La donation faite au mahJ
en 2016 par Evelyne Taslitzky, fille du peintre Boris Taslitzky (1911-2005) est
un enrichissement majeur de la collection du musée. Cet ensemble exceptionnel
comprend deux tableaux datant de 1927, un autoportrait à l’âge de seize ans et
un portrait de sa mère – qui sera assassinée à Auschwitz –, ainsi que dix
dessins datant de sa détention à Buchenwald, en 1944-1945, qui constituent un
témoignage insigne sur l’univers concentrationnaire : scènes du quotidien et
portraits, certains esquissés, d’autres particulièrement achevés, comme ceux de
Julien Cain, administrateur de la Bibliothèque nationale, ainsi que du
dessinateur et poète Paul Goyard.
Né à Paris de parents
russes, Taslitzky commence à peindre dès l’adolescence et entre à l’école des
Beaux-Arts en 1928.
En 1933, il adhère à
l’Association des écrivains et artistes révolutionnaires puis, en 1935, au
Parti communiste. Peintre réaliste et admirable dessinateur, ses oeuvres sont
portées par son engagement. Dès 1940, il entre dans la Résistance.
Arrêté en novembre 1941 et
condamné à deux ans de prison, il connaît les prisons de Riom, de Mauzac, puis
le camp de Saint-Sulpice-la-Pointe avant d’être déporté à Buchenwald en juillet
1944. Il commence à y dessiner avec un bout de crayon et quelques morceaux de
papier de récupération, sans savoir qu'il met en danger les autres détenus.
Alerté, Marcel Paul, dirigeant de la résistance clandestine française dans le
camp, estime que Taslitzky sera, grâce à ses dessins, un témoin irremplaçable, et
il organise sa protection.
Les autres détenus
surveillent les abords quand il dessine et lui fournissent du matériel,
recueilli au péril de leur vie. Il réalise ainsi plus de deux cents dessins et
participe à l’insurrection qui mène à la libération du camp en avril 1945.
La plupart des dessins de
Buchenwald seront publiés en 1946, sur une initiative de Louis Aragon, proche
de l’artiste. Dans l’après-guerre, il poursuit une oeuvre fortement inspirée
par les luttes anticoloniales et le combat pour la dignité humaine.
Taslitzky disait : « Si je vais en enfer, j’y ferai des croquis.
D’ailleurs j’ai l’expérience, j’y suis déjà allé ! »
https://www.mahj.org/fr/programme/boris-taslitzky-si-je-vais-en-enfer-j-y-ferai-des-croquis-donation-evelyne-taslitzky-74251
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