Dans une tribune au « Monde
», l’architecte expose les deux défis essentiels qui attendent le futur chef de
l’Etat : sanctuariser les terres agricoles et forestières ; réinvestir la
banlieue et y faire le choix résolu de la culture.
Hier, la politique était
définie comme la science de l’organisation de la cité. Aujourd’hui, il suffit
de voyager de ville en ville, tout autour de la terre, pour être frappé par la
violence du saccage des paysages urbains et naturels, pour être sidéré par le
mépris de la géographie, de l’histoire et de l’homme. Les mêmes causes,
produisant les mêmes effets, abîment en profondeur l’image de nos villes et
l’âme de notre pays.
Sur un territoire comme la
France, marqué par un patrimoine architectural ancestral et des sites
admirables, cette attitude est sacrilège. Le président de la République est le
premier des dirigeants politiques. Il peut difficilement se déclarer insensible
ou impuissant, dans ce grand domaine qu’est l’organisation de nos cités.
L’urbanisation, ce phénomène incontournable, doit être dosée et gérée. C’est le
rôle du politique de le constater, de l’analyser et de le prévoir, et c’est
évidemment sa responsabilité d’imaginer dans quelles conditions il va installer
et faire vivre pour longtemps tant de nouveaux arrivants, de nouvelles familles
et souvent de nouveaux Français.
Ubu-urbanisme planétaire
Depuis un siècle, les
décisions sur ce sujet ont été prises dans une urgence répétée, à la petite
semaine, à la petite échelle des communes et des mandats… Décisions déléguées
le plus souvent à la technostructure et à l’administration qui ont mis en œuvre
un système simpliste : l’application aveugle de règles abstraites, la
ségrégation des fonctions sur des zones avec des densités et des hauteurs arbitraires.
C’est l’Ubu-urbanisme planétaire dont la stupidité ne réside pas uniquement
dans le saccage visuel mais aussi dans toutes les conséquences vécues : temps
de transport déraisonnable, pollution souvent mortelle, ségrégation sociale,
fonctionnelle et spatiale, taille des appartements de plus en plus réduite…
C’est ainsi que le
mal-vivre est programmé avec la bonne conscience de l’inconscience. En France,
il atteint des sommets dans les « quartiers » dits « sociaux », dans les zones
urbaines dites « sensibles ». Depuis un demi-siècle, les gouvernements de
gauche et de droite se succèdent et laissent pendante cette situation, depuis
longtemps dénoncée par les sociologues et les urbanistes comme une véritable
Cocotte-Minute prête à exploser sous la pression toujours grandissante des
injustices sociales…
La classe politique
considère cette situation comme normale et fatale, elle est atteinte de...
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http://www.lemonde.fr/idees/article/2017/03/27/jean-nouvel-le-futur-president-devra-prendre-deux-decisions-vitales-pour-la-mutation-des-banlieues_5101162_3232.html#XBxoORp4UF5cAQs0.99
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