Après sa belle exposition
sur "La toilette, naissance de l'intime"", le musée Marmottan
continue avec une autre exposition générique, consacrée à l'enfant, thème qui
nous concerne tous. Comment les artistes ont-ils représenté les enfants à
travers les siècles ? Et bien, c'est beaucoup plus complexe et lourd en sous
entendus politiques qu'il n'y paraît.
Fuyant la pluie, j'entre en
courant dans le musée. Dans ce beau "palais", l'ambiance est toujours
douce, comme si le brouhaha de la ville respectait l'édifice et évitait d'y
rentrer. La visite presse de l'exposition est prévue à deux voies, deux
commissaires d'exposition. A vrai dire, cela n'est pas une très bonne idée, car
ils ne sont pas d'accord à 100% sur tout, et lorsque le premier prend la
parole, le second a fortement envie de s'exprimer, et vice versa. Autour de
moi, il y a beaucoup de gens qui ne prennent aucune note, des journalistes ?
Admettons... Comme toujours ici, la scénographie est impeccable, avec un
soupçon d'audace, mais pas trop... La moquette est donc bleue, les murs osent
le bleu canard ou le rouge vif. On me donne un audio guide qui ne sert à rien
puisque mes interlocuteurs sont à deux mètres. Allez hop c'est parti.
Aujourd'hui l'enfant est
roi, au moindre rhume, la famille culpabilise déjà, mais cela n'a pas toujours
été le cas. A la fin du XVIIIe siècle, un enfant sur quatre meurt avant un an.
Et c'est pour cela que les familles essayent d'avoir plusieurs enfants, elles
prévoient les pertes... A vrai dire, l'enfant n'est pas grand-chose. Sa
représentation se résume à deux figures emblématiques : le petit Jésus et
l'enfant roi, à part ça... Face à moi, un bel exemple d'enfant roi : un émail
peint, attribué à Léonard Limosin, représentant le fils du roi de France Henri
II. C'est donc le dauphin François et il a neuf ans. Outre le bleu magnifique
et le turquoise dans la partie inférieure, je remarque que le gamin est habillé
comme un adulte. Cette œuvre est donc un objet politique, destiné à affirmer et
à afficher le statut très particulier de l'enfant. J'observe le regard, la
finesse de la bouche, le tour de l'oreille : toute la douceur et la délicatesse
de l'enfance est là, même si le port est bien royal.
Bonnet royal
Ce portrait de Louis XIV
par un anonyme, me paraît moins abouti, un peu raide. L'enfant porte une robe.
Au XVIe et XVIIe siècle, les garçons de la haute société portaient souvent des
robes jusqu'à l'âge de six ou sept ans. Je me rapproche pour observe le petit
Louis de plus près. Son attitude montre bien qu'il s'agit d'un futur roi,
d'ailleurs il tient sa fleur comme un sceptre.
Anonyme : portrait du futur
roi Louis XIV, enfant. XVIIe siècle, huile sur toile. RMN-Grand Plais (château
de Versailles) / Gérard BlotAnonyme : portrait du futur roi Louis XIV, enfant.
XVIIe siècle, huile sur toile. RMN-Grand Plais (château de Versailles) / Gérard
Blot
Le roi lumière
J'aperçois un magnifique
tableau de Philippe de Champaigne, un peintre que j'adore, champion de la
représentation des mains. Cette fois ci, le futur Louis XIV est adolescent. Il
est plus grand que son frère et remet sa couronne et son sceptre à la Vierge.
Toute la composition se résume à une diagonale conduisant à Marie, et cela est
encore accentué par la courbe du rideau rose. Cette belle œuvre est elle aussi
un objet politique, elle prouve que le futur souverain se situe bien entre la
terre et le monde divin, il est même le seul intercesseur entre ces deux
univers……………
http://culturebox.francetvinfo.fr/le-blog-de-thierry-hay/2016/03/10/lart-et-lenfant-au-musee-marmottan.html
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