JTA — Liev Schreiber s’est
entraîné à la boxe de temps à autres pendant 18 ans. C’est un amoureux de l’art
du combat et il a joué un grand nombre de ‘durs’ à l’écran – de manière plus
notable, le champion Mischa dans le film « Jakob le menteur » sur la deuxième
guerre mondiale et, bien sûr, Ray Donovan, l’homme de main de la série éponyme
diffusée sur Showtime. Il lui a donc semblé logique d’interpréter le rôle-titre
du biopic « Outisider » consacré à la vie du boxeur poids lourd Chuck Wepner et
sorti en mai dernier en France.
Pour ceux qui sont en train
de se demander : « Chuck qui ? », sachez que vous n’êtes pas les seuls. Même
Schreiber n’était pas tout à fait familier de ce boxeur connu sous le surnom
du’saigneur de Bayonne’ – et c’est très précisément ce qu’il l’a attiré dans ce
rôle.
« En tant qu’amateur de
boxe, j’ai été assez surpris et un peu embarrassé de me rendre compte que je ne
connaissais pas l’histoire de Chuck », explique Schreiber, 49 ans, au cours
d’une interview téléphonique accordée à JTA. « Et c’est une histoire que j’ai
voulu raconter au cours des dix dernières années, depuis que j’ai eu le script
».
« C’est un récit édifiant
de renommée et de célébrité », dit-il.
Wepner était boxeur dans un
club, l’un de ces inconnus un peu empotés capables d’encaisser les coups. Il a
toutefois su gérer une série de victoires qui lui ont permis de se distinguer
au plus haut. Après la victoire inattendue de Muhammad Ali face à George
Foreman au Zaïre, le promoteur Don King avait voulu que le nouveau champion
affronte un boxeur blanc. Et soudainement, Wepner a eu l’opportunité dont il
rêvait – ainsi que celle de pouvoir s’illustrer au niveau international.
Selon les attentes de tous,
Ali devait expédier rapidement Wepner au tapis. Mais cet habitant du New Jersey
aura tenu le choc pendant la presque totalité des 15 rounds, devenant le
premier boxeur à renverser Ali (qui avait alors prétendu avoir trébuché). Le
champion s’était relevé et avait roué Wepner de coups, l’emportant par K.O 19
secondes avant la fin du combat.
L’ascension rapide de la célébrité
de Wepner a amorcé une spirale descendante qui s’est exacerbée avec le succès
en salles du film « Rocky » de Sylvester Stallone, basé sur sa carrière.
Wepner a été emporté par le
tourbillon d’une renommée non maîtrisée, marquée par les femmes et la cocaïne.
il y perdra son épouse Phyllis (jouée par Elizabeth Moss dans « Outsider ») et
sa fille, et sera condamné à cinq ans de prison pour distribution de drogues –
une peine d’incarcération dont il ne fera finalement que 26 mois.
La célébrité est une
maîtresse enivrante et je me suis demandé comment Schreiber était parvenu à
éviter cet appel des sirènes.
« Je ne sais pas », dit-il.
« Je pense que j’ai eu la chance d’avoir une carrière progressive. J’ai
commencé sur la scène classique, et les gens ne s’intéressaient pas [aux
acteurs classiques].
Schreiber se souvient de «
critiques très étonnantes et très peu étonnantes également ».
« J’ai réalisé que si je
devais croire les critiques qui étaient étonnantes, il fallait aussi que
j’accorde du crédit à celles qui ne l’étaient pas », ajoute-t-il. « Cela m’a
mené à adopter un scepticisme sain face à la célébrité. C’est une pilule
toute-puissante, vraiment puissante. Et j’ai eu le sentiment que les années que
Chuck a passé tout en bas ont été aussi profondes, sinon plus, que les 15
rounds qu’il a vécus sur le ring avec Ali. »
Schreiber attribue
également sa capacité à ne pas céder aux effets secondaires de la pilule de la
renommée à l’éducation de base qu’il a reçue de la part de sa mère, Heather, et
de son grand-père maternel, Alex Milgram.
Les parents de Schreiber
ont divorcé quand il était jeune et Milgram, qui travaillait dans la
distribution de viande, a dépensé les économies de toute une vie pour aider
Heather à obtenir la garde de l’enfant. L’acteur, qui avait qualifié dans le
passé sa mère de « hippie », considère dorénavant le terme de « bohème » comme
étant mieux approprié.
Schreiber et sa mère ont
déménagé à New York.
‘Elle a pensé à enseigner à
ses enfants que l’argent n’était pas le plus important’
« Nous vivions dans un
squatt du Lower East Side, et elle a pensé à enseigner à ses enfants que
l’argent n’était pas le plus important », raconte-t-il. « Elle a fait ce
qu’elle pouvait pour répondre à nos besoins ».
Heather conduisait un taxi
et, par moments, la famille vivait dans des appartements sans électricité et
sans eau courante. Mais il y avait toujours des livres, se souvient-il.
Milgram a eu une immense
influence sur la vie de Schreiber.
« Il m’a véritablement
élevé comme s’il était mon père, et sous de nombreux aspects, il était mon père
», confie Schreiber à JTA.
C’est à travers son
grand-père, un « juif socialiste de l’ancien temps », que Schreiber s’est
connecté à ses racines. Il se souvient des seders annuels organisés chez
Milgram.
« Ils font partie des
meilleurs moments de mon existence », dit-il. « On était tous ensemble, moi et
mes frères, on se battait pour l’afikoman. [partie de l’une des 3 matsot que
l’on brise et que l’on dissimule. Si les enfants la retrouvent, ils sont alors
récompensés]”
Un jour, se rappelle
Schreiber, Milgram l’a emmené rendre visite à un ami dans la communauté
loubavitch de Brooklyn où, par chance, il a brièvement rencontré le Rebbe des
Loubavitch, Menachem Mendel Schneerson, qui rendait la justice dans un espace
de réunion comble, « 300 personnes dans une pièce qui ne pouvait en accueillir
que 100 », explique-t-il.
‘Chaque rôle que j’ai joué
est une extension de mes rêveries au sujet de mon grand-père’
« Je n’avais aucune idée de
qui il était, seulement qu’il était un homme très saint », a-t-il ajouté.
J’ai demandé à Schreiber d’autres souvenirs s’il a d’autres souvenirs de son grand-père.
« Je crois que ce à quoi
vous me faites penser, en fait, c’est que chaque rôle que j’ai joué est une
extension d’une certaine façon de mes rêveries au sujet mon grand-père »,
indique-t-il.
Schreiber a récemment mis
un terme à sa relation de 11 ans avec l’actrice Naomi Watts, avec laquelle il a
eu deux enfants. Leur relation est suffisamment amicale pour qu’elle partage
l’écran à ses côtés dans le rôle de Linda Wepner, la seconde épouse de Chuck.
Réfléchissant à la chance
qu’il a eue, Schreiber comprend comment, comme Wepner, il aurait pu facilement
glisser du mauvais côté. Que cela n’ait pas été le cas est en partie, selon
lui, en raison de l’influence de Milgram.
« Il y a selon moi une
sorte de non-non-sens, quelque chose de proche de l’idée ‘du sel de la terre’
que j’attribue à mon grand-père et qui est peut-être entrée en jeu dans mon
esprit au sujet de la célébrité alors que j’étais de plus en plus impliqué dans
les films et à la télévision », explique Schreiber.
http://fr.timesofisrael.com/comment-son-grand-pere-un-juif-socialiste-de-lancien-temps-a-inspire-liev-schreiber/
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