sábado, 27 de enero de 2018

MONTÉE DES EAUX : LE PIC EST À VENIR


Pont de l’Alma(Paris VIIIe), mardi. La Seine est montée au niveau des cuisses du Zouave. Lors de la crue de 1910, l’eau lui arrivait aux épaules.LP/ ARNAUD DUMONTIER

Si la décrue est amorcée dans le Doubs, c'est loin d'être le cas pour le Rhin et surtout la Seine, qui déborde de plus en plus.

Des fleuves et rivières qui débordent, des caves inondées, des routes coupées et des champs transformés en piscines : la prudence est de mise alors que des inondations, qualifiées d'« exceptionnelles » par l'agence Vigicrues, menacent une partie de la France après de fortes pluies et la fonte des neiges. « C'est le mois de janvier le plus pluvieux depuis 1900, soit cinq fois plus que la normale », indiquait mardi soir le secrétariat d'Etat à l'Environnement.

Une première victime est à déplorer : une femme de 60 ans s'est noyée mardi dans la rivière Bruche à Molsheim (Bas-Rhin) en glissant, selon les informations de France Bleu, sur la berge d'où elle voulait observer le cours d'eau en crue. Une bonne vingtaine de départements, dont ceux de l'Ile-de-France à l'exception de l'Essonne, restent placés par Météo France en vigilance orange jusqu'à 16 heures.

Jusqu'où ça va monter ?
Dans le Doubs, le pic de la Loue a été observé dans la nuit de lundi à mardi. A Paris, les autorités prévoient ce mercredi des niveaux en hausse entre 5,40 et 5,70 m. Le pic y est attendu vendredi avec un niveau au-delà des 6 m sous l'effet des eaux de la Seine, de l'Yonne et du Loing, renforcé par les pluies de ce week-end et de lundi. Le Rhin, lui, se stabilisait hier soir à un niveau très haut à la station de Kehl-Kronenhof, face à Strasbourg.
Est-ce pire qu'en 2016 ?
Pour l'instant, non. Mais le directeur du Service central d'hydrométéorologie, Jean-Marc Dolmière, prévoit un niveau équivalent à partir de demain. Il y a un an et demi, la Seine avait atteint 6,05 m. On est toutefois loin de la crue historique de 1910 avec un niveau record constaté à 8,62 m. Le Zouave du pont de l'Alma, qui sert de jauge, avait alors les épaules sous l'eau. Hier, le fleuve atteignait ses cuisses.

Quelles conséquences ?
Des dizaines de villages ont les pieds dans l'eau dans l'est de la France. L'usine de PSA Sochaux, dans le Doubs, est à l'arrêt depuis hier après-midi après l'inondation des locaux de son sous-traitant Faurecia. Après l'arrêt de la circulation fluviale, la ligne du RER C qui longe la Seine à Paris est interrompue à partir de ce mercredi matin et au moins jusqu'à vendredi.

Était-ce prévisible ?
Vigicrues fait tourner des modèles météo et hydrologiques pour anticiper, mais « l'état de l'art [...] ne permet pas à ce jour de calculer en temps réel les champs d'inondation sur l'ensemble du territoire », précise l'agence sur son site. Mais pas de panique, « on n'est que sur des montées lentes, souligne Jean-Marc Dolmière. Ce qui permet aux autorités de s'organiser ».

Et évitable ?
« C'est d'une grande banalité, mais, une fois la rivière en crue, il y a très peu de possibilités », explique Vazken Andréassian, hydrologue à l'Irstea. En Ile-de-France, les quatre bassins Seine Grands Lacs évitent les pires débordements en stockant jusqu'à 7,8 millions de m 3. Problème, pour être efficaces, ces installations doivent être au plus près de la zone à protéger. « Difficile à proximité de l'agglomération parisienne pour des raisons humaines et géologiques », pointe l'expert. Autre option, installer des polders, des zones humides non habitées, où dévier les cours d'eau avant qu'ils ne débordent dans des zones habitées. C'est le cas près de Strasbourg, avec le polder d'Erstein, activé hier quelques heures avant la pointe de crue. « De la haute couture », décrit l'expert.


http://www.leparisien.fr/societe/inondations-le-pic-est-a-venir-24-01-2018-7519239.php

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