“Par défaut, c’est
le 'no deal' qui s’applique”, met en garde la présidence à trois jours de la
date fatidique.
Par Alexandre Boudet
AURELIEN MEUNIER VIA GETTY IMAGES
BREXIT - Cela fait
dix jours que le Royaume-Uni aurait dû quitter l’Union européenne. Mais cette
dernière est toujours composée de 28 membres. Et cela pourrait bien durer
encore un bon moment.
Alors que se tient
ce mercredi 10 avril un conseil européen convoqué en urgence à Bruxelles et
alors que Theresa May a entrepris la veille un double voyage en Allemagne et en
France, Paris et Berlin ont ouvert la porte à une extension longue durée de la
présence britannique dans l’UE. Mais selon une répartition des rôles désormais
bien établie, Angela Merkel et Emmanuel Macron ne disent pas les choses
exactement de la même manière.
Quand la chancelière
allemande juge “possible un report du Brexit jusqu’au début 2020”, l’Élysée
fait savoir qu’un an paraît “une période trop longue”. Relancé, l’entourage du
président français refuse toutefois de se prononcer sur un délai de neuf mois.
Autrement dit, il semble accepter le même terme que la dirigeante allemande et
que les autorités européennes qui envisagent depuis le départ un report au 31
décembre 2019.
“Par défaut, c’est
le ‘no deal’ qui s’applique”
Alors, peut-on
considérer ce report comme acquis? En pratique, c’est aller un peu vite en
besogne car cette nouvelle prolongation doit être validée mercredi soir à
Bruxelles à l’unanimité des 27 États membres. En attendant, l’Élysée continue
d’agiter un chiffon rouge. “Par défaut, c’est le ‘no deal’ qui s’applique”, met
en garde la présidence à trois jours de la date fatidique du 12 avril. Si rien
n’est acté d’ici là, c’est ce scénario d’une sortie brutale qui s’appliquera,
avec tous les risques économiques que cela comporte. Et ce n’est pas le vote
lundi soir au Parlement britannique, excluant un divorce sans accord, qui
change fondamentalement la donne. “C’est très bien de voter pour dire qu’on
veut pas de ‘no deal’. Mais si on veut vraiment l’éviter, il faut proposer
autre chose”, assure l’Élysée.
Cette fameuse “autre
chose”, c’est justement ce que Theresa May cherche à obtenir outre-Manche
depuis qu’elle a ouvert des discussions avec l’opposition travailliste. Pour le
moment, cela n’a pas débouché sur un accord mais la première ministre
britannique ne désespère pas. Sa mini-tournée à Berlin et Paris a justement
vocation à convaincre ses partenaires que ses échanges avec son rival Jeremy
Corbyn peuvent déboucher sur une issue heureuse. “On verra quel calendrier elle
s’assigne et elle nous dira le degré de confiance qu’elle a dans ce processus”,
explique l’entourage d’Emmanuel Macron; on rappelle de même source que “l’UE
n’acceptera pas n’importe quel accord transpartisan mais qu’elle est prête à
faire le pari de la confiance”.
Londres dans l’UE
mais au coin
Dans tous les cas,
cela prendra du temps et, aujourd’hui, l’hypothèse la plus probable est que le
Royaume Uni doive participer aux élections européennes de la fin mai. Londres
envisage d’ailleurs de les organiser le jeudi 23 mai. Dans ce cas de figure,
les dirigeants des 27 voudront obtenir la garantie que Londres ne perturbera
pas la bonne marche de l’Union européenne. Paris refusera par exemple que le
Royaume Uni participe aux négociations de long terme sur le budget européen,
d’autant que ce sont des sujets qui doivent se décider à l’unanimité. “Si on
négocie son départ, on ne peut pas avoir autant de droits qu’un état membre qui
construit un avenir durable. Et on ne le dit pas pour sanctionner Londres mais
parce que nous voulons protéger le projet européen”, fait valoir une source
diplomatique
Pour s’assurer du
bon état d’esprit britannique, on s’oriente vers la création d’un “comité de
suivi” des engagements qui se réunirait à intervalles réguliers, sans doute
tous les trois mois. Les chefs d’État des 27 vérifieraient alors que Londres
respecte sa parole et n’empêche pas l’Union européenne d’avancer. Reste un
écueil: les eurodéputés britanniques qui seraient élus le 23 mai. Les 73
parlementaires auront les mêmes droits que ceux issus des 27 autres états
membres et personne n’aura le pouvoir de les empêcher d’influer sur les votes.
“Au Parlement européen, on a peu de marges de manœuvre”, concède un conseiller
élyséen.
https://www.huffingtonpost.fr/entry/brexit-lelysee-ouvert-au-report-mais-agite-encore-le-baton-du-no-deal_fr_5cacbabce4b02e7a705de5ff?utm_hp_ref=fr-homepage
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