Alors que les troupes
sassanides et juives marchaient sur Jérusalem en 614, les habitants chrétiens
d’un village de la principale route de pèlerinage ont caché leur richesse
ILAN BEN ZION ET AFP
Alors que l’armée perse,
soutenue par une horde de rebelles juifs, marchait sur Jérusalem en l’an 614 de
l’ère commune, les habitants chrétiens de la route principale d’une ville ont
caché un trésor de pièces dans l’espoir de revenir dans des temps plus
pacifiques.
Quelque 1 400 ans après, à
l’été 2016, quand des ingénieurs israéliens élargissaient la même route, qui
part de la Méditerranée vers Abu Gosh, située à l’ouest de la capitale, des
archéologues ont été appelés pour fouiller des ruines byzantines. Sous les
décombres d’un bâtiment, ils ont trouvé neuf pièces de cuivre datant d’environ
614, l’époque où un empire perse a brièvement régné sur Jérusalem, peu avant
l’arrivée de l’islam.
Le site byzantin, situé
près de la ville moderne d’Ein Nakuba, était un point de passage placé le long
de la principale route de pèlerinage chrétien menant de la côte à la ville
sainte, a indiqué Annette Landes-Naggar, archéologue de l’Autorité israélienne
des Antiquités (IAA), qui a annoncé dimanche la découverte à la presse.
L’annonce a été prévue pour
précéder la fête de Pâques, qui a lieu cette année le 16 avril, dans le cadre
d’une initiative coordonnée par le ministère du Tourisme pour renforcer les pèlerinages
chrétiens en Israël.
L’IAA a été appelée pour
fouiller le site dans le cadre de l’extension de l’autoroute reliant Tel Aviv à
Jérusalem. Pendant les fouilles, l’été dernier, les archéologues ont découvert
les restes d’une basilique, une construction monumentale, et un pressoir à vin.
Fouilles sur un site de l'époque byzantine à l'ouest de Jérusalem,
près du village d'Ein Nakuba, en 2016. (Crédit : Yoli Schwartz/Autorité
israélienne des Antiquités)
« Les pièces ont été
trouvées près du mur extérieur de l’un des bâtiments monumentaux identifiés sur
le site, et elles ont été trouvées parmi les pierres de construction d’un mur
qui s’était effondré », a expliqué Landes-Naggar. La configuration dans laquelle
les pièces ont été retrouvées suggère qu’elles ont été déposées dans une niche
d’un mur, dans un sac, pour être préservées avant que le bâtiment ne soit
détruit, a-t-elle déclaré.
Le site a été abandonné et
oublié, et les pierres des bâtiments ont ensuite été intégrées dans les
terrasses agricoles construites sur le flanc de la colline.
Les pièces elles-mêmes, qui
portent les visages des empereurs byzantins Justinien le Grand, Maurice et
Phokas, ont été frappées à Constantinople, Antioche et Nicomède, et ont permis
de dater la découverte. Même si elles ne sont pas particulièrement rares ou
remarquables, et n’ont pas n’ont plus de valeur spéciale, « elles racontent
l’histoire du site », a expliqué Landes-Naggar aux journalistes.
« C’est le contexte des
pièces qui nous donne les indices de ce qui est arrivé », a-t-elle déclaré.
Mosaïque de l'empereur Justinien le Grand à San Vitale, Ravenna.
(Crédit : Petar Milošević/Wikipedia)
Le magot découvert date de
l’époque du même évènement qui a poussé les habitants juifs de Jérusalem à
amasser un trésor d’or au pied du mont du Temple, que l’équipe de l’archéologue
de l’université hébraïque Eilat Mazar a découvert pendant des fouilles à Ophel
en 2013.
Les rebelles juifs
soutenant l’empire sassanide se sont révoltés contre Byzance en 613, et une
armée de troupes perses et juives a marché sur Jérusalem, qui est tombée après
un rapide siège.
Le dirigeant juif installé
à Jérusalem, Nehemiah ben Hushiel, se préparait à construire un troisième
Temple juif, mais ces projets ont été sabotés par une contre-rébellion
chrétienne. Parmi les massacres judéo-chrétiens qui ont suivi, « en conjonction
avec les Perses, les Juifs ont balayé la Palestine, détruit les monastères qui
abondaient dans le pays, et expulsé ou tué les moines », écrit Jewish
Encyclopedia.
Le grand bâtiment de deux
étages retrouvé dans les fouilles pourrait avoir été un monastère byzantin, a
indiqué Landes-Naggar, mais elle n’en est pas certaine. La date de destruction
du site n’est pas non plus connue avec certitude.
« Nous ne savons pas
exactement à quoi servait ce bâtiment. C’est une possibilité, a-t-elle déclaré
au Times of Israël. Il y a d’autres possibilités. »
Deux ans après la
conclusion d’un accord de paix entre Perses et Byzantins en 628, Constantinople
a repris le contrôle d’une Jérusalem appauvrie et a massacré les Juifs qui se
soulevaient contre la Nouvelle Rome.
La restauration du pouvoir
de Constantinople a cependant été brève. Avec l’affaiblissement des deux
empires, les armées de l’islam ont balayé le nord de la péninsule arabe, et en
637, les troupes du calife Oumar ont capturé la ville.
L’Autorité des antiquités a
par ailleurs présenté dimanche des dizaines d’objets datant du Ier siècle, qui
font partie des découvertes archéologiques récentes qui rendent plus
compréhensibles aux historiens la vie à l’époque de Jésus-Christ, selon un
responsable.
Parmi les dizaines d’objets
découverts dans la région de Jérusalem et en Galilée, où, selon la tradition
Jésus a vécu, et présentés dimanche figurent des vases, des ustensiles de
cuisine, des bijoux, des restes de pressoir à vin, des ossuaires avec des
inscriptions hébraïques et des clous ayant servi à des crucifixions.
« Maintenant nous pouvons
décrire de façon très précise la vie quotidienne de cette époque, de la
naissance, à travers les habitudes alimentaires, les voyages effectués, et
jusqu’à la mort avec les rites funéraires », a expliqué à l’AFP Gideon Avni,
directeur de la division archéologique des Antiquités israéliennes.
« Ces 20 dernières années,
nous avons fait un bond dans la compréhension du mode de vie de Jésus et de ses
contemporains, a-t-il indiqué. Chaque semaine, de nouveaux éléments sont
découverts et permettent de mieux connaître cette période. »
Ainsi, « nous retrouvons
sur des ossuaires des noms de personnalités connues grâce aux textes de cette
époque », a expliqué le professeur Avni.
L’Autorité conserve plus
d’un million d’objets découverts dans des fouilles et en reçoit chaque année
plus de 40 000 nouveaux en provenance de 300 sites environ, selon Avni.
« L’essentiel pour nous est
de pouvoir comprendre très précisément le mode de vie à l’époque de Jésus, de
la naissance à la mort », a expliqué l’archéologue.
http://fr.timesofisrael.com/des-pieces-vieilles-de-1-400-ans-dun-site-byzantin-racontent-lhistoire-de-linvasion-perse/
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