Exposition organisée par la Réunion des musées nationaux - Grand Palais
Très longtemps marginalisées et discriminées tant dans leur
formation que dans leur accès aux galeries, aux collectionneurs et aux musées,
les artistes femmes de la première moitié du XXe siècle ont néanmoins occupé un
rôle primordial dans le développement des grands mouvements artistiques de la
modernité sans pour autant être reconnues de leur vivant en tant que telles. Ce
n’est que récemment que leur rôle dans les avant-gardes est exploré: de fait il
est a prévoir que lorsque le rôle de ces femmes sera reconnu a leur juste
valeur, ces mouvements seront profondément changés. Cette exposition nous
invite à les réinscrire dans cette histoire de l’art en transformation: du
fauvisme à l’abstraction, en passant par le cubisme, Dada et le Surréalisme
notamment, mais aussi dans le monde de l’architecture, la danse, le design, la
littérature et la mode, tout comme pour les découvertes scientifiques. Leurs
explorations plastiques et conceptuelles témoignent d’audace et de courage face
aux conventions établies cantonnant les femmes à certains métiers et
stéréotypes. Elles expriment de multiples manières la volonté de redéfinir le rôle
des femmes dans le monde moderne. Les nombreux bouleversements du début du XXe
siècle voient s’affirmer certaines grandes figures d’artistes femmes. Elles se
multiplient après la révolution russe et la Première Guerre mondiale qui
accélèrent la remise en cause du modèle patriarcal pour des raisons pratiques,
politiques et sociologiques. Les femmes gagnent en pouvoir et visibilité et les
artistes vont donner à ces pionnières le visage qui leur correspond.
Un siècle après, il est temps de se remémorer ce moment
exceptionnel de l’histoire des artistes femmes. Les années 1920 sont une
période de bouillonnement et d’effervescence culturelle, d’où sera tiré le
qualificatif d’années folles. Synonymes de fêtes, d’exubérance, de forte
croissance économique, cette époque est aussi le moment du questionnement de ce
que l’on appelle aujourd’hui les «rôles de genre», et de l’invention ainsi que
de l’expérience vécue d’un «troisième genre». Un siècle avant la popularisation
du mot «queer», la possibilité de réaliser une transition ou d’être entre deux
genres, les artistes des années 20 avaient déjà donné forme à cette révolution
de l’identité.
La crise économique, la montée des populismes, puis la seconde guerre mondiale vont à la fois restreindre la visibilité des femmes, et faire oublier ce moment extraordinaire des années 20 où elles avaient eu la parole. L’euphorie avant la tempête se joue surtout dans quelques capitales où Paris tient un rôle central, et plus précisément les quartiers latin, de Montparnasse et de Montmartre,
L’exposition Pionnières, artistes femmes d’un nouveau genre dans le
Paris des années folles présente 45 artistes travaillant aussi bien la
peinture, la sculpture, le cinéma, que des techniques/catégories d’objets nouvelles
(tableaux textiles, poupées et marionnettes). Des artistes connues comme
Suzanne Valadon, Tamara de Lempicka, Marie Laurencin côtoient des figures
oubliées comme Mela Muter, Anton Prinner, Gerda Wegener. Ces femmes viennent du
monde entier, y compris d’autres continents où certaines exporteront ensuite
l’idée de modernité : comme Tarsila Do Amaral au Brésil, Amrita Sher Gil en
Inde, ou Pan Yunliang en Chine.
Après les “femmes nouvelles” du XIXème siècle liées à la
photographie, ces « nouvelles Eves », sont les premières à avoir la possibilité
d’être reconnue comme des artistes, de posséder un atelier, une galerie ou une
maison d’édition, de diriger des ateliers dans des écoles d’art, de représenter
des corps nus, qu’ils soient masculins ou féminins, et d’interroger ces
catégories de genre. Les premières femmes à avoir la possibilité de vivre leur
sexualité, quelle qu’elle soit, de choisir leur époux, de se marier ou pas et
de s’habiller comme elles l’entendent. Leur vie et leur corps, dont elles sont
les premières à revendiquer l’entière propriété, sont les outils de leur art,
de leur travail, qu’elles réinventent dans tous les matériaux, sur tous les
supports. L’interdisciplinarité et la performativité de leur création a
influencé et continue d’influencer des générations entières d’artistes…………..
2 mars - 10 juillet 2022
Musée du Luxembourg 19 rue Vaugirard 75006 Paris
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