Frederick Mayer, qui a fui la Shoah et est retourné en Europe combattre
les nazis, est décédé. Parachuté en territoire nazi, cet espion qui a apporté des renseignements
vitaux pour les forces alliées a été torturé par la Gestapo. Il s’est éteint le
15 avril 2016 à l’âge de 94 ans.
Ce juif allemand a fui les nazis
avec sa famille, installée dans la Forêt Noire, en 1938. Il a ensuite refait sa
vie aux Etats-Unis avant de retourner en Europe, prétendant pendant des mois
être un officier nazi tout en envoyant des mémos aux Etats-Unis. Frederick
Mayer est décédé le 15 Avril 2016 à son domicile de Charlestown en
Virginie-Occidentale, à l’âge de 94 ans, d’une pancytopénie, une carence en
globules rouges et blancs.
« Je voulais tuer des nazis »
Après l’attaque japonaise sur Pearl Harbor, Frederick Mayer s’est engagé
dans l’armée américaine. « J’ai eu la chance de faire ce que je voulais
faire, tuer des nazis, explique-t-il dans un documentaire. C’est la raison pour
laquelle tous les garçons juifs se sont enrôlés ». Ses exploits sont
nombreux. Il a été parachuté sur un glacier alpin, il a infiltré les lignes
ennemies, il s’est fait passer pour un officier allemand afin de recueillir des
renseignements vitaux pour les forces alliées, il a été emprisonné et torturé
par la Gestapo – flagellations et noyades – qui avait découvert qu’il
espionnait pour les États-Unis.
Malgré ces longues séances de tortures, il n’a
jamais révélé l’emplacement et les noms des autres espions et soldats
américains. Enfin, il a négocié la reddition de la ville d’Innsbruck en
Autriche, relate le Washington Post.
Opération Greenup
Frederick Mayer est devenu l’un des sujets d’un documentaire paru en 2012,
intitulé « The Real Inglorious Bastards », qui raconte l’histoire de
l’opération Greenup. Son récit comporte beaucoup de similitudes avec le film
réalisé en 2009 par Quentin Tarantino, « Inglorious Basterds ».
L’histoire se déroule en France durant la Seconde Guerre mondiale et narre les
plans d’un commando de soldats juifs alliés menés par le lieutenant Aldo Raine
(Brad Pitt), envoyé en Europe occupée pour éliminer le plus de nazis possible.
Au cours de l’opération Greenup, en février 1945, Mayer a prétendu être un
officier allemand pendant plus de deux mois dans l’ouest de l’Autriche,
envoyant des renseignements sur les mouvements des troupes nazies à ses
commandants aux Etats-Unis, au Bureau des services stratégiques, ce qui allait
plus tard devenir la CIA.
Lui et ses hommes ont trouvé
l’emplacement
du bunker d’Hitler
C’était un commando très éclectique,
« des hors-la loi désespérés, rassemblant des anciens pilotes de la
Luftwaffe, des évadés juifs des camps de la mort, des déserteurs polonais, des
athlètes de classe mondiale, et même un ancien forçat », a écrit l’historien
Patrick K. O’Donnell dans l’un de ses ouvrages. Frederick Mayer a mis en place
un réseau d’informateurs qui ont aidé à déterminer l’emplacement et les
dimensions de bunker d’Hitler à Berlin, et il a également mis la main sur des
documents stratégiques détaillant les mouvements de troupes et de fret ennemis,
en particulier à travers le col du Brenner qui sépare l’Autriche de l’Italie.
La Gestapo lui a cassé les
dents avec un pistolet
Trahi par un membre de son réseau
d’espionnage, il a été emprisonné et torturé. Selon le récit de Patrick K.
O’Donnell, ses bourreaux lui ont cassé les dents avec un pistolet. Ils l’ont
fouetté, noyé et suspendu à un fusil comme un rôti sur une broche. L’historien
a décrit Fréderick Mayer, dans une interview, comme « l’un des plus grands
héros de la Seconde Guerre mondiale ». Et de raconter cette
anecdote : à la fin de la guerre, Frederick Mayer a rendu visite, dans sa
cellule, à un membre de la Gestapo qui l’avait torturé et qui tremblait de
peur.« Faites de moi tout ce que
vous voulez, mais ne faites pas de mal à ma famille », a imploré l’ancien
tortionnaire. « Qui pensez-vous que nous sommes, a répliqué Mayer, des
nazis ? »
Il livrait des repas aux
personnes âgées
De retour aux Etats-Unis, Frederick
Mayer a travaillé comme superviseur mondial de Voice of America, le service de
diffusion internationale par radio et télévision du gouvernement américain,
jusqu’en 1977. Il fut ensuite bénévole pour Meals on Wheels, une association
qui apporte des repas aux personnes âgées et isolées, pendant trois décennies,
jusqu’à quelques semaines avant sa mort.
http://www.tribunejuive.info/memoire/frederick-mayer-un-vrai-inglorious-basterd-est-decede
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