Pont de l’Alma(Paris
VIIIe), mardi. La Seine est montée au niveau des cuisses du Zouave. Lors de la
crue de 1910, l’eau lui arrivait aux épaules.LP/ ARNAUD DUMONTIER
Si la décrue est amorcée
dans le Doubs, c'est loin d'être le cas pour le Rhin et surtout la Seine, qui
déborde de plus en plus.
Des fleuves et rivières qui
débordent, des caves inondées, des routes coupées et des champs transformés en
piscines : la prudence est de mise alors que des inondations, qualifiées d'«
exceptionnelles » par l'agence Vigicrues, menacent une partie de la France
après de fortes pluies et la fonte des neiges. « C'est le mois de janvier le
plus pluvieux depuis 1900, soit cinq fois plus que la normale », indiquait
mardi soir le secrétariat d'Etat à l'Environnement.
Une première victime est à
déplorer : une femme de 60 ans s'est noyée mardi dans la rivière Bruche à
Molsheim (Bas-Rhin) en glissant, selon les informations de France Bleu, sur la
berge d'où elle voulait observer le cours d'eau en crue. Une bonne vingtaine de
départements, dont ceux de l'Ile-de-France à l'exception de l'Essonne, restent
placés par Météo France en vigilance orange jusqu'à 16 heures.
Jusqu'où ça va monter ?
Dans le Doubs, le pic de la
Loue a été observé dans la nuit de lundi à mardi. A Paris, les autorités
prévoient ce mercredi des niveaux en hausse entre 5,40 et 5,70 m. Le pic y est
attendu vendredi avec un niveau au-delà des 6 m sous l'effet des eaux de la
Seine, de l'Yonne et du Loing, renforcé par les pluies de ce week-end et de
lundi. Le Rhin, lui, se stabilisait hier soir à un niveau très haut à la
station de Kehl-Kronenhof, face à Strasbourg.
Est-ce pire qu'en 2016 ?
Pour l'instant, non. Mais
le directeur du Service central d'hydrométéorologie, Jean-Marc Dolmière,
prévoit un niveau équivalent à partir de demain. Il y a un an et demi, la Seine
avait atteint 6,05 m. On est toutefois loin de la crue historique de 1910 avec
un niveau record constaté à 8,62 m. Le Zouave du pont de l'Alma, qui sert de
jauge, avait alors les épaules sous l'eau. Hier, le fleuve atteignait ses
cuisses.
Quelles conséquences ?
Des dizaines de villages
ont les pieds dans l'eau dans l'est de la France. L'usine de PSA Sochaux, dans
le Doubs, est à l'arrêt depuis hier après-midi après l'inondation des locaux de
son sous-traitant Faurecia. Après l'arrêt de la circulation fluviale, la ligne
du RER C qui longe la Seine à Paris est interrompue à partir de ce mercredi
matin et au moins jusqu'à vendredi.
Était-ce prévisible ?
Vigicrues fait tourner des
modèles météo et hydrologiques pour anticiper, mais « l'état de l'art [...] ne
permet pas à ce jour de calculer en temps réel les champs d'inondation sur
l'ensemble du territoire », précise l'agence sur son site. Mais pas de panique,
« on n'est que sur des montées lentes, souligne Jean-Marc Dolmière. Ce qui
permet aux autorités de s'organiser ».
Et évitable ?
« C'est d'une grande
banalité, mais, une fois la rivière en crue, il y a très peu de possibilités »,
explique Vazken Andréassian, hydrologue à l'Irstea. En Ile-de-France, les
quatre bassins Seine Grands Lacs évitent les pires débordements en stockant
jusqu'à 7,8 millions de m 3. Problème, pour être efficaces, ces installations
doivent être au plus près de la zone à protéger. « Difficile à proximité de
l'agglomération parisienne pour des raisons humaines et géologiques », pointe
l'expert. Autre option, installer des polders, des zones humides non habitées,
où dévier les cours d'eau avant qu'ils ne débordent dans des zones habitées.
C'est le cas près de Strasbourg, avec le polder d'Erstein, activé hier quelques
heures avant la pointe de crue. « De la haute couture », décrit l'expert.
http://www.leparisien.fr/societe/inondations-le-pic-est-a-venir-24-01-2018-7519239.php
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