domingo, 10 de abril de 2016

MADE IN AMERICA. DANCE

DU 13 AU 17 AVRIL 2016
Un manifeste radical
Winterbranch de Merce Cunningham bouscule et fascine par sa liberté. Depuis sa création en 1964 aux Etats-Unis, la pièce a été très peu vue en France. C’est pourtant l’une des œuvres fortes du maître de la danse contemporaine, disparu en 2009. L’intention de ce dernier était de mettre en gestes deux éléments constitutifs de la danse : le fait de tomber, et celui de se redresser.
Autrement dit l’horizontal et le vertical, au croisement desquels naît le mouvement. À cette inspiration géométrique, la musique 2 Sounds, du pionnier du minimalisme musical La Monte Young, apporte une stridence particulière. Comme l’indique son titre, elle est composée de deux sons : un cendrier raclant un miroir et un bois frotté contre un gong chinois. Quant au plasticien Robert Rauschenberg, précurseur du pop art, il fut chargé par le chorégraphe de mettre en espace une demi-pénombre traversée de lumières de phares automobiles. Dans ce no man’s landévoquant une autoroute de nuit, six danseurs apparaissent, se déplacent, tombent, se relèvent, disparaissent. La construction, rigoureuse, défie les lois de l’aléatoire : quoi de plus miraculeux, après tout, que de toujours se relever après la chute…


Conjonction de talents
À la noirceur trouée d’espoirs de Cunningham, Dance offre un contrepoint exaltant. Ce ballet créé en 1979 est considéré comme un sommet de la post-modern dance, un courant minimaliste qui dépouille la danse de toute virtuosité au profit du langage intrinsèque du corps.
Il marque la première collaboration d’envergure de Lucinda Childs avec le compositeur Philip Glass. La chorégraphe, cofondatrice du Judson Dance Theater – qui fut dans les années soixante l’un des foyers de la création d’avant-garde – s’était fait connaître dès 1976 par sa collaboration à l’opéra Einstein on the Beach de Bob Wilson et Philip Glass. Dance constituait toutefois son premier spectacle d’envergure, et jamais pièce n’aura si bien mérité son titre. Interprétée par onze danseurs glissant, sautant et tournoyant, la danse est ici la source d’un jaillissement euphorique sur les motifs répétitifs et progressivement décalés de la partition. Danse et musique forment un flux dans lequel, selon les mots de Lucinda Childs, on a envie « de se glisser ». La séduction est amplifiée par la projection, en guise de décor, du film original de Sol LeWitt spécialement retourné avec les danseurs du Ballet de l’Opéra de Lyon produisant ainsi  un dédoublement hypnotique. A tous sens du terme, un enchantement.


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