jueves, 30 de marzo de 2017

JEAN NOUVEL : « POUR SAUVER LES BANLIEUES, IL FAUT CONTENIR L’EXPANSION URBAINE »

 Dans une tribune au « Monde », l’architecte expose les deux défis essentiels qui attendent le futur chef de l’Etat : sanctuariser les terres agricoles et forestières ; réinvestir la banlieue et y faire le choix résolu de la culture.

 Hier, la politique était définie comme la science de l’organisation de la cité. Aujourd’hui, il suffit de voyager de ville en ville, tout autour de la terre, pour être frappé par la violence du saccage des paysages urbains et naturels, pour être sidéré par le mépris de la géographie, de l’histoire et de l’homme. Les mêmes causes, produisant les mêmes effets, abîment en profondeur l’image de nos villes et l’âme de notre pays.
Sur un territoire comme la France, marqué par un patrimoine architectural ancestral et des sites admirables, cette attitude est sacrilège. Le président de la République est le premier des dirigeants politiques. Il peut difficilement se déclarer insensible ou impuissant, dans ce grand domaine qu’est l’organisation de nos cités. L’urbanisation, ce phénomène incontournable, doit être dosée et gérée. C’est le rôle du politique de le constater, de l’analyser et de le prévoir, et c’est évidemment sa responsabilité d’imaginer dans quelles conditions il va installer et faire vivre pour longtemps tant de nouveaux arrivants, de nouvelles familles et souvent de nouveaux Français.
Ubu-urbanisme planétaire
Depuis un siècle, les décisions sur ce sujet ont été prises dans une urgence répétée, à la petite semaine, à la petite échelle des communes et des mandats… Décisions déléguées le plus souvent à la technostructure et à l’administration qui ont mis en œuvre un système simpliste : l’application aveugle de règles abstraites, la ségrégation des fonctions sur des zones avec des densités et des hauteurs arbitraires. C’est l’Ubu-urbanisme planétaire dont la stupidité ne réside pas uniquement dans le saccage visuel mais aussi dans toutes les conséquences vécues : temps de transport déraisonnable, pollution souvent mortelle, ségrégation sociale, fonctionnelle et spatiale, taille des appartements de plus en plus réduite…
C’est ainsi que le mal-vivre est programmé avec la bonne conscience de l’inconscience. En France, il atteint des sommets dans les « quartiers » dits « sociaux », dans les zones urbaines dites « sensibles ». Depuis un demi-siècle, les gouvernements de gauche et de droite se succèdent et laissent pendante cette situation, depuis longtemps dénoncée par les sociologues et les urbanistes comme une véritable Cocotte-Minute prête à exploser sous la pression toujours grandissante des injustices sociales…
La classe politique considère cette situation comme normale et fatale, elle est atteinte de...


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