PALAIS GARNIER DU 21 OCTOBRE AU 08 NOVEMBRE
2015
"Chaque danseur est comme un instrument de
musique, qui a sa sonorité et sa couleur propres.-"
Anne Teresa De Keersmaeker
Ce triptyque traverse dix années de création (de 1986 à 1995) et témoigne des
singuliers dialogues d’Anne Teresa De Keersmaeker avec les grandes partitions
de la musique classique. Sans doute le mot « dialogue » est-il d’ailleurs trop
fade pour rendre compte de ce corps-à-corps entre deux arts.
De Keersmaeker s’adresse à la musique selon toutes
les nuances de la passion amoureuse : demande, défi, surenchère. Notion-clé :
polyphonie. L’irrésistible énergie que délivrent ces corps fluides et nerveux –
tantôt bardés d’insolence, tantôt exténués et comme vaincus par la musique –
relève essentiellement d’un « vertige du contrepoint ».
Toujours une voix en
plus, toujours une diagonale nouvelle, une combinaison imprévue, multipliant
les courbes d’une spirale de mouvements où le spectateur se perd, et jubile de
se perdre.
Le travail sur le Quatuor n°4 de
Bartók relève du premier style de De Keersmaeker : une combinatoire de courts
motifs, déployés avec un humour sec par un quatuor de jeunes filles à la
féminité adolescente. La virtuose chorégraphie de la Grande Fugue de
Beethoven, très masculine cette fois et basée sur la figure de la chute, permet
de mesurer le mûrissement de la technique compositionnelle de la chorégraphe.
Le troisième volet, La Nuit transfigurée, consacré au jeune
Schönberg, dévoile enfin sa part la plus secrète : la soirée se ferme dans un
déchirant abandon, avec l’évocation quasi narrative d’un couple transfiguré par
le don d’amour – à l’image d’une danse possédée par la mélomanie. Partageant la
même intensité musicale, ces trois ballets composent un ensemble à la fois
poétique et mystérieux, qui fait aujourd’hui son entrée au répertoire du Ballet
de l’Opéra de Paris.
https://www.operadeparis.fr/saison-15-16/ballet/anne-teresa-de-keersmaeker
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