lunes, 28 de diciembre de 2020

LES SÉRIES HISTORIQUES NE CONNAISSENT PAS LA CRISE

Après The Crown, Netflix s’attaque à l’univers de la Régence anglaise avec La Chronique des Bridgerton, inspirée des romans à l’eau de rose de l’Américaine Julia Quinn. Un conte acidulé comme une friandise de Noël, qui n’est pas sans rappeler les Angélique et autre Sissi de notre enfance.

En ce début de XIXe siècle, Lon­dres est en émoi. La délicieuse Daphné Bridgerton, publique­ment courtisée par le non moins charmant duc d’Hastings, sem­ble hésiter. Il se chuchote qu’un autre brillant parti s’est décla­ré... "Après tout, pourquoi se contenter d’un duc quand on peut avoir un prince?", résume en peu de mots lady Whistledown, auteure anonyme d’un feuil­let mondain qui bruisse des cancans de cette société toute entière livrée aux plaisirs, aux calculs et aux jeux des alliances.

Bienvenue dans La Chronique des Bridgerton! La nouvelle création Netflix, réalisée par Shonda Rhimes, est propo­sée aux abonnés pour Noël. Une saga qui doit autant à Gossip Girl qu’à l’univers romantique de Jane Austen. Et qui compte bien surfer sur la vague des fictions historiques, dans la lignée des succès récents, The Crown en tête.

Face au duc d'Hastings, joué par le comédien Regé-Jean Page, la jeune Daphné Bridgerton, bien moins naïve qu'il n'y paraît, sous les traits de l'actrice Phoebe Dynevor. © Liam Daniel/Netflix

Car les séries en costumes n’en finissent plus de séduire les téléspectateurs, et avec eux les chaînes de télévision trop heureuses de ce filon inépuisable. À commencer par la très sérieuse Histoire TV qui n’hésite pas à reprogrammer chaque année des classiques, tels Les Rois maudits de Claude Barma, sorti en 1972.

 

"À chaque fois qu’on les diffuse, les audiences sont extraordinaires! C’est un phéno­mène. Un peu comme quand une chaîne hertzienne reprogramme La Grande Vadrouille", raconte Christophe Sommet, directeur des chaînes thématiques du groupe TFI, dont Histoire TV. "Même les jeunes sont séduits. Car ils ont adoré Game of Thrones et redécouvrent le Moyen Âge chez nous. Les géants comme HBO, Netflix ou Amazon sont des concurrents, certes, mais aussi des ambas­sadeurs de l’histoire auprès de la nouvelle génération." Autre succès d’audience, la série The Hollow Crown de Sam Mendes, sortie en 2017, et récompensée par quatre Bafta. Ou l’art d’adapter Shakespeare avec brio.

Mais de Vikings à Tudors, de Rome à Versailles, la fiction ne s’embarrasse pas toujours de la réa­lité historique. Un mal pour un bien? Dans La Chronique des Bridgerton, de puissants person­nages de la bonne société anglaise sont joués par des comédiens de couleur, tel le duc d’Hastings, interprété par l’acteur Regé­-Jean Page, natif du Zimbabwe. Un joli moyen de rassembler tous les publics. Car la série historique assume son côté romanesque, loin des exigences du documentaire.

"Le terme de fiction a toute son importance", rappelle Mathieu da Vinha, directeur scien­tifique au Centre de recherche du château de Versailles et conseil­ler de la série Versailles diffusée sur Canal+ à partir de 2015. Dès 2009, il relit et corrige les scénarios... sans avoir toujours le der­nier mot. "J’ai tra­vaillé avec les acteurs, mais aussi les équipes tech­niques sur les costumes, les coiffures, les décors et jusqu’aux manières." Révérence ou pas? Le suc­cès de la série est international, malgré les critiques des puristes. "Les gens ne sont pas bêtes. Le ton était résolument moderne. Canal+ ne vou­lait surtout pas faire un film de cape et d’épée." Les fans ne devraient pas être déçus: Canal+ a déjà promis une série sur Marie­-Antoinette...

Par Thomas Pernette,

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