Histoire d’ici est un livre raconte les origines juives helvétiques de la
famille dont le nom brille dans le monde de l’art.
Portrait de Meyer Guggenheim (au
centre) et de ses fils, en 1889 à New York. Tout à gauche, Benjamin, le père de
Peggy. Solomon, le fondateur du Musée, est le 3e depuis la droite.
L’intrigue qui se joue cette année-là se noue
d’emblée sur la couverture du livre que la Vaudoise Gilberte Favre, journaliste
et écrivain, vient de publier: que font côte à côte ces deux photos d’une
maison de village argovienne et du Musée Guggenheim à New York? Elles résument
de manière saisissante la Guggenheim Saga, de la Suisse à
l’Amérique. Une histoire pour beaucoup méconnue des origines
suisses des Guggenheim, célèbre et riche famille dont le nom rayonne dans le
monde de l’art et figure à l’enseigne de plusieurs des grands musées du monde.
C’est à Lengnau qu’est né et a vécu Meyer
Guggenheim avant de prendre le large pour les Etats-Unis. La localité du
Surbtal argovien était alors l’un des deux seuls villages du pays, avec
Endingen, où les juifs étaient autorisés à résider. Le père de Solomon,
créateur de la Fondation Guggenheim et du célèbre musée de New York, est
également le grand-père de la galeriste Peggy Guggenheim, qui a légué à Venise
sa réputée collection d’art. Et dont l’une des filles, Pegeen, est née en 1927
au Beau-Rivage à Lausanne.
Plusieurs ouvrages ont bien sûr déjà paru sur la
dynastie Guggenheim. Celui de Gilberte Favre a cela d’inédit qu’il est né de la
curiosité de l’auteure pour ses racines helvétiques. Et pour l’audacieux
parcours, raconté de manière très vivante, qui a permis aux descendants de
Simon Guggenheim, pauvre tailleur juif de Lengnau, de faire fortune aux
Etats-Unis en exportant la broderie de Saint-Gall, puis en investissant dans
les mines à Philadelphie, avant de prospérer dans le monde de l’art.
Tailleur comme son père
Tout commence donc en 1836 à Lengnau. Le tailleur
Simon Guggenheim a de la peine à nouer les deux bouts. Malade, son épouse
Charlotte, mère de leurs six enfants (cinq filles et un fils, Meyer), meurt
prématurément. La communauté juive doit le soutenir financièrement. A 6 ans,
après l’école, le petit Meyer gagne quelques sous comme colporteur. A 16 ans,
il commence un apprentissage de tailleur. Il n’a pas d’autre choix que
d’embrasser le métier de son père. La plupart des professions étaient interdites
aux juifs de Suisse, confinés dans les deux villages argoviens jusqu’à
l’émancipation en 1866. Impossible pour eux d’acquérir et de cultiver des
terres ou de faire des études pour devenir avocat ou médecin. Les Guggenheim,
dont six à sept générations ont vécu à Lengnau jusqu’en 1850, ont sans doute
côtoyé les Meijer d’Endingen, dont l’écrivain Charles Lewinsky a popularisé la
trajectoire dans son célèbre roman Melnitz.
En 1847, Simon, sa future seconde épouse Rachel et leurs enfants respectifs
décident de partir tenter leur chance en Amérique. A Philadelphie, père et fils
démarrent avec ce qu’ils savent faire: du colportage. De fil en aiguille, ils
développent leur commerce et se diversifient. Le succès est au rendez-vous.
Meyer, le petit colporteur de Lengnau, transmettra
à ses onze enfants une fortune acquise principalement dans l’industrie minière,
mais surtout un formidable goût d‘entreprendre. Sa nombreuse descendance
s’illustre dans de multiples domaines aux Etats-Unis. Elle n’oublie cependant
pas la Suisse. En 1902, Solomon et son frère Benjamin (ce dernier, père de
Peggy, meurt en 1912 dans le naufrage du Titanic) font
un don pour «construire un foyer pour personnes âgées, en mémoire de notre
ancêtre Meyer Guggenheim, qui quitta le village de Lengnau en 1847».
Ainsi, l’acte de fondation de l’EMS juif de
Lengnau, toujours en activité, porte la signature des Guggenheim, «magnats du
cuivre». Aujourd’hui encore, des liens perdurent entre le petit village
argovien et l’illustre postérité de ses modestes habitants d’alors.
http://www.tribunejuive.info/histoire/lodyssee-des-guggenheim-de-lengnau-a-philadelphie
No hay comentarios:
Publicar un comentario