L’actuelle directrice du
Festival de Hollande, chargée en 2012 du volet culturel des JO de Londres,
travaillera en collaboration avec Thomas Lauriot dit Prevost.
LE MONDE
Par Marie-Aude Roux
C’est la Britannique Ruth
Mackenzie qui a été choisie pour prendre la succession de Jean-Luc Choplin à la
tête du Théâtre du Châtelet, dont elle assurera la direction artistique. Elle
travaillera en binôme avec Thomas Lauriot dit Prevost, nommé délégué général.
Agée de 59 ans, Ruth
Mackenzie est, depuis 2015, directrice artistique du Festival de Hollande,
fameuse manifestation d’avant-garde à Amsterdam. La femme aux tenues noires et
aux cheveux blancs et courts s’illustra notamment en organisant en un temps
record, entre le 21 juin et le 9 septembre 2012, pour les Jeux olympiques et
paralympiques de Londres, le plus grand festival de l’histoire du pays : plus
de 25 000 artistes venus du monde entier. Une performance qui lui a valu d’être
faite commandeur de l’ordre de l’Empire britannique par la reine Elizabeth.
Née en Afrique du Sud, Ruth
Mackenzie est la fille d’un couple de journalistes engagés contre l’apartheid
et réfugiés en Angleterre après avoir fui les troubles de 1960. A Londres,
élevée dans le quartier résidentiel de St. John’s Wood, Ruth Mackenzie est en
contact avec le monde de l’art. Etudiante en littérature anglaise au Newham
College de Cambridge, Ruth Mackenzie fréquente la nouvelle intelligentsia
artistique. Cette féministe engagée (elle l’est toujours et vitupère contre
l’insuffisante représentation des femmes aux postes-clés) participe à la
création d’une compagnie de théâtre à vocation sociale pour laquelle elle écrit
plusieurs pièces. On la retrouve également sur les planches, où elle fréquente
le metteur en scène Nicholas Hytner, et l’actrice Annabel Arden, cofondatrice avec
Simon McBurney du Théâtre de Complicité.
Forte personnalité
Mais le talent de Ruth
Mackenzie se révèle surtout dans la stratégie et l’organisation d’événements
artistiques : à Bradford, dans le Yorkshire, puis au Southbank Centre en 1986.
En 1990, elle devient l’administratrice du Nottingham Playhouse, qui comprend
le Royal Festival Hall et le Queen Elizabeth Hall. Elle y invite Peter Brook et
Robert Lepage. Devenue directrice générale du Scottish Opera en 1997, elle y
développe un projet artistique remarqué, malgré une gestion épinglée par un
rapport du gouvernement.
En 2002, Ruth Mackenzie
revient au théâtre et prend en main la destinée artistique du Festival de
Chichester. Elle y restera jusqu’en 2006, où elle prend le poste de directrice
générale du Festival international de Manchester. C’est en collaboration avec
ce festival que le Théâtre du Châtelet coproduira alors le fameux opéra de
Damon Albarn, Monkey, Journey to the West, donné à Manchester en
avant-première.
Une forte personnalité
Exigeante, maniant
habilement culture et politique, Ruth Mackenzie (qui de 2007 à 2010 a fait
également partie de l’équipe du Festival de Vienne, en Autriche) a exercé les
fonctions de conseillère spéciale au secrétariat d’Etat à la culture, aux
médias et aux sports sous cinq gouvernements. Consultante pour de nombreuses
institutions publiques, elle s’est impliquée dans les nouvelles technologies en
devenant PDG de The Space, une plate-forme spécialisée dans le développement
des arts numériques.
Cette forte personnalité va
donc reprendre le Châtelet avec un délégué général, Thomas Lauriot dit Prevost,
auquel le lieu n’est pas inconnu puisqu’il en fut pendant sept ans, jusqu’en
2013, directeur administratif avant de partir pour La Monnaie de Bruxelles. A
charge pour lui de mener également à bien les grands travaux que le bâtiment va
subir à partir de mars et pour deux ans. Annoncées mardi par la maire de Paris,
Anne Hidalgo, leurs nominations devraient être entérinées la semaine prochaine
par le conseil d’administration du théâtre.
http://www.lemonde.fr/scenes/article/2017/01/04/ruth-mackenzie-une-feministe-a-la-direction-artistique-du-theatre-du-chatelet_5057363_1654999.html#JY7Cugkq1udh1J1s.99
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