Par Béatrice Gurrey
Je ne serais par arrivée là si… « Le Monde »
interroge une personnalité sur un moment décisif de son existence. Cette
semaine, l’actrice italienne évoque ses diférentes carrières et la force vitale
qui la guide.
Entretien. A 55 ans, après une soixantaine de films, Monica
Bellucci s’est lancée dans le théâtre avec Maria Callas. Lettres &
Mémoires, un spectacle mis en scène par Tom Volf, qu’elle reprend aux Bouffes
parisiens du 28 février au 28 mars. Une expérience bouleversante pour l’actrice
italienne qui évoque le changement radical de la place des femmes, survenu en
quarante ans.
Je ne serais pas arrivée là si…
Si c’était Maria Callas qui répondait à cette
question, elle dirait : « Si je n’avais pas eu une foi absolue en moi-même. » C’est ce qu’elle
écrit dans ses Mémoires. Mais moi, si je regarde les différents parcours de ma
vie, je pense que je n’aurais pas pu les suivre si je n’avais pas cru en ce que
j’appelle la force vitale. C’est elle qui m’a toujours guidée. Comme une
énergie qui me pousse à aller de l’avant. Quelque chose qui me fait croire en
l’avenir. C’est peut-être une manière de vivre « à l’italienne » qui me porte à
penser à la positivité, à la vitalité.
Votre ville d’origine, Citta di Castello, est
mentionnée dès l’Antiquité, florissante à la Renaissance. Cela fait partie de
votre identité ?
Ma région, l’Ombrie, au milieu de l’Italie, est très proche de la
Toscane et les influences artistiques s’y sont croisées. C’est une région d’art
et de saints. Elle est connue pour ses peintres, Il Perugino [Le Pérugin], un
des grands maîtres de la Renaissance italienne est né à Citta della Pieve. Santa Chiara, comment dit-on, sainte Claire, est originaire d’Ombrie, elle
aussi. Alberto Burri, un artiste plasticien du XXe siècle, est né dans ma
ville, Citta di Castello, la ville du château, en italien. Et aussi une célèbre
cantatrice du XIXe siècle, l’Alboni, qui est enterrée au Père-Lachaise car elle
a vécu à Paris. Tout cela pour dire que ce n’est pas un hasard qui me lie à la
France et à l’art !
Quand j’étais jeune, j’ai vu beaucoup de films
italiens, ceux des grands metteurs en scène, Rossellini, Visconti, De Sica,
mais j’ai aussi découvert le cinéma français, à travers Carné, Truffaut,
Godard. Tous ces réalisateurs passaient à la télévision italienne. Notre
génération connaissait ces films et cette culture. Si je demandais à des jeunes
aujourd’hui s’ils ont vu La Dolce Vita, s’ils connaissent son réalisateur,
Federico Fellini, ou s’ils ont entendu parler d’Anita Ekberg, je ne suis pas
sûre qu’ils le sauraient. Il y a moins, désormais, cette protection de notre
culture, pourtant nécessaire. Mais moi je viens de là..................
https://www.lemonde.fr/culture/article/2020/02/16/monica-bellucci-l-essentiel-du-travail-d-artiste-se-fait-dans-la-solitude_6029736_3246.html
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