miércoles, 10 de abril de 2019

BREXIT: L'ÉLYSÉE OUVRE LA PORTE AU REPORT, MAIS AGITE ENCORE LE BÂTON DU "NO DEAL"


“Par défaut, c’est le 'no deal' qui s’applique”, met en garde la présidence à trois jours de la date fatidique.
Par Alexandre Boudet

AURELIEN MEUNIER VIA GETTY IMAGES

BREXIT - Cela fait dix jours que le Royaume-Uni aurait dû quitter l’Union européenne. Mais cette dernière est toujours composée de 28 membres. Et cela pourrait bien durer encore un bon moment.

Alors que se tient ce mercredi 10 avril un conseil européen convoqué en urgence à Bruxelles et alors que Theresa May a entrepris la veille un double voyage en Allemagne et en France, Paris et Berlin ont ouvert la porte à une extension longue durée de la présence britannique dans l’UE. Mais selon une répartition des rôles désormais bien établie, Angela Merkel et Emmanuel Macron ne disent pas les choses exactement de la même manière.

Quand la chancelière allemande juge “possible un report du Brexit jusqu’au début 2020”, l’Élysée fait savoir qu’un an paraît “une période trop longue”. Relancé, l’entourage du président français refuse toutefois de se prononcer sur un délai de neuf mois. Autrement dit, il semble accepter le même terme que la dirigeante allemande et que les autorités européennes qui envisagent depuis le départ un report au 31 décembre 2019.

“Par défaut, c’est le ‘no deal’ qui s’applique”
Alors, peut-on considérer ce report comme acquis? En pratique, c’est aller un peu vite en besogne car cette nouvelle prolongation doit être validée mercredi soir à Bruxelles à l’unanimité des 27 États membres. En attendant, l’Élysée continue d’agiter un chiffon rouge. “Par défaut, c’est le ‘no deal’ qui s’applique”, met en garde la présidence à trois jours de la date fatidique du 12 avril. Si rien n’est acté d’ici là, c’est ce scénario d’une sortie brutale qui s’appliquera, avec tous les risques économiques que cela comporte. Et ce n’est pas le vote lundi soir au Parlement britannique, excluant un divorce sans accord, qui change fondamentalement la donne. “C’est très bien de voter pour dire qu’on veut pas de ‘no deal’. Mais si on veut vraiment l’éviter, il faut proposer autre chose”, assure l’Élysée.

Cette fameuse “autre chose”, c’est justement ce que Theresa May cherche à obtenir outre-Manche depuis qu’elle a ouvert des discussions avec l’opposition travailliste. Pour le moment, cela n’a pas débouché sur un accord mais la première ministre britannique ne désespère pas. Sa mini-tournée à Berlin et Paris a justement vocation à convaincre ses partenaires que ses échanges avec son rival Jeremy Corbyn peuvent déboucher sur une issue heureuse. “On verra quel calendrier elle s’assigne et elle nous dira le degré de confiance qu’elle a dans ce processus”, explique l’entourage d’Emmanuel Macron; on rappelle de même source que “l’UE n’acceptera pas n’importe quel accord transpartisan mais qu’elle est prête à faire le pari de la confiance”.

Londres dans l’UE mais au coin
Dans tous les cas, cela prendra du temps et, aujourd’hui, l’hypothèse la plus probable est que le Royaume Uni doive participer aux élections européennes de la fin mai. Londres envisage d’ailleurs de les organiser le jeudi 23 mai. Dans ce cas de figure, les dirigeants des 27 voudront obtenir la garantie que Londres ne perturbera pas la bonne marche de l’Union européenne. Paris refusera par exemple que le Royaume Uni participe aux négociations de long terme sur le budget européen, d’autant que ce sont des sujets qui doivent se décider à l’unanimité. “Si on négocie son départ, on ne peut pas avoir autant de droits qu’un état membre qui construit un avenir durable. Et on ne le dit pas pour sanctionner Londres mais parce que nous voulons protéger le projet européen”, fait valoir une source diplomatique

Pour s’assurer du bon état d’esprit britannique, on s’oriente vers la création d’un “comité de suivi” des engagements qui se réunirait à intervalles réguliers, sans doute tous les trois mois. Les chefs d’État des 27 vérifieraient alors que Londres respecte sa parole et n’empêche pas l’Union européenne d’avancer. Reste un écueil: les eurodéputés britanniques qui seraient élus le 23 mai. Les 73 parlementaires auront les mêmes droits que ceux issus des 27 autres états membres et personne n’aura le pouvoir de les empêcher d’influer sur les votes. “Au Parlement européen, on a peu de marges de manœuvre”, concède un conseiller élyséen.

https://www.huffingtonpost.fr/entry/brexit-lelysee-ouvert-au-report-mais-agite-encore-le-baton-du-no-deal_fr_5cacbabce4b02e7a705de5ff?utm_hp_ref=fr-homepage

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