire de l’art», que Jean-François
Lyotard entendait lui comme «faire des branchements de libido sur la couleur».
Je cite Bashung et Lyotard, mais la forme même de l’exposition doit plus à
Giuseppe Tomasi di Lampedusa, qui s’attache dans Le Guépard à débusquer les «
racines plus profondes dans un de ces motifs que nous appelons irrationnels
parce que ensevelis sous des amas d'ignorance de nous-mêmes». Comme celui-là,
elle se développe dans l’espace et le temps en profondeur, vers un point
aveugle, on la traverse en se retournant à demi, comme pour jeter un dernier
oeil sur le monde qu’on laisse derrière soi ; on y progresse comme dans un
travelling exagérément ralenti, elle forme en son entier un zoom arrière
sophistiqué. Le grain du titre, ainsi, prend tous ses sens, psychiatrique,
météorologique, épidermique comme pictural.»
http://www.palaisdetokyo.com/fr/exposition/modules-fondation-pierre-berge-yves-saint-laurent/un-grain-de-toute-beaute
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