Par Roland Gauron
La maison de la rue Cambon
estime que la construction d'un viaduc pour franchir la vallée de la Siagne
mettra en péril sa production de jasmin de Grasse et de rose de mai servant à
l'élaboration de son N°5.
La maison de luxe est
installée dans la région de Grasse depuis une trentaine d'années. Seulement,
aujourd'hui, Chanel menace tout bonnement de quitter la fameuse capitale
mondiale des parfums. En cause: le tracé de la future ligne nouvelle Provence
Côte d'Azur. Car le projet prévoit la construction éventuelle d'un viaduc pour
franchir la vallée de la Siagne. Or Chanel y cultive douze hectares de fleurs.
«Il va de soi que la construction d'un viaduc et le passage régulier de trains
à grande vitesse au-dessus de ces champs de fleurs contraindraient Chanel à
cesser de soutenir ces activités artisanales dans la région», fait savoir la
marque dans un communiqué.
Grasse est le berceau du
célèbre N°5. La première fragrance de la marque y est née en 1921 de la
rencontre entre Coco Chanel, désireuse de créer «un parfum de femme à odeur de
femme», et le parfumeur Ernest Beaux. Chaque flacon de 30 ml contient
aujourd'hui encore mille fleurs de jasmin de Grasse et douze fleurs de rose de
mai cultivées dans la région. Pour pérenniser une tradition horticole en voie
de disparition, la maison de la rue Cambon a conclu en 1987 un partenariat
exclusif, renouvelable tous les dix ans, avec la famille Mul. Depuis, Chanel
s'est opposé à l'implantation d'un centre de déchets non loin de ces 20
hectares de champs de fleurs répartis entre Pégomas et La Roquette-sur-Siagne.
Une alliance avec le maire
de Cannes
Cette fois, le parfumeur
s'est trouvé un allié en la personne du maire de Cannes, David Lisnard. Des
représentants de Chanel ont rencontré l'édile en début de semaine. La
municipalité est elle-même engagée depuis plusieurs mois dans une bataille pour
obtenir la construction sur son territoire d'une gare destinée à accueillir des
TER et des TGV. Cette option n'était pas prévue dans les plans initiaux du
maître d'ouvrage, SNCF Réseau. Elle a finalement été ajoutée fin octobre à la
concertation publique en cours. Trois autres sites, plus proches la technopole
Sofia-Antipolis, sont également proposés. La concertation doit s'achever dans
le courant du mois, mais la décision finale reviendra au ministre des
Transports.
La ligne nouvelle de train
Provence Côte d'Azur a pour objectif de désengorger les nœuds ferroviaires
marseillais et azuréens pour un montant total de 6,7 milliards d'euros. Il
prend la suite du projet de LGV PACA qui avait été enterré en 2014. Cette
nouvelle ligne permettrait à l'horizon 2030 de faire gagner une heure entre
Marseille et Nice et d'augmenter considérablement la cadence des TER. Selon
SNCF Réseau, la ligne actuelle entre Marseille et la ville italienne de
Vintimille, construite en 1860, est la plus chargée de l'Hexagone, hors
Ile-de-France. Elle souffrirait du taux de régularité le plus faible de France.
L'objectif est de desservir 78 millions de passagers.
http://www.lefigaro.fr/societes/2016/12/01/20005-20161201ARTFIG00144-chanel-s-oppose-au-trace-de-la-future-ligne-tgv-en-cote-d-azur.php
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