domingo, 3 de abril de 2016

BALLETS D'AVRIL - CORPS ET ÂME

 En avril, le Ballet Nice Méditerranée explore des territoires chorégraphiques dans une belle mouvance contemporaine avec Okett, Oceana et voluntaries.



PHOTO : © Dominique Jaussein

par Franck Davit

Depuis maintenant 6 ans, sous l’impulsion de son directeur artistique Éric Vu An, on a pu voir le Ballet Nice Méditerranée briser sa chrysalide, déployer ses ailes et faire la démonstration de ses talents.
De spectacle en spectacle, on a pu aussi apprécier la faculté de renouvellement de la troupe niçoise, qui passe allégrement d’un registre chorégraphique à un autre. Alliant avec un même degré d’exigence l’ascèse et la rigueur de la danse classique à l’énergie syncopée des créations contemporaines.
Reprenant des ballets du grand répertoire (Coppélia tout dernièrement) et travaillant avec des grands maîtres à danser d’aujourd’hui, de Lucinda Childs à Nacho Duato ou Dwight Rhoden.
Autant de points forts qui ont permis au Ballet Nice Méditerranée de développer une vraie palette polychrome pour hisser haut les couleurs de son art. « Je suis fier parce que je constate que cette compagnie aux multiples talents peut désormais tout danser, écrit ainsi Éric Vu An dans la brochure de la saison de l’Opéra, et nous aurons cette année encore la possibilité de vivre ensemble des moments de danse exceptionnels. »
Triptyque
Nouvelle illustration en sera donnée au printemps, à l’Opéra, à travers un spectacle en forme de triptyque chorégraphique où la danse contemporaine mènera le bal. Sur les 3 pièces présentées à l’occasion de ces représentations, 2 sont déjà au catalogue du Ballet : Oceana, créée tout spécialement par Lucinda Childs pour les danseurs niçois en 2011, et Voluntaries de Glen Tetley, créée en 1973 pour le Ballet de Stuttgart. Signée Uwe Scholz, Oktett, la 3ème pièce du programme, a vu le jour en 1987.
Pas de véritables liens entre ces 3 ballets, si ce n’est une certaine ligne chorégraphique « éditoriale ». Pour être moderne, celle-ci n’en cultive pas moins des affinités avec la syntaxe néoclassique d’une danse transcendée par l’idée d’une grâce nue, d’un dépouillement faste dans tout l’éclat ciselé de sa justesse d’exécution. On notera enfin que Glen Tetley et Uwe Scholz, tous deux décédés, ont transité par l’Opéra de Stuttgart, dont ils ont été, le premier à la suite du second, le directeur du Ballet, après le décès de John Cranko, qui occupa cette fonction jusqu’à sa disparition brutale, en 1973.
Souffles et zéphyrs
Une chorégraphie en apesanteur, tout en déliés et légèreté. Une caresse de soie qui trame ses motifs avec l’inlassable élan d’un métier à tisser ne cessant jamais de s’actionner.
Avec Oceana, la chorégraphe star Lucinda Childs faisait un beau cadeau au Ballet Nice Méditerranée qui le lui a bien rendu en donnant une interprétation magistrale de cet opus.
Dans son processus créatif, Lucinda Childs est une adepte d’un pur mouvement de danse qui deviendrait la matrice d’un ballet tout d’une pièce, sans couture… Son coup d’éclat en la matière demeure Dance (1979), un ballet hypnotique sur une musique répétitive de Philip Glass. Avec Voluntaries, Glen Tetley reste lui aussi dans l’exacerbation d’un sentiment de vivacité, de fluidité, pour donner corps à une danse dynamique, au caractère aussi affirmé qu’affuté. L’œuvre a été créée pour le Ballet de l’Opéra de Stuttgart, en hommage à John Cranko qui, en sa qualité de directeur, avait propulsé cette compagnie vers les sommets. Elle est traversée par une allégresse, une ivresse de danser qui salue le brio de John Cranko, et se double aujourd’hui d’une célébration du talent de Glen Tetley, disparu en 2007.
Un joyau nommé Oktett
Beaucoup à dire sur Oktett, que le Ballet Nice Méditerranée dansera pour la première fois en avril prochain. D’abord son chorégraphe, Uwe Scholz, très reconnu en Allemagne. Il fut un très jeune directeur de ballet européen, nommé à 26 ans chef chorégraphe de l'Opéra de Zurich, et il disparaît en 2004, à l’âge de 46 ans, avec l’aura d’un créateur singulier, habité par une recherche d’absolu. « Il représentait l’artiste complet. Au-delà d’être un génie chorégraphique, sa culture lui permettait de réaliser des collages musicaux originaux pour accompagner ses ballets. Ce sens de la musicalité caractérise sa danse en grande partie. Mais s’il faut vraiment définir son travail au plus juste, alors j’utiliserai le mot que lui-même employait, « seelenlandschaften », « des paysages de l’âme… », témoigne Giovanni di Palma.
Celui-ci fut premier danseur du Ballet de Leipzig, à l’époque où Uwe Scholz en était le directeur. Aujourd’hui, c’est lui qui a été désigné par la famille du chorégraphe pour passer le flambeau de ses œuvres aux jeunes générations de danseurs. Il sera ainsi bientôt à Nice pour y remonter Oktett. « La pièce a été créée en 1987 pour les ballets de Zurich, avec des costumes et décors de Karl Lagerfeld, sur la musique d’un octuor à cordes de Felix Mendelssohn. C’est un ballet en 4 mouvements avec de beaux contrastes. Le premier et le quatrième offrent un beau jeu entre hommes et femmes, le deuxième un magnifique pas de deux romantique et le troisième un beaux challenge tout au masculin… », précise Giovanni di Palma.
À la lumière de ces propos, vive est l’impatience de voir le Ballet Nice Méditerranée faire battre le cœur de la danse selon Uwe Scholz.


http://www.opera-nice.org/fr/news/2016-03-30/ballets-d-avril-corps-et-ame

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