20 septembre - 16
décembre 2018
Dans l’histoire de
l’art, rares sont les artistes que l’on étudie au regard de leur appartenance
confessionnelle ou leur choix religieux. C’est le cas de Philippe de
Champaigne, dans son attachement à la mouvance janséniste comme de son
contemporain Sébastien Bourdon pour son appartenance à l’église réformée.
Bourdon est un des
rares artistes réformés présenté comme tel, dès la fin du XVIIe siècle, et plus
encore au cours du XIXe siècle dans une vision d'antagonisme voire
d'affrontement plus conforme au contexte des années qui précèdent la révocation
de l'édit de Nantes. Pourtant la période d’apaisement qui suit l’édit de grâce
de Nîmes (1629) permis l’épanouissement d’une importante colonie d’artistes
réformés à Paris que l’historiographie du XIXe siècle crut pouvoir localiser
autour de Saint-Germain des Prés. Forts d’une tradition picturale en plein
essor depuis le XVIe siècle dans les communautés luthériennes d’Europe du Nord,
natures mortes, scènes de genre ou portraits, mais soucieux de pouvoir
bénéficier des importantes commandes religieuses, nombreux furent ces artistes
protestants qui exécutèrent d’importantes commandes pour les églises
parisiennes ou les oratoires privés.
Comme tous ses
coreligionnaires, Sébastien Bourdon se plie aux exigences de commanditaires
catholiques afin de poursuivre en France une carrière conforme à son talent et à
ses aspirations. Au sein d’une abondante production, la suite des Œuvres de
miséricorde constitue un ensemble à part qui permet de mieux comprendre les
enjeux d’une représentation religieuse pour un artiste calviniste comme
Sébastien Bourdon. A travers sept scènes tirée de l’Ancien Testament, destinées
à illustrer les figures vétérotestamentaires des œuvres corporelles de
miséricorde, Sébastien Bourdon fonde une série ambitieuse aujourd’hui trop
méconnu, qu’il peignit et grava lui-même. Ces Œuvres de Miséricorde, comme de
trop nombreuses œuvres de Bourdon ont connu un destin difficile. Sans avoir été
détruites comme la décoration de l’Hotel de Bretonvilliers, que Bernin lui-même
admira, les sept tableaux passèrent rapidement en Grande-Bretagne où l’art de Bourdon
était particulièrement apprécié, en témoigne le nombre de ses ouvrages encore
présents dans les collections britanniques. Achetées par John Ringling pour son
musée de Sarasota, ils étaient réputés ruinés et l’intérêt se concentra sur les
gravures dont la réputation avait, elle, traversé les siècles.
Cette suite de sept
planches, gravées par l’artiste, constituent à elles seules une seconde
création. Leur étude permet de comprendre le sens de la série : testament
artistique du recteur de l’académie royale de peinture dans un hommage
revendiqué à Nicolas Poussin, testament spirituel d’un croyant profondément
attaché à son église, quête d’un protecteur pour la communauté réformée
française en la personne de Colbert au moment où Louis XIV prend les premières
mesures contre la religion prétendue réformée.
Commissaires
Anne Imbert,
historienne de l'art
Philippe Luez,
directeur du musée de Port-Royal
Autour de l'exposition
https://www.port-royal-des-champs.eu/programmation/expositions/historique/437-exposition-sebastien-bourdon.html
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