En 1915, les enfants de la famille Aaronsohn ont fondé un réseau
d’espionnage dans leur village de Zichron Yaakov pour aider les Britanniques à
vaincre les Turcs. Hors d’Israël, pourquoi leur histoire a-t-elle été effacée ?
Le
11
décembre 1917, le gouverneur impérial britannique, Lord Edmund Allenby, Général
des forces de Sa Majesté, est entré à Jérusalem, plaçant la ville sous
administration militaire. Il aura fallu encore 10 mois pour que les Turcs
reconnaissent finalement leur défaite à proximité de Megiddo, abandonnent la
Palestine et mettent un terme à quatre siècles de gouvernance ottomane dans la
région.
Hors d’Israël, la majorité des récits historiques
soulignent les talents d’Allenby à gérer sa cavalerie dans le désert. On
connaît beaucoup moins le groupe d’espions juifs consacré à cette cause et qui
a œuvré en arrière-plan pendant presque deux ans, guidant l’officier anglais
vers la victoire grâce à des informations livrées sur Beer Sheva et le désert
du Néguev lors de la préparation de l’attaque terrestre surprise des
Britanniques.
C’est là le thème
principal abordé dans l’ouvrage “Spies in Palestine: Love, Betrayal, And The
Heroic Life of Sarah Aaronsohn,” un livre récemment publié écrit par l’auteur
et journaliste américain James Srodes.
“Quand [les Alliés] se sont saisis de Jérusalem, cela a été le moment charnière de l’attaque anglaise qui a permis aux Britanniques de capturer la Palestine,” explique Srodes depuis sa maison située à Washington, DC. “Et lorsque les Britanniques se sont emparés du mandat leur permettant d’occuper la Palestine, ils ont reconnu avoir une dette immense envers la communauté juive”.
“Edmund Allenby
n’aurait jamais pu assurer sa victoire sans les Aaronsohn,” a ajouté Srodes.
Les Aaronsohn étaient
une famille de Juifs roumains aisés venus en Palestine à la fin du 19e siècle
durant la Première Alyah – un mouvement migratoire qui avait été financièrement
soutenu par les Chrétiens évangéliques et les Juifs qui jouissaient d’une bonne
position au sein des nations occidentales.
Ephraim et Malkah
Aaronsohn avaient six enfants. Tous avaient grandi dans le village de Zichron
Yaakov avec une éducation qui s’était concentrée sur les langues, la politique,
la philosophie, l’histoire et la culture.
Elle avait été
financée par le riche patron et banquier français Edmond de Rothschild, qui
avait alors investi 50 millions de dollars pour fonder des écoles et des
infrastructures en direction de la nouvelle vague de migrants juifs s’inst
Et c’est ainsi que les
enfants de la famille Aaronsohn ont grandi, l’esprit clair, curieux
intellectuellement, et suffisamment sûrs d’eux pour dire ce qu’ils pensaient
lorsque c’était nécessaire.
Le livre de Srodes
revient sur le NILI, le réseau d’espionnage aux accents de James Bond que trois
enfants de la famille Aaronsohn ont formé en 1915 : une organisation secrète,
pro-britannique, qui a opéré sous la domination turque en Palestine durant la
Première Guerre mondiale et a prioritairement oeuvré aux alentours du petit
village de Zichron Yaakov, au sud de Haifa.
A la tête de ce
réseau, Aaron Aaronsohn, l’aîné de la fratrie Aaronsohn. L’individu est
également un agronome de renommée mondiale, une célébrité internationale, à la
fois homme d’Etat, diplomate et sioniste convaincu.
NILI est l’acronyme de
la phrase en hébreu “Netzah Yisrael Lo Yeshaker,” qui se traduit par «
l’Eternel Unique en Israël ne mentira jamais ». La phrase devait devenir le mot
de passe de l’organisation secrète tout au long de son existence.
Comme le rappelle le
récit soumis par Srodes, le réseau NILI avait trois principaux objectifs :
aider l’invasion par les Britanniques de la Palestine depuis leur base en
Egypte ; informer le monde de l’oppression des Juifs locaux par les Turcs et
faire avancer les espoirs de la cause sioniste concernant l’établissement d’un
foyer juif en Palestine.
C’est le statut de
chercheur agricole de renommée international d’Aaron Aaronsohn qui lui a permis
de se déplacer librement en Europe, aux Etats-Unis et au Moyen Orient,
collectant des fonds auprès de riches américains sionistes ou livrant les
informations nécessaires aux Britanniques aux moments les plus cruciaux.
« En tant que
géologue et biologiste expérimenté, Aaron avait localisé les puits qui étaient
secrets et hautement gardés sur une carte du désert du [Negev] », explique
Srodes.
De plus, les
Britanniques connaissaient très peu la géographie de la Palestine à l’époque,
dit-il.
“L’idée de pénétrer
dans le désert [pour attaquer les Turcs] était inenvisageable parce qu’il n’y
avait aucun moyen de le traverser sans eau”, explique Sordes.
‘Aaron avait localisé les puits qui
étaient secrets et hautement gardés sur une carte du désert du Negev’
“Mais Aaron a déclaré
aux Anglais : ‘Tout ce dont vous avez besoin, c’est d’aller là où je vous dirai
d’aller, et vous n’aurez plus qu’à vous déplacer d’un point d’eau à l’autre’.
Et c’est ce qu’a fait Allenby. Il a traversé le désert et a pris les Turcs sur
le flanc. Et après deux tentatives qui se sont avérées plutôt coûteuses, les
Britanniques ont réussi à s’emparer des troupes Turques et sont arrivés avant
Noël à Jérusalem en 1917 », déclare-t-il.
Pendant la plus grande
partie de l’année 1917, Aaron est resté dans la clandestinité au Caire, se
liant secrètement aux Britanniques. Sa sœur Sarah, pour sa part, en compagnie
de son frère Alexander et de deux de ses amis proches — Avshalom Feinberg et
Joseph Lishansky — ont formé le coeur de cette organisation d’espionnage qui
continuait à accomplir son recueil de renseignement en Palestine.
A l’occasion de ses
voyages dans le monde entier, Aaron a commencé à évoluer dans le milieu de la
diplomatie et de la politique internationale. Il est entré en contact avec
Chaim Weizmann, qui allait ultérieurement devenir le premier président de
l’Etat d’Israël.
Weizmann, à l’époque,
était à la tête de l’Organisation Sioniste Mondiale. Il était aussi un
conseiller proche du Premier ministre anglais Lloyd George.
“Weizmann avait été
chimiste en Grande Bretagne pendant la guerre”, raconte Srodes. “Et il avait
des centaines de brevets, un grande nombre d’entre eux étant des [formules
vitales] dont avait besoin l’industrie de guerre britannique. Et c’est ainsi
qu’il avait acquis de l’influence au sein du gouvernement, et auprès de Lloyd
George en particulier.”
Weizman se considérait
comme étant capable d’être à la fois un conseiller influent de la politique
britannique et un représentant neutre de l’Organisation Sioniste mondiale,
indique Srodes.
Très vite, toutefois,
un conflit amer a éclaté entre Aaronsohn et Weizmann. Le premier voulait se
mettre aux côtés des Britanniques durant la guerre, tandis que le dernier était
convaincu que la neutralité était la meilleure option pour les Juifs en quête
d’un état.
“L’Organisation
Mondiale Sioniste a eu le sentiment que la Première Guerre mondiale était une
distraction de son objectif”, dit Srodes. “Alors il ne semblait pas raisonnable
pour elle de prendre parti. Maintenant Weizmann a, bien sûr, joué double-jeu”.
‘Maintenant Weizmann a , bien sûr,
joué double-jeu’
“Mais Aaronsohn a
complètement rejeté cette notion”, ajoute-t-il. “Il a dit à Weizmann : ‘Vous
devez prendre parti. Les Allemands sont aussi dangereux que les Turcs dans leur
persécution des Juifs.’ Et Weizmann a répondu : ‘Je ne le pense pas. Nous ne
savons pas, en plus, qui va l’emporter’”.
“Et ainsi,
l’Organisation Sioniste Mondiale a fait un va-et-vient constant sur ce sujet
pendant des années”, explique Srodes. “Et plus tard, lors de la Conférence de
Paris sur la Paix en 1919, il y a eu des affrontements ouverts [sur cette
question de la neutralité] entre Weizmann et Aaronsohn.”
En septembre 1917,
toutefois, un pigeon voyageur porteur d’un message codé émanant du groupe
d’espionnage clandestin s’est accidentellement posé sur la maison d’un
gouverneur turc à Caesarea, ville située à mi-chemin de Tel Aviv et Haifa. La
couverture du réseau NILI a été immédiatement levée.
Les soldats turcs ont
saccagé Zichron Yaakov, menaçant de détruire le village entier. Ils ont
également arrêté un certain nombre de personnes, parmi lesquelles Sarah
Aaronsohn…….
http://fr.timesofisrael.com/avec-le-suicide-de-sarah-aaronsohn-lhistoire-israelienne-a-ete-reecrite-clame-un-auteur/?utm_source=A+La+Une&utm_campaign=51b2e0de7c-EMAIL_CAMPAIGN_2017_01_15&utm_medium=email&utm_term=0_47a5af096e-51b2e0de7c-55586581
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